Lorsque l'on parle aujourd'hui de Battle Royale, PUBG et Fortnite sont les deux noms qui résonnent à l'unisson dans le rang des joueurs. Et pourtant, c'est bien un certain H1Z1 qui a démocratisé le style et qui trustait en son temps la première place des diffusions Twitch. Un peu relégué dans l'ombre, le titre de Daybreak est pourtant toujours vivant et adopte le modèle free-to-play pour fêter sa sortie d'early access.
Difficile pour les petits gars de chez Daybreak de le nier : le marché juteux du Battle Royale leur est partiellement passé sous le nez. La concurrence féroce et sans doute plus attentive aux désirs de sa communauté a volé la vedette à H1Z1, qui pouvait se vanter d'avoir le monopole du genre il y a juste un peu plus d'un an. Le but ici n'étant pas de disserter sur l'immobilisme relatif des équipes de développement lors de la phase d'early access, attardons-nous sur la sortie du jeu désormais disponible en version 1.0 et gratuitement.
Etre l'un des premiers : une force et une faiblesse
Pour les quelques un du fond qui ne suivent pas, rappelons brièvement que H1Z1 est un jeu dans lequel 150 joueurs (solo ou en équipe de 2 ou 5) sont parachutés sur une carte. Une fois sur le plancher des vaches, chacun devra récolter armes et protections afin d'être le dernier homme en vie. Une zone de gaz mortel se referme progressivement sur la carte, contraignant tous les participants à se retrancher dans une zone de sécurité qui s'amenuise à mesure que la partie avance. De ce principe simple et efficace découle une décharge d'adrénaline assez peu commune dans le jeu vidéo, surtout lorsque le joueur se situe dans les dix derniers survivants. Sur ce point, comme pour tous les autres Battle Royale du marché, H1Z1 fonctionne très bien et son statut de pionnier du genre n'est sans doute pas étranger à ce constat.
En revanche, c'est sans doute également son côté précurseur qui dessert aujourd'hui le jeu de Daybreak. En premier lieu, H1Z1 accuse déjà d'un coup de vieux technique quand bien même il ne serait âgé que de 3 ans. Outre les multiples bugs de collision ou d'affichage qui collent à la peau du titre comme des moules à leur rocher, le jeu propose une carte vaste, certes, mais franchement peu inspirée. Le titre peine à s'inscrire dans les standards actuels du genre et rebutera celles et ceux qui accordent de l'importance aux qualités esthétiques d'un jeu.
Les autres pourront sans doute lui reprocher d'aller un peu droit à l'essentiel. Le craft est réduit à sa plus simple expression et permet de façonner bandages, gilets pare-balles et flèches explosives. Il est possible de sauter d'un véhicule lancé à pleine vitesse sans prendre de dégâts et seule une limite de poids vous empêche d'emporter dans votre sac tout l'équipement que vous croisez. Cependant, de ces entorses assez larges au réalisme découle un gameplay propre à H1Z1, qui ne propose aucune customisation du nombre (limité) d'armes disponibles sur la carte. Pas de lunettes, pas de chargeur rapide, pas de qualité d'équipement, tout le monde est logé à la même enseigne. C'est ailleurs que se joue le top 1.
En plus de la nécessité de chercher les ingrédients nécessaires à la confection d'un pare-balles, par exemple, il sera très recommandé d'emporter avec vous des casques supplémentaires, un headshot se contentant en premier lieu de faire sauter votre protection. Dans ce cas, un petit tour rapide dans l'inventaire permettra d'en coiffer un autre directement, vous évitant ainsi d'exposer votre caboche à découvert. Aussi, sauter en marche de votre véhicule que vous lancez droit vers un adversaire est une technique très souvent employée pour perturber ce dernier, qui aura tendance à concentrer ses tirs sur la voiture plutôt que sur vous qui êtes sortis discrètement derrière un rocher. La dangerosité de la zone mortelle est quant à elle redoutable, et mal planifier une fuite vers la zone de sécurité sera souvent synonyme de mort, vous forçant à vraiment anticiper vos différents déplacements. En clair, H1Z1 mise beaucoup sur la fourberie, comme beaucoup de Battle Royale, même si quelques introductions permettent aux joueurs de choisir s'ils désirent orienter leurs parties sur les frags ou sur la discrétion.
Des petits ajustements depuis l'early access
Effectivement, lors de l'attente dans le lobby, il est possible de choisir sur la carte l'endroit où vous désirez être parachuté. Les zones les plus peuplées prendront une couleur différente, et si vous désirez arriver sur une aire tranquille, les indicateurs sur les cartes vous le permettent. Mais quoi qu'il en soit, H1Z1 mise sur des parties courtes qui excèdent rarement la demi-heure. Fort heureusement, en dépit de la perte assez massive des joueurs, trouver une partie n'est jamais un problème et cela ne sera pas de trop en raison du feeling particulier et parfois difficilement compréhensible des armes. La balistique est assez singulière et le recul très important des armes tranche avec l'orientation arcade du titre. En somme, il faudra pas mal de pratique pour appréhender le maniement de l'arsenal et nous ne pouvons que vous recommander d'aller enchaîner les affrontements pour vous faire la main, plutôt que de rester planqué toute la partie, auquel cas le Top 1 vous échappera avec quasi-certitude.
Un nouveau mode fun mais limité
Petite partie d'Auto Royale
Si toutefois le Battle Royale pur vous lasse, vous pouvez aussi vous lancer dans une partie de Auto-Royale, disponible gratuitement également, mais cette fois-ci en version bêta. Le principe de base reste le même, mais ici les participants sont coincés dans une voiture. Le pilote devra rester dans la safe zone et attraper des bonus un peu partout sur la carte, tandis que les passagers devront tirer sur les véhicules adverses et sur les caisses contenant des armes ou autres éléments de réparation. Très simple et immédiat, l'Auto-Royale troque la pression des parties du jeu de base contre du fun et de l'action brute. Quel que soit le poste occupé, on s'amuse à enchaîner les sauts ou à gérer une course poursuite face à d'autres véhicules. Assez bourrin dans le fond, ce mode de jeu s'essouffle cependant assez vite et il est difficile pour le moment de parier sur sa longévité.
En somme que reste-t-il d'H1Z1, deux ans après sa sortie en early access ? Il reste un Battle Royale assez solide, mais qui manque de finition et qui pâtit aujourd'hui d'une concurrence qui a su prendre davantage parti dans son orientation, proposant des expériences bien différentes avec un degré de qualité nettement supérieur au titre de Daybreak. Son nouveau modèle free-to-play étant purement cosmétique, l'expérience peut valoir le détour si vous n'appréciez pas l'aspect trop cartoon et craft de Fortnite et que vous ne voulez pas une simulation payante à la PUBG. Il faudra simplement accepter l'aspect déjà daté du jeu et son feeling général très singulier.
Points forts
- Un concept qui marche toujours aussi bien
- Modèle free-to-play uniquement esthétique
- Auto-Royale : un mode bourrin et fun
Points faibles
- Carte qui manque de charme
- Peu d'armes différentes
- Feeling des armes perturbant
- Pas vraiment joli
- Manque encore de finitions
Il faut reconnaître que sur le plan du Battle Royale, la concurrence fait aujourd'hui mieux que H1Z1 en termes de personnalité ou de finition. Toutefois, avec son gameplay qui pioche dans l'arcade et dans la simulation, le titre de Daybreak reste une expérience plaisante, qui sait restituer la tension inhérente au genre en fin de partie. L'adoption d'un modèle free-to-play équitable, car uniquement