Le continent asiatique nous abreuve de jeux mobile hauts en couleurs sur nos petits et moyens écrans (et même grands) à base de design d'animation et de style manga. Passés maître dans l'art des jeux gachas, de cartes aux personnages (féminins bien sûr) plus beaux les uns que les autres, pouvant parfois se retrouver en fond d'écran dudit téléphone, Girls' Frontline s'inscrit dans la lignée de ses prédécesseurs pour continuer à emprunter une voie qui semble toujours plutôt bien marcher, en changeant cependant la recette "miracle" pour l'adapter sur un format plus original et peut-être plus attrayant. Pari tenu ?
Développé par le chinois Mica Team pour Android et iOS et sorti initialement le 20 mai 2016, Girls Frontline est un SLG – Simulation Life Gaming – tactical ou le joueur prendra place dans un univers de science-fiction, commandant de plusieurs escouades de T-dolls, des machines mécaniques humanoïdes se battant pour les humains sur fond de conflit entre factions, et d'intrigue narrative.
Le dépaysement ? Pas pour aujourd'hui
Si Girls Frontline propose une variante des jeux asiatiques assez intéressante comme précédemment évoqué, il n'en reste pas moins que le jeu suit les traces de ses prédécesseurs avec zèle. Ainsi, on sera vite orienté dans ce menu qui est en lui-même assez intuitif si vous n'avez jamais posé les doigts sur ce genre de jeux. Un menu central avec les principaux menus et les instances de jeu, un autre avec nos ressources dans un coin supérieur de l'écran, le profil du joueur et ses monnaies spéciales de l'autre, et l'artwork de votre chef d'équipe parlant si vous lui tapotez dessus.
Les schémas des instances eux aussi, ainsi que des rouages du jeu, tels l'amélioration ou le tirage, sont assez similaires, voire carrément semblables aux autres jeux du genre. Les missions sont divisées en chapitres narratifs qu'il est possible de faire en différentes difficultés – normale, emergency, et night battle – de la plus simple à la plus difficile. Les améliorations sont elles aussi assez classiques, consistant en un sacrifice de personnages dans votre inventaire, consommés pour augmenter les statistiques du personnage sélectionné.
Ces personnages sont recrutables via un système de drop directement en mission, mais sont généralement de bas rang, et le véritable système de recrutement se joue donc dans l'usine, nom du menu ou vous trouvez toutes ces fonctionnalités. Moyennant un ticket de production, et un lot de ressources dont le montant doit être réglé par le joueur (le plus haut donnant bien sur le plus de chances pour dropper une carte rare), vous aurez la possibilité après un temps de fabrication (car ce sont des T-Dolls, des machines, il faut laisser le temps à l'usine et à la poste de vous les livrer au QG quand même) qui lui aussi peut-être raccourci, d'avoir votre nouveau soldat, de manière aléatoire. Mais les chances d'avoir une carte rare sont bien plus élevées.
Le démantèlement de cartes inutiles pour avoir des matériaux est l'amélioration tous les 10 niveaux ; là encore, une simple routine pour les habitués. En dépit d'un aspect cosmétique forcément différent, cela ne posera aucun soucis aux vétérans du genre. Vous enchaînez donc les missions avec vos amis que vous solliciterez dans la liste d'ami, ou en acceptant les demandes d'autrui, tout en suivant les arcs narratifs aux belles images, vous grimpez les levels, etc.
Du coup, pourquoi jouer à une énième copie ?
Bien que reprenant une base assez similaire à tout ce qu'on peut voir sur le marché du jeu mobile, c'est dans les détails et dans le gameplay que la séduction se passe. Très vite, on peut se rendre compte que pour un nombre X d'unités données, la victoire de votre escouade est possible en évitant le combat.
Une fois une opération lancée, vous ne serez pas projeté dans un combat à vagues multiples comme tous les autres jeux du genre. L'éditeur chinois a trouvé un moyen subtil (et peu répandu dans le genre) pour faire passer la pilule au joueur, et cela rend plutôt bien. Via une carte aérienne comprenant votre base et votre unité, vous devrez vous frayer un chemin entre les différents points fixes pour arriver jusqu'au QG ennemi et le capturer. La victoire sera ainsi à vous.
