Sorti le 12 janvier 2018, The Nightfall a été éclipsé par l’abattage médiatique autour des Dragon Ball FighterZ, Sea of Thieves, Far Cry 5 et autre God of War. Cependant, Firewatch, What Remains of Edith Finch ou encore Moss ont prouvé que même de « petits » studios pouvaient parfois révéler de jolies surprises. C’est la raison pour laquelle nous nous penchons aujourd’hui sur le cas de cette aventure horrifique exclusivement parue sur PC et qui nous entraine dans un huit clos infernal. Néanmoins, si la pression est belle est bien présente et que les frissons nous parcourent tout du long, force est de constater que le manque de budget de VIS-Games s’en ressent, faisant perdre beaucoup de points à TheNightfall.
Seule au monde
Le pitch de TheNightfall est fort simple et balancé de manière très brute dès les premières secondes du jeu. À travers un bref message sur le répondeur de votre mari, vous apprenez que vous venez d’emménager dans cette grande et sombre maison après avoir obtenu un nouveau job. Votre personnage se retrouve seule à la veille de votre premier jour de travail puisque votre époux ne vous rejoindra que le lendemain avec vos marmots. Quoi de mieux qu’une petite soirée solo avant de sauter dans le grand bain ? Surtout que Madame a pensé à tout et est finement équipée afin de passer un agréable moment : pizza et soda, tout y est ! Malheureusement pour elle, tout ne va pas se passer comme prévu car elle se rendra rapidement compte qu’une présence rode dans la demeure, et que ses intentions ne sont pas forcément louables. Rapidement, un malaise et une pression s'installent grâce à ce huis clos oppressant et ce sinistre jeu du chat et de la souris.
Basique, prévisible, mais néanmoins efficace, les premiers ratés apparaissent dans l’incohérence des réactions de notre héroïne. Une lettre anonyme clairement menaçante la fait à peine sourciller, tandis que des objets se déplaçant tout seuls ou le fait de retrouver un hamster dans un endroit complètement inaccessible pour lui, ne la choque pas outre mesure. Pas rédhibitoires, ces « détails » ont quand même tendance à gâcher l’immersion et à nous donner envie de gifler la mère de famille afin de la sortir de son invraisemblable léthargie. Malgré une vue à la première personne, difficile de nouer un lien affectif avec l'héroïne tant elle parait impassible et parfois même stupide. Quant au scénario, sans vouloir trop vous en dévoiler, c’est un mélange entre un Panic Room sans budget, de mauvaises actrices et un Ça très édulcoré. Jusqu’au bout, nous avions espéré une révélation ou une scène de course poursuite nous menant aux tréfonds de nos peurs primales puisque TheNightfall s’appuie sur les angoisses « communes » comme les poupons horrifiques et autres clowns sadiques. Malheureusement aucune révélation notable n'est à noter, aucun cliffhanger, et pire que tout, le jeu se termine de façon tellement plate et abrupte qu’on doit attendre de voir défiler les crédits pour comprendre qu’on en est venu à bout.
Sans peur, mais pas sans reproche
À l’instar du contexte balancé dès le lancement de TheNightfall, sans aucune cinématique d’introduction, le tuto se résume à quelques phrases vous expliquant brièvement les « actions » possibles à réaliser. Globalement elles se limitent à se déplacer, en marchant ou en courant, à allumer/éteindre une lampe torche et à utiliser une touche « action » permettant d’interagir avec des éléments du décor ou de combiner des items. Si vous vous attendiez à un gameplay riche et novateur, vous risquez d’être déçu. Proche d’un simulateur de marche, vous passerez la plupart de votre temps à vagabonder dans la proprièté à la recherche d’objets ou d’indices, permettant de faire progresser l’histoire. En effet, TheNightfall s’articule autour d’une temporalité fictive marquée par la trouvaille d'objets importants ou d’éléments scénaristiques, plus proches de simples jump scares que de véritables scénettes. En résumé, vous avez 10 heures à tenir avant l’aube et chaque résolution d’énigme et/ou découverte d’indices vous permet un bond en avant de 30 minutes et vous offre dans le même temps une sauvegarde automatique. Une fois cela fait, la maison « se réinitialise ». Bougies, allumettes et autres piles, utiles, mais pas indispensables, voient leurs stocks reconstitués et répartis aléatoirement dans la batisse tandis que de nouveaux indices font leur apparition. Il n’y a alors plus qu’à repartir fouiller les placards, racler les fonds de tiroir et vérifier si aucun message n’a été laissé sur les plans verticaux (miroirs, murs, portes…) accessibles.
Répétitif, ce système peut paraitre bienvenu les 4/5 premières fois, mais on se lasse rapidement de retourner de fond en comble cette demeure et on finit par rusher afin de passer à la suite de l’aventure. À ce propos, s’il est vrai que plus on se rapproche des premières lueurs du jour, plus l’atmosphère est pesante et les jump scares présents, il n’y a pas non plus de quoi mouiller sa chaise. Peu de chance que vous en redemandiez une fois le titre bouclé, ce qui devrait arriver après 6 ou 7 heures. À condition de ne pas avoir de bug ne faisant pas apparaitre l’élément clé permettant de valider votre progression et de passer à la demi-heure suivante… Point positif tout de même, si TheNightfall désirait vous faire ressentir une solitude pesante, c’est plutôt réussi, car vous êtes rapidement abandonné à votre triste sort avec presque aucune information pour vous guider, lorsqu'il ne s'agit pas d'indices fallacieux. Enjoy !
Back to The Past
TheNightfall parait sorti d’une autre époque tant il est dépassé techniquement. Sachant qu’il est issu d’un « petit » studio, SIV-Games, on peut se montrer un peu plus clément sur des graphismes datés, des ombres bien souvent pointant aux abonnés absents et des animations peu convaincantes. Cependant, lorsque l’on se penche sur la fiche « technique » du jeu, on ne peut qu’être perplexe en constatant qu’il utilise le moteur « Unity ». Alors certes les développeurs ont décidé d’en rire avec des petites phrases pleines d’humour et trollant gentiment ce point, au risque de casser le 4ème mur, mais cela reste tout de même décevant. Les configurations recommandées sur Steam semblent tellement ahurissantes qu’il est difficile de savoir si elles sont réelles et si le titre souffre d’un gros manque d’optimisation, ou si c’est une erreur et que les devs ont simplement fait au plus simple. Divers bugs, crashs et, à l’occasion, des baisses de framerate sont également de la partie.
D’un point de vue OST, l’ensemble est plutôt correct. Les bruitages de parquet qui craque, les feuillages qui bougent ou la tempête qui gronde, ainsi que la petite musique d’ambiance et les doublages anglais n’ont pas à rougir. D’excellente facture et parfaitement adaptés à un jeu d’horreur psychologique, ils ne font cependant pas le poids devant le thème principal qui s’accorde à la perfection avec l’univers de TheNigthfall. Cette œuvre du groupe allemand Northpolyptica s’entend régulièrement dans les menus, mais également lors des écrans de chargement, dont la longueur fait presque plaisir à voir. Elle mettra à n'en pas douter d’accord à peu près tous les joueurs, fans de rock ou non. Enfin, à l’instar du doublage français, le mappage des touches est indisponible et on devra se contenter de jouer en QWERTY. Autant vous dire que la manette est fortement recommandée.
Trailer de Nightfall
Points forts
- Des énigmes sympathiques
- Ambiance sonore très réussie
- Des features sympas…
- Thème principal fabuleux
Points faibles
- Poussif et répétitif
- Scénario et personnages bâclés
- ...mais peu ou mal exploitées
- mais des temps de chargement trop lents
- Techniquement daté
- Impression d’être lâché dans la nature, sans indications
- Prix un « tantinet » excessif
Même si on suppose que TheNightfall était initialement pétri de bonnes intentions, entre des moyens financiers assez modestes et une écriture un peu brouillonne, la réalisation laisse à désirer. Techniquement dépassé et doté d’un scénario décousu, les développeurs n’ont pas osé innover au niveau du gameplay et ont tenté tant bien que mal de rajouter de petites features… souvent inutiles. Dommage, puisque l’ambiance graphique et sonore est réussie et que les amateurs du genre auraient bien aimé avoir un passe-temps à se mettre sous la dent en ces temps de disette horrifique. Si vous avez 22.99 € en trop et que vous ne savez pas quoi en faire, l’achat de TheNighfall est donc envisageable, dans le cas contraire, ne pas y jouer ne manquera pas à votre culture vidéoludique.