Difficile au premier abord de prendre ce Sushi Striker au sérieux. Narrant l’histoire d’une ou d’un jeune sushiste, il confronte rapidement le joueur à des problématiques venues d’une autre planète. Dans un monde où les sushis représentent le nouvel or noir, des guerres éclatent dans le but de posséder cette irrésistible denrée. Avec ses assiettes à combiner en fonction de leurs couleurs, le titre édité par Nintendo est définitivement prêt à nous faire avaler des salades. Il ne reste plus qu’à vérifier si le concept reste digeste même avalé tout cru.
Poisson énergisant
Il y a des titres qui traitent de façon humoristique des sujets sérieux, et il y a Sushi Striker : The Way of Sushido. Placé dans un animé japonais délirant qui relate d’un monde où le sushi vaut de l’or, le joueur doit avant tout apprendre à dompter la puissance de ces succulents mets. Pour cela, et un peu à la manière d’un jeu de réflexion/action de type Bust-A-Move, il est avant tout invité à relier des assiettes adjacentes de la même couleur qui défilent sur des rangées de tapis roulants horizontaux. S’il dépasse plus de sept secondes lors de cette initiative, ces dernières disparaissent. Une fois vidées de leur contenu, elles sont disponibles afin d’être envoyées tels des frisbees dans les dents de l’opposant qui tente de faire exactement la même chose, mais dans le camp d’en face. Les deux participants disposent chacun de trois tapis, mais également d’une rangée commune dont les sushis y défilant peuvent être pris par n’importe qui. Les trous sur les tapis donnent accès aux assiettes qui se trouvent sur les lignes mitoyennes, tandis que le code couleur des écuelles définit les points de dégâts infligés en cas de capture puis d’envoi réussi. Il faut cependant reconnaître qu’à la vitesse à laquelle l’action se déroule, le choix de la couleur ne rentre pas d’emblée dans les considérations stratégiques.
Si le concept peut sembler nébuleux à l’écrit, il ne suffit pourtant que de quelques minutes en jeu afin de comprendre comment tout fonctionne. Plus la pile d’assiettes capturées est grande, plus les dégâts sont élevés. La puissance d’attaque a également son importance puisqu’elle peut renverser des piles de vaisselle adverses. L’aventure principale agrémente ses combats de mécanismes supplémentaires de jeu, à l’image des coups ne pouvant être occasionnés qu’avec un nombre suffisant d’assiettes combinées. Au fil de l’épopée, le personnage incarné par le joueur se lie d’amitié avec des Sushinités. Ces petites bestioles mignonnes aux mimiques adorables octroient des capacités supplémentaires pendant les affrontements, comme le fait de regagner des points de vie en ciblant les douceurs sucrées. En compagnie de trois de ces créatures (à changer dans les menus), il est plus aisé de l’emporter face aux adversaires, surtout si le sushiste en herbe s’entoure de celles qui conviennent le mieux à son style de jeu (attaque, défense).
Candy Crunch
Malgré la grande importance de la couleur des assiettes, les aliments qui les recouvrent ont eux aussi une incidence en cours de partie. Une pile d’écuelles contentant le même type de sushi frappe, par exemple, plus fort. Enfin, ces mets libèrent des pouvoirs de combat s’ils sont mangés en grande quantité et sélectionnés comme sushi préféré dans les options. Le joueur a par ailleurs accès à des régulateurs qu’il collectionne au cours de sa progression, permettant entre autres d’accélérer le tapis roulant pour accéder plus rapidement aux couleurs convoitées. Plus le rang de sushiste progresse, plus les sushinités s’intéressent au sort du protagoniste incarné. Ces petites couches qui s’ajoutent au gameplay de base sont appréciables tout en restant discrètes, même si la rapidité, voire la précipitation, reste le moyen le plus sûr de l’emporter dans la plupart des situations.
Au tactile sur l’écran, Sushi Striker n’est pas des plus lisibles puisque le doigt a tendance à cacher des éléments importants. Les contrôles avec les Joy-Con rendent quant à eux l’expérience particulièrement facile puisqu’il suffit d’orienter le stick dans toutes les directions afin que le curseur s’aimante automatiquement sur la bonne assiette la plus proche. La sensibilité des sticks des Joy-Con occasionne quelques imprécisions lorsqu’il s’agit de déplacer son héros afin d’envoyer les assiettes, ce qui engendre la perte de combo quand des piles de la même couleur sont censées être balancées. Ceux qui veulent augmenter la difficulté équiperont tout simplement la ceinture spéciale qui divise les points de vie par deux, mais rapporte plus d’expérience.
Évidemment, Sushi Striker propose un mode multi jouable en local et en ligne. Les serveurs n’étant pas ouverts au moment de l’écriture de cet article, nous nous sommes concentrés sur l’écran partagé. À deux, pas de jaloux, tout le monde est mis au même niveau dans le but d’assurer l’équité. L’action frénétique se prête bien aux parties entre amis, même s’il est parfois compliqué de comprendre tout ce qui se passe à l’écran. En mode nomade à deux sur le petit écran de la Switch, la lisibilité pose quelques problèmes, particulièrement pour le candidat placé en haut de l’écran.
Points forts
- Très accessible, mais avec une multitude de règles pour les joueurs aguerris
- Un concept parfaitement pensé pour les courtes sessions de jeu seul ou entre amis
- Le côté animé japonais déjanté est plaisant
Points faibles
- Pas très pratique au tactile
- Facile, mais légèrement imprécis au Joy-Con
- La rapidité prime grandement sur la réflexion
- Pas toujours bien lisible, surtout en mode nomade
En proposant au joueur de collecter des assiettes de sushis à envoyer dans la trogne de belliqueux adversaires, Sushi Striker s'exécute à marier les saveurs. Au niveau de ses ingrédients, on retrouve une bonne portion d’action et quelques grammes de réflexion dans un cocktail à la portée de tous. C’est surtout son ambiance totalement décalée qui laisse un arôme acidulé particulièrement agréable. Il est en tout cas un bon compagnon lors de courtes sessions, sans pour autant devenir un nouveau standard du genre. Le léger flottement au niveau de la maniabilité et les règles qui privilégient un peu trop la précipitation peuvent rester au travers de la gorge.