Un village, un virus et un complot.

Yelltown, 5h30. Les ondes de Backwoods Radio se propagent sur le village qui se réveille doucement. Alors que le match tant attendu des Raccoons contre les Seagulls s’apprête à déchaîner les passions, d’inquiétantes rumeurs d’épidémies mortelles jettent un froid sur les auditeurs. Non loin de là, sur des terres agricoles, trois victimes d’étranges symptômes fiévreux ont succombé à leurs douleurs, plongeant les lieux en quarantaine. Mais, la sénatrice Sylvia Thurlow, chargée de la santé publique, se veut rassurante envers ses citoyens. Est alors mis à leur disposition le numéro des services de secours de la RHC, un institut médical à contacter en cas de contagion.

C’est sous ce climat préoccupant que nous rencontrons le protagoniste principal Harper Pendrell, bricoleur du dimanche et passionné de bidouillages électroniques. Celui-ci affiche une attitude nonchalante et un ton persifleur. Toujours prêt à aider son prochain - non sans rechigner - il se plie en quatre pour satisfaire les demandes incessantes de son mentor, le professeur MacBride. Tandis qu’il quitte le laboratoire de ce dernier, il croise sur son passage une femme agonisante, étendue au sol. Pas de doute possible, elle contracte tous les symptômes redoutés de la fièvre meurtrière. Mais alors qu’il est sur le point d’appeler le fameux numéro de secours, celle-ci souhaite l’en empêcher, préférant presque mourir seule plutôt que d'atterrir entre les mains de la RHC. Débutent alors d’étranges suppositions sur un éventuel complot. Cette femme est-elle paranoïaque ou détient-elle les secrets d’une terrible vérité? Votre aventure avec Harper débute sur ces interrogations inquiétantes.

C’est d’abord l’histoire d’un homme ordinaire sans ambition dépassé par des événements incroyables. Du jour au lendemain, l’avenir de l’humanité se retrouve entre ses mains. Et, au fil des événements, se dévoile une effroyable machination fanatique. En moins de dix heures de jeu, se ficelle une intrigue engageante rythmée par une poignée de jolis rebondissements.

Des personnages travaillés dans un cadre atypique

L’atout majeur du titre réside avant tout dans ses graphismes singuliers proches de la bande-dessinée. Soignés dans ses détails, les décors confèrent au titre sa richesse, par leur qualité et leur quantité. Les quatre courts chapitres du jeu vous font ainsi voyager à travers les lieux clés de l’intrigue, de votre appartement modeste de Yelltown, en passant par le parc national de Graystone jusqu’au village fantôme de Kahona. Disposant d’une carte dans votre inventaire, vous avez l’avantage appréciable de pouvoir effectuer des trajets rapides entre un point A et un point B. Chaque espace renferme son ambiance personnelle et son lot de personnages attrayants. Nous noterons malgré tout un regrettable défaut de résolution qui survient lors de chaque gros plan et appauvrit nettement la qualité visuelle des scènes.

Vous rencontrerez tout au long de votre route une série de personnalités différentes à l’expression faciale figée, mais aux caractères bien dessinés. L’altruisme ne faisant pas partie de leurs vertus, vous aurez à effectuer de multiples tâches cocasses monnayant biens, services et réponses à vos questions. Attirez-vous les faveurs d’un peintre marginal en vous la jouant amateur d’art, ou réconciliez deux frères en mal d’amour pour parvenir à vos fins. Vous pouvez, sans mal, chevaucher deux ou trois missions distinctes pour ne pas vous retrouver au pied du mur. Cette dynamique apporte à votre aventure un rythme jamais relâché. Parmi vos acolytes les plus loyaux, vous pourrez compter sur votre cher professeur, expert scientifique bien renseigné sur l’épidémie qui sévit, ainsi que sur une jeune journaliste du nom d’Helliwell, prête à tout pour déceler le mystère qui entoure la RHC. Ainsi, vous ne serez jamais livré à vous-même lors de vos investigations. Sont également appréciables les dialogues habiles, portés par des doublages anglais de qualité et parsemés de plaisanteries légères et de tournures sarcastiques. Pour les réticents de la langue de Shakespeare, des sous-titres français sont à votre disposition.

Un Point’n Click, tout ce qu’il y a de plus classique

Les mécanismes du jeu s’attachent aux racines les plus classiques et conformes du genre point’n click. Par conséquent, vos quêtes seront résolues par l’amas d’objets divers et farfelus et par la combinaison de certains d’entre eux. Votre couteau-suisse symbolisera votre arme fatale et vous ouvrira de manière parfois trop évidente de nombreuses portes. D’ailleurs, en dehors du tournevis et du couteau, certains de ses attributs ne vous serviront jamais. Afin d’accomplir une besogne, vous devrez sans cesse retourner aux mêmes emplacements et reparler aux mêmes personnes, souvent susceptibles de radoter. Le clic de votre souris vous donnera l’estimable possibilité d’accélérer vos déplacements et de passer les dialogues redondants.

Bien qu'accessibles, certaines énigmes rencontrées peuvent parfois demander un temps de réflexion plus chronophage que d’autres. Toujours est-il qu’elles appellent toutes à une logique raisonnable. On ne vous demandera donc pas d’associer des éléments improbables défiant les lois de la rationalité. Néanmoins, certains casses-têtes valent mieux que d’autres. On appréciera d'ailleurs l’idée d’incorporer des solutions de réponse dans un manuel de survie, ou dans un journal intime. Celle d’introduire les chapitres par une session d’hacking primaire sans le moindre lien avec l’intrigue nous semble par contre moins pertinente. Quoi qu’il en soit, vous retrouverez en Unforeseen Incidents tous les plaisirs élémentaires que l’on recherche dans un Point’n Click d'aventure.