Après Dokkan Battle, qui trône aux côtés de Clash Royale et Summoners War parmi les applications les plus rentables des stores mobiles, Bandai Namco remet le couvert avec un nouveau "Gacha" free to play Dragon Ball aux promesses séduisantes. Des visuels remarquables pour du jeu mobile, des combats en 3D et en temps réel pensés pour le PvP, un gameplay qui implique réellement les joueurs, une licence qui déchaîne toujours autant les foules... Dragon Ball Legends a tout de la parfaite poule aux oeufs d'or, à laquelle les fans du manga d'Akira Toriyama risquent de tomber accro.
Le Kaméhaméha au bout du pouce
Voir arriver un nouveau jeu vidéo estampillé Dragon Ball est toujours excitant pour quiconque a été bercé au son de "Cha-La Head Cha-La", "We Gotta Power" et autres génériques cultes de l'animé. Même lorsqu'il s'agit d'un énième Gacha pour smartphones, ces jeux dans lesquels il faut répéter à la chaîne des missions pas toujours passionnantes, renflouer patiemment son stock d'une monnaie (ici, des cristaux du temps) que l'on peut aussi acquérir en dégainant la carte bleue, et faire progresser des personnages récupérés pour la plupart au gré de tirages aléatoires. Goku, Vegeta, Freezer et compagnie sont ici représentés sous la forme de cartes à collectionner. Jusque-là, rien de neuf... du moins, c'est ce qu'on se dit avant de voir nos héros modélisés sur un champ de bataille aérien en 3D.
Fini les boules de Ki colorées à aligner et l'action au tour par tour : Legends troque le gameplay de Dokkan Battle rappelant Puzzle Bobble pour de vrais combats en temps réel, plus brutaux et dynamiques, mais non moins stratégiques. Ici, pas le temps de respirer : il faut s’acharner contre l'écran afin de donner des coups basiques, faire glisser son doigt de manière à esquiver les attaques et déplacer son personnage dans de jolis décors rappelant ceux de Xenoverse. Il faut également gérer judicieusement sa jauge de Ki afin d'utiliser les cartes "d’arts" à disposition en bas de l’écran. Celles-ci permettent d’enclencher des combos automatisés au corps à corps ou à distance, des attaques spéciales (Kaméhaméha, Masenko…) ou de bénéficier d'un buff de stats. De l’action sans interruption le temps d'une à deux minutes, jusqu’à ce que les trois personnages d’un des deux camps soient tous K.O. La stratégie garde un rôle important, une roue des éléments venant mettre l’accent sur la composition d’équipe. Aussi élevées soient les stats de votre Broly "Sparking", la rareté de carte la plus élevée, de couleur bleue, il sera naturellement désavantagé face à un Yamcha "Extreme", la rareté juste inférieure, de couleur verte.
Le gameplay offre ainsi un bon compromis entre prise en main, tactique et dynamisme pour un ensemble particulièrement engageant. Tout est scripté et automatisé, mais le ressenti de gameplay est plus qu’agréable. Le rendu graphique est quant à lui impeccable : les couleurs sont vives et les animations explosives retranscrivent fidèlement les gestuelles propres à nos héros. L'action s'offre également le luxe de ne pas ramer d'un pet, même sans posséder un smartphone dernier cri. Au premier regard, Dragon Ball Legends en met plein la vue, de manière à mieux attirer le joueur dans le complexe, et souvent cruel, engrenage des Gacha.
Avis aux futurs joueurs : si Dragon Ball Legends tourne à merveille sur la plupart des smartphones compatibles, la liste est toutefois relativement restreinte : il se peut que votre appareil soit trop vieux, alors jetez au préalable un oeil à l'image ci-dessous. Notez également que le jeu n'est pas distribué chez nos amis belges. Il y a sans doute un rapport avec la politique du gouvernement local vis-à-vis des loot boxes, même si leurs voisins néerlandais, également engagés contre ce système assimilable selon eux à du jeu de hasard et d’argent, ont bel et bien droit à Legends. Étrange.