Les plus malins (ou trouillards) ont donc peut-être soulevé le fait que la seule condition de victoire est la prise du QG ennemi. En d'autres termes, et tourné sous un angle plus stratégique, si 5 unités ennemis sont totalisées sur la carte, mais que 3 seulement se dressent sur votre route, libre à vous de ne détruire que le strict minimum pour rusher la carte et capturer l'objectif en laissant les 2 unités restantes. La victoire sera quand même à vous. Si cet aspect est intéressant, il permet même d'esquiver les unités de boss dans les niveaux terminaux pour réussir à capturer l'objectif et réussir la mission, si l'objectif n'est pas clairement d'abattre la cible.
Ainsi, si après plusieurs attaques, vos T-dolls sont assez mal en point, vous pouvez penser à prendre un itinéraire différent pour éviter les unités ennemies et parvenir à remporter la victoire sur une mission trop complexe pour vous. Vous pouvez également switcher vos T-dolls en première ligne avec la ligne arrière qui reste à l'abri des dommages directs pour rallonger la durée de vie de votre escouade. On peut donc effectivement tout à fait imaginer une victoire d'un joueur n'ayant pas le niveau recommandé, ayant réussis à éviter avec brio les unités ennemies !
Cependant, ne négligez pas vos propres défenses. Car un autre bon point de Girls Frontline est que comme dans toutes les guerres, l'avant-garde est certes vitale, mais les lignes arrière ne doivent pas être négligées. Et ici, comme le QG ennemi, le vôtre peut se faire capturer et déboucher sur un bel échec de mission. D'ailleurs, les captures sont assez simples : restez sur la position à la fin du tour et elle est à vous, sauf si vous vous êtes trop enfoncés en territoire ennemi sans capturer les zones précédentes. Un système d'encerclement vous empêchera de capturer un seul point en plein territoire conquis si vous n'avez pas assuré de sécuriser l'arrière. Et si deux points sont capturés, une zone neutre entre ces deux positions sera automatiquement à vous ; une autre façon d'élaborer des stratégies de conquête rapide.
Heureusement, le second bon point du jeu se révèle : les escouades amies. En soi, rien de nouveau, des amis dans votre liste pour vous prêter mains forte. Là où le jeu diffère, c'est dans les types de cases de la carte aérienne. Deux types de zones sont disponibles, les zones mystères vous réservant des petites récompenses de matériaux, et les héliports qui, une fois capturées, vous permettent de justement héliporter une unité ami qui restera sur la position pour la défendre. Vous pouvez également demander un soutien sur votre QG pour placer ce dernier à l'abri (attention à ce que l'escouade choisi puisse encaisser les possibles assauts ennemis.) et ainsi avancer l'esprit tranquille.
Le crafting et le housing communautaire
On le sait, les jeux mobiles avec système de gacha et de drop – surtout les jeux de cartes – sont sujets à des calculs, des pourcentages, des taux, et même dans leur statistiques… les plus réticents à aller sur les forums anglais (car le jeu n'est pas disponible en français, en plus de cela) pourront alors avec grand plaisir regarder l'historique de fabrication des usines des différents joueurs de Girls Frontline. Ainsi, vous pourrez voir le nombre de matériaux que tel joueur a investi pour obtenir cette carte rare que vous convoitez. Un bon point pour vous aiguiller sur la bonne voie et vous éviter de dilapider quelques milliers de ressources dans le vent même si, comme le drop est aléatoire, rien de vous garantie que la carte sera fabriquée aussi pour vous.
Autre aspect cette fois-ci assez connu dans quelques jeux du genre, mais que les moins habitués ne connaîtront pas : le housing. Car oui, même en temps de guerre, vous devez penser au bien-être de vos soldates, sans quoi leurs fusils seront enrayés et leur exploseront au visage (non, vous ne risquez pas de malus la dessus rassurez-vous). Une maison bien meublée apportera un bonus de satisfaction maximum pour booster les capacités de vos soldats qui vous le rendront au centuple sur le champ de bataille. Une occasion là encore de visiter les maisons de vos amis (au risque d'être envieux et jaloux) pour vous inspirer ou leur faire un petit coucou. Un aspect secondaire qu'il convient de préciser, pour pointer du doigt un jeu assez riche de contenu et plutôt bien détaillé.
Des artworks sublimes au service d'un F2P bien scénarisé
S'il y a bien également un point similaire à d'autres jeux du genre pour Girls Frontline, c'est sa publicité, par le biais de sublimes artworks, déjà vu dans d'autres "manga-game" du genre. Bien sûr, le studio apporte ici sa propre patte et sa petite touche personnelle pour donner un ensemble de fonds d'écrans et d'images sublimes, qu'on aime le genre ou non. Mais comme beaucoup du jeux du genre, on ne retrouvera pas une telle qualité en jeu, ces artworks étant là pour vanter le jeu et faire plaisir aux yeux. On retrouvera cependant d'autres visuels de ce type dans les quelques cinématiques d'une histoire qui, sans se vouloir transcendante, reste agréable à suivre comme d'autres intrigues du genre. Ici, la technicité du thème militaire aide le joueur à s'immerger plus rapidement et penser à une intrigue complexifiée et donc, plus plaisante à lire. Ne vous attendez cependant pas à trouver un Tolkien ici.
De plus, un point assez important à souligner pour le genre de ces jeux asiatiques et que le taux de culottes et de décolletés in-game est assez réduit, voire très réduit face à d'autres poids lourds du genre comme Soccer Spirits où les maillots de bain et les fortes poitrines sont légion. Ici, vous croiserez encore des combattantes en short et débardeur avec un visage angélique, et serviables envers leur commandant, comme des maids pour les plus affectueuses, mais vous débuterez le jeu avec des uniformes de la Seconde Guerre Mondiale ou des tenues cachant une majorité physique assez étonnante pour un tel jeu, ce qui ravira les néophytes ou les plus récalcitrants (même si le titre se permettra quelques dérapages par moments…).
Tout cela vante bien sûr les mérites de ce free-to-play, car il est effectivement gratuit. Il y aura bien entendu une boutique pour acheter la monnaie spéciale du jeu, des gemmes, et d'autres avantages (boosters, tickets de drop pour l'usine, tokens pour le mobilier de vos maisons…), clairement dispensables au début du jeu, les quêtes et les récompenses journalières palliant cet avantage réservé aux plus fortunés. Pas de soucis notoires à un niveau élevé ; il faudra simplement, comme partout, vous armer de patience pour débloquer vos cartes favorites ou les améliorer. Mais ne soyons pas dupe, ces jeux sont faits pour être chronophages… ou le cas échéant, de véritables dangers pour votre compte en banque.
Points forts
- Un free to play vraiment free to play…
- Le système de "plan" pour les tirages, instructif…
- Un chara design des plus superbes
- Un gameplay se voulant différent de la masse habituelle du genre
Points faibles
- … si l'on à le temps d'investir quelques dizaines d'heures dans le jeu
- … mais qui ne retire en rien le coté totalement aléatoire des drops
- Indisponible sur beaucoup d'appareils français via play store, exigeant de passer par un site tiers pour télécharger l'APK (heureusement trouvable très vite et facilement)
Girls Frontline suit le chemin déjà tracé de ses grands frères du genre, tout en s'essayant à quelques irrégularités, des contenus quelque peu originaux et une nouvelle peau mi fantasy mi magical girl qui ravira les plus sérieux d'entre vous – pour entrer dans un univers assez sérieux et froid, mais qui restera cependant très "anime" avec des soldats exclusivement féminins. Ce jeu est assurément un bon détour dans le genre et même au point où l'on peut poser son sac, se démarquant des autres de par son histoire et par ses mécaniques ajoutant une dimension stratégique qui pourra vous immerger et vous transporter dans une sorte de mini Civilization simpliste et chibi des plus plaisants, sans s'enfoncer dans le détails, restant en survol d'un genre pour être toujours ancré dans celui qui l'a vu naître.