Chapeauté par des anciens membres de Codemasters, Bizarre Creations ou encore Lionhead, Trailblazers est un mélange improbable entre un jeu de course futuriste et Splatoon. Sur la ligne de départ, le titre ressemble à un clone de F-Zero croqué au cel-shading. Néanmoins, une fois lancé sur la piste, le concept prend tout son sens : afin de vaincre l’adversaire, le joueur doit lâcher ses hectolitres de peinture dans le but d'optimiser sa vitesse tout en coordonnant ses actions pour le bien de son équipe. Avec une ambiance visuelle et sonore rappelant Jet Set Radio, Trailblazers trace sa propre voie et délivre toute sa fougue. Suffisant pour avaler le bitume pendant des heures ?
Lorsqu’on se penche sur le studio en charge du jeu édité par Rising Star Games, il y a de quoi être rassuré. Les développeurs, en plus d’être des vétérans de l’industrie du jeu vidéo, sont, pour la majorité, des spécialistes de la course automobile. Leur savoir-faire leur a donc permis de s’adapter naturellement à leur nouveau bébé. Au lancement du titre, le ton est donné. L’ensemble est coloré, la musique est rythmée à souhait et la direction artistique, symbolisée par les différents personnages, est réussie. Humains, entités animales, créatures extra-terrestres, l’univers intergalactique est soigné et les dialogues, très directs et drôles, laissent augurer d’une œuvre qui ne se prend pas au sérieux.
Un concept unique
S’il y a bien une chose qu’on ne peut reprocher à Supergonk , c’est d’avoir bouleversé les codes du genre. Si les tracés sinueux et la conduite anti-gravité rappellent des jeux comme WipEout, les mécaniques n’ont rien de commun avec ce qui existe. Le concept repose sur un principe simple, mais très efficace : 6 pilotes, répartis en deux équipes, s’affrontent sur chacun des tracés. Chaque équipe dispose de sa propre couleur et les pilotes doivent asperger la piste de peinture afin que leurs partenaires profitent d’un boost. Concrètement, la peinture agit comme un accélérateur et propulse les vaisseaux. Et bien évidemment, à chaque tour, les traces de peinture laissées précédemment permettent d’aller de plus en plus vite. En sachant que l’on peut multiplier l’accélération par 4, cela peut vite devenir grisant.
Bien évidemment, et c’est là tout l’intérêt du jeu, vos concurrents agissent de la même façon et répandent également des traînées de gouache afin d'accélérer. Il faut donc s’assurer que la piste soit recouverte de votre peinture et non celle des opposants. Pour une question d’équilibre, chaque pilote dispose d’un réservoir de peinture matérialisé par une jauge. Une fois vide, ce dernier a besoin de quelques instants pour se recharger complètement. Ensuite, dans le but de dynamiser les joutes, les développeurs ont intégré des spots phosphorescents qui, une fois touchés, lâchent une traînée de peinture. De quoi gagner encore en accélération. Il existe aussi une attaque spéciale, activable lorsque la jauge de peinture est pleine. Il s’agit d’un jet offensif qui ralentit les concurrents et qui se révèle très efficace, à condition que vous soyez suffisamment près de votre rival. On vous l’accorde, c’est un peu léger en termes de possibilités, cependant le titre base avant tout son idée générale sur son aspect coopératif. Dans Trailblazers, vous n’agissez pas seulement pour votre pomme, mais bel et bien pour la réussite de votre équipage. Plus le bitume est recouvert de la couleur de votre équipe, plus vous avez une chance de l’emporter. Pour optimiser vos chances, vous pouvez remplacer la peinture de l’adversaire par la vôtre ou bien tracer des sillons dans les zones non colorées de la piste. L’autre technique consiste à passer à travers un maximum de spots et à suivre les jets de peinture afin de gagner de la vitesse. Autant dire qu’on se prend rapidement au jeu et qu’on en redemande, même si tout n’est pas optimal, notamment les collisions ou la clarté de l’action lorsqu’on joue à plusieurs.
Ëtre premier ne suffit pas
À l’inverse d’un jeu de course standard, passer la ligne d’arrivée en premier ne suffit pas. La coopération étant de rigueur, vous dépendez aussi des performances de vos partenaires. C’est là qu’entre en lice le système de points de Trailblazers. Si votre position d’arrivée est une donnée importante, elle n’est pas la seule. En course, vous obtenez des points dès que vous aspergez une zone importante de votre couleur, que vous passez à travers un spot lumineux ou encore que vous obteniez des turbos. Ces points, couplés à votre position en course, ont un impact direct sur le classement final de votre équipe. Supergonk a même été plus loin puisque les points ne sont calculés que lorsque vous prenez des risques, en arrêtant par exemple de lâcher votre peinture ou d’utiliser des boosts. Le principe complexifie la tâche, mais rend les courses encore plus disputées dans la mesure où il faut constamment jongler entre prise de risques et conduite mesurée. Inutile de vous dire que les collisions contre les obstacles sont à la fois une perte de temps… mais aussi de points. Avec ce système, on retrouve un peu la patte de Bizarre Creations et son concept des Kudos à la Metropolis Street Racer ou bien Project Gotham Racing. Dans ces conditions, il est vraiment dommage que le contenu soit si limité…
Panne au démarrage
Trailblazers propose trois modes principaux : l’histoire, qui consiste en un tutorial et une succession de courses avec différentes règles, la course personnalisée (le joueur choisit ses règles, son circuit, etc.) et bien sûr les affrontements en ligne. Dans l’ensemble, on en fait malheureusement trop vite le tour et ce ne sont pas les dialogues entre chaque participant qui changent la donne. Pour s’amuser pendant un certain temps, il est plus que conseiller de se réunir avec des amis en local ou en ligne, d’autant que le crossplatform est de la partie. À noter toutefois que les joueurs PlayStation 4 peuvent uniquement défier les joueurs PC (merci la politique de Sony) là où les possesseurs des autres machines, Xbox One et Switch, peuvent s’affronter ensemble et également défier les joueurs PC. À l’avenir, c’est véritablement sur le contenu que les développeurs de Trailblazers doivent se pencher, car le potentiel du titre est évident.
En effet, au-delà du concept excellent, le jeu profite d’une direction artistique des plus accrocheuses. Signé par Will Milton, un artiste récompensé par les BAFTA, le style de Trailblazers attrape la rétine immédiatement. Les pilotes, venus de toute la galaxie, traversent forêts luxuriantes, vallées arides, buildings vertigineux et montagnes hostiles, le tout avec un cel-shading de qualité, des effets (transparences, reflets…) de toute beauté et une impression de vitesse convaincante. Par ailleurs, la bande-son composée par plusieurs artistes (Skope, Derevolutions, A. Skillz…) est bien déjantée comme il faut avec sa pop rythmée et ses vocalises.
Points forts
- Le cross-over F-Zero/Splatoon improbable
- L’ambiance musicale à la Jet Set Radio
- Direction artistique de qualité
- Pas vilain graphiquement
- Très convivial
Points faibles
- Manque criant de contenu
- Collisions assez bancales
- Pas toujours très lisible (surtout à plusieurs)
- Pas assez de monde en ligne
Par son concept rafraîchissant et ses bonnes idées, Trailblazers a tout pour satisfaire les amateurs d’arcade et de courses futuristes. Misant sur sa convivialité afin d'attirer le plus grand nombre, il offre un bon challenge et dispose d’une réalisation tout à fait honorable. Dommage que ces bonnes intentions soient entachées par un contenu trop faible. On fait rapidement le tour de la dizaine de pistes et les options se résument au minimum syndical. On peut donc espérer que Supergonk corrige le tir en intégrant des mises à jour dans les semaines à venir.