Le cas Shallot
Contrairement à d'autres Gacha qui démarrent directement par un premier tirage aléatoire, Dragon Ball Legends nous place directement aux commandes d'un personnage inédit commun à tous les joueurs : le bien-nommé Shallot. Ce Saiyan "perdu dans le temps" et amnésique, tout droit sorti de l'imagination de M. Toriyama s'il vous plaît, fait office de protagoniste du scénario inédit que l'on suit dans Legends, au fil d’un mode Histoire découpé en chapitres et en missions. Niveau originalité, ça ne casse pas trois pattes à un Saïbaïman, si bien qu'on aura vite fait d'abuser de la fonction "passer" pour les dialogues. Il est question d’un énième problème spatio-temporel avec Trunks en maître de cérémonie, d’un tournoi opposant les combattants de toutes les époques et d’un ennemi inconnu menaçant la tranquillité des Univers.
Le contexte idéal pour réunir Broly, Freezer, Pan, et autres héros existant dans des chronologies différentes, même si actuellement il faut se contenter d'une cinquantaine de personnages. Vous vous en douterez, des guerriers supplémentaires s'invitent régulièrement à la fête, notamment par le biais d'évènements scénarisés apportant chacun une dizaine de combats supplémentaires. En un mois d'existence du jeu, on a ainsi pu affronter Nappa et Raditz pendant l'Arc Saiyan, puis le Commando Ginyu durant l'Arc Namek. Si quelques passages sont mis de côté, on ne peut qu'apprécier ces évènements, illustrés avec des images directement tirées de l'anime, qui viennent dynamiser notre routine sur le jeu.
Bandai Namco est entièrement transparent concernant les taux d’obtention des cartes selon leur niveau de rareté, clairement affichés sur chaque bannière d’invocation. On constate ainsi que Dragon Ball Legends se montre aussi "radin" avec les joueurs que ses concurrents. Dans l’ordre de rareté : 75 % pour une carte "Hero", 20 % pour une "Extreme" et 5 % pour une "Sparking".
Bandai Namco reproduit ici une boucle de gameplay éprouvée à maintes reprises dans les Gacha du marché. On dépense nos points d’énergie afin d'avancer dans l’histoire (notre jauge en contient toujours dix maximum, et se recharge d’un point toutes les 15 minutes), nos personnages deviennent plus forts, et notre compte augmente de "Z level". Au coeur de la progression : un système de missions qui offrent des récompenses en accomplissant des faits de jeu divers et variés. Pour progresser, il faut réellement jouer, enchaîner les combats et jongler péniblement entre une dizaine de menus différents aux temps de chargement souvent longuets. Difficile de ne pas rapidement sentir le poids de la répétitivité, un défaut inhérent au genre des Gacha, puisque le gameplay ne se renouvelle jamais.'''
Pour de courtes sessions de jeu (20-30 minutes), il y a largement de quoi s’amuser et progresser sans encombre. La limitation d'énergie oblige toutefois à revenir quotidiennement sur le titre pour espérer faire le tour des évènements temporaires à 100% avant qu'ils disparaissent. D'autant plus qu'il faut aussi prendre le temps de s’investir dans les mécanismes de jeu les plus poussés. Il suffit de regarder la fiche d’un personnage afin d'en constater l’étendue : capacités passives qui offrent plusieurs synergies possibles, arbres de talents et équipements pour booster les statistiques pures, niveau d’amitié permettant de transmettre la capacité spéciale d’un personnage à un autre... un tas de systèmes peuvent être exploités dans le but de perfectionner son équipe. Les farmers les plus acharnés ont de quoi s'occuper, mais le titre n'oublie pas pour autant de laisser les compétences du joueur derrière son smartphone peser dans la balance. Ça tombe plutôt bien, puisque Legends est avant tout pensé pour le PvP.
Du PvP sans chichi ?
Après avoir musclé votre pouce et fait souffrir la batterie de votre smartphone pour composer une équipe suffisamment robuste, vient le moment de se lancer en PvP. Les raisons de s’y atteler sont multiples, à commencer par le côté compétitif, articulé autour d’un système de classement et de rangs qui laissent miroiter de belles récompenses à chaque fin de saison (toutes les deux semaines environ). Préparez-vous à réveiller l’Ultra Instinct qui sommeille en vous : il faut rester sur le qui-vive en permanence, utiliser judicieusement l'esquive pour se téléporter derrière l’adversaire et profiter de l’ouverture de manière à déclencher un combo si le timing est bon. Une fois un combo encaissé, le seul moyen de se défendre est de switcher entre deux personnages pour mieux encaisser les coups. Tout est question de prendre la bonne décision au bon moment, en observant avec attention les signaux visuels. Forcément, les "baleines", ces joueurs qui dépensent sans compter afin de remplir leur collection de cartes, ont un avantage certain. La faute notamment à un système de doublons peu commun : une carte récupérée en plusieurs exemplaires est convertie en "Pouvoir Z", ressource qui augmente légèrement les statistiques du personnage en question à terme. Rassurez-vous : si vous savez jouer et que vos combattants sont assez entraînés, il est tout à fait possible de s’en sortir contre n’importe quel adversaire.
Jouable sans limites, avec des serveurs relativement stables à condition d’être en 4G ou en Wi-Fi, le PvP est le mode où vous passerez le plus clair de votre temps après avoir épuisé votre réserve d’énergie. Pour un free to play, avoir un mode de jeu vers lequel se tourner sans craindre d’être stoppé net est plus qu’appréciable. D’autant plus qu’il permet aussi de rapidement accumuler des cristaux du temps à chaque montée de rang, et de profiter des Aventures et des Entraînements, les deux systèmes de jeu "passifs", surtout utiles pour débuter. On envoie des combattants en mission, et ils reviennent automatiquement au bout d’une demi-heure en ramenant avec eux des objets d’entraînements, des Zennis ou des fragments d’âme pour les arbres de talent.
La boule de cristal
Bien entendu, Dragon Ball Legends n’échappe pas à sa nature de Gacha free to play. Difficile toutefois de critiquer la manière dont ce modèle est appliqué ici. L’incitation à l’achat est minime, le titre ne souffre pas de pics de difficulté insurmontables qui freinent artificiellement la progression, et surtout, tout peut être débloqué en jouant. Déjà remarquablement généreux en bonus de connexion et autres cadeaux spéciaux, il offre en plus la possibilité de faire un tirage quotidien à 20 cristaux (contre les 100 demandés habituellement) sur chaque bannière, à la manière de Final Fantasy : Brave Exvius. Sachant que terminer les missions journalières, ce qui demande à peine une quinzaine de minutes, octroie 20 cristaux, Bandai Namco a trouvé le moyen idéal de fidéliser son public.
Dans cette optique, les ajouts de contenu jouent également déjà un rôle primordial. Il ne se passe pas une semaine sans qu’un chapitre du mode Histoire ou des Évènements, permettant chacun de débloquer des combattants (dont des Sparking !), soient ajoutés. Les habitués de Dokkan Battle seront par ailleurs ravis de constater que Legends a hérité de ses maintenances à rallonge. Les portails d’invocation se font plus rares, ce qui permet d'avoir le temps d’enrichir sa collection tout en s'assurant de ne pas bouleverser l’équilibrage actuellement en place. Si la méta-game et les stratégies possibles sont pour le moment limitées, elles risquent de rapidement se diversifier. Les fondations posées en quelques semaines sont en tous cas enthousiasmantes. Espérons simplement que, à la manière de Dokkan Battle, la courbe de puissance des cartes n’explose pas prématurément au risque que les combattants en vogue deviennent obsolètes.
*Test réalisé à la fois sur un Honor 8 et sur un iPhone 7
Points forts
- Graphismes 3D somptueux et fluides
- Un gameplay dynamique adapté au mobile
- Une base solide de contenu...
- Le PvP jouable sans limites
- Les évènements scénarisés réguliers
- Modèle économique honnête qui n'oblige pas à l'achat
Points faibles
- Combats répétitifs
- Des lourdeurs d'interface
- ... malgré un manque de variété dans les personnages jouables pour le moment
- Les Aventures et les Entraînements qui perdent vite de l'intérêt (récompenses trop faibles)
Dragon Ball Legends ne se contente pas d’insérer une fois de plus les personnages du manga de Toriyama dans le moule générique des Gacha qui pullulent sur les stores mobiles. Il reprend la plupart des mécaniques inhérentes au genre, fastidieuses et frustrantes pour certains, addictives pour d’autres, certes, mais il les embarque dans un écrin rarement aussi rutilant. La fluidité et l’explosivité de ses graphismes servent à merveille son gameplay dynamique, qui prend tout son sens lors des affrontements en joueur contre joueur. On n’échappe pas aux inévitables tirages aléatoires qui risquent d’en faire pleurer plus d’un à force d’obtenir à répétition la même carte de Guldo ou de Chaozu. Mais on finit aussi par s’y accrocher et à lancer l'application régulièrement, afin de découvrir les nouveaux évènements reprenant la trame du manga et les chapitres inédits des aventures de Shallot. Si vous aimez Dragon Ball et que vous tournez en rond sur Dokkan Battle, ne cherchez pas plus loin votre nouveau gouffre à temps libre préféré.