La rencontre avec un peuple extra-terrestre habitant à quelques années lumières de notre belle planète a bercé l’imaginaire de bien des écrivains, cinéastes, et autres créatifs plus ou moins illustres. Avec The Station, le joueur est propulsé dans un aller simple vers une station spatiale à la dérive. Son équipage a subitement cessé de donner tout signe de vie, alors qu’il devait analyser le comportement d’une race alien dont la dangerosité potentielle affole toutes les institutions connues. Si dans l’espace, personne ne vous entendra fouiller, votre entourage risque par contre de vous voir soupirer.
Les premières minutes de The Station.
Tous les écrits, les S.O.S
The Station est un jeu d'aventure/simulateur de marche à la Gone Home qui prend place dans une station spatiale abandonnée. À l’instar de nombreux titres du genre, il demande d’ouvrir des portes, ou plutôt d’activer des sas dans ce cas précis, et de réussir des énigmes pour dérouler un scénario enrichi par de nombreux documents annexes à consulter. Le joueur doit donc déambuler dans une succession de corridors métalliques faiblement éclairés à la recherche de journaux de bord, et objets spécifiques lui permettant d’accéder à d’autres pièces de la station. Il s’agit la plupart du temps de trouver un moyen de rétablir le courant dans le but de découvrir une nouvelle zone ou tout simplement de mettre la main sur les bracelets des membres de l’équipage disparu afin de jouir de leurs niveaux d'accès.
Dans ce grand endroit vide de toute âme illuminé par quelques lumières stroboscopiques, les énigmes sont rarement originales. Le puzzle qui sort peut-être le plus de l’ordinaire provient d’un robot à réparer en dénichant les pièces adéquates, grâce à un peu de matière grise et beaucoup d’observation. Pour s’y retrouver dans ces dédales futuristes, le joueur dispose d’une carte, ou plutôt d’un élément qu’il jette au sol et qui affiche le plan en tant qu’élément 3D dans l’univers. Ce choix de design qui vise sûrement à expliquer de façon diégétique l’interface a cependant pour conséquence d’empêcher l’affichage de quoi que ce soit lorsque le joueur est trop proche d’un mur. Ne feignons pas l’étonnement : ce ne sont pas vraiment ses mécanismes de jeu très classiques qui rendent The Station intéressant.
Seul au (dessus du) monde
Le joueur avance dans son enquête en écoutant des messages audio matérialisés par des sphères luisantes et en consultant les messages partagés par les membres volatilisés. The station dépeint une vision de la technologie futuriste plutôt intéressante. Les objets qui composent son terrain de jeu ne semblent pas avoir été posés là au hasard, et la composition des lieux apporte de nombreux indices sur les multiples événements qui ont frappé l’endroit. Sans trop en raconter, The Station parle de notre rapport à l’inconnu, mais aussi d’amour. La narration n’évite malheureusement pas quelques poncifs aux frontières du poussif, que les mécanismes redondants ont du mal à mettre efficacement en valeur. La trame qui se révèle petit à petit risque donc de lasser l’enquêteur malgré la très courte durée de vie (entre une et deux heures de jeu). Les ultimes moments de l’aventure sont par contre diablement réussis, avec ce qu’il faut de mise en scène et de surprises pour quitter l’épopée sur une bonne note. Dommage que tout ce qui précède cette scène finale marquante soit vraiment trop classique à tous les niveaux.
Points forts
- Le décor raconte une histoire
- Bonne performance audio des acteurs
- Un final réussi
Points faibles
- Quelques soucis de rythme
- Mécanismes classiques, et puzzles loin d’être originaux
- Très court (entre 1 et 2 heures de jeu)
- Intégralement en anglais (textes et voix)
Dans les couloirs de The Station aussi sombres et froids que l’univers qui lui sert de manteau, les indices textuels et audiophoniques se collectionnent au fil des zones visitées et des puzzles résolus. S’il n’est qu’un simulateur de marche de plus mettant l’accent sur la recherche, il expose tout de même un scénario intéressant qui repose essentiellement sur le talent vocal de ses acteurs et sur son dénouement final réussi. En définitive, The Station ne déplace pas des planètes, mais la mise en orbite qu’il propose au sein de son univers image parfaitement la mise en perspective que provoquent ses ultimes minutes. There’s something out there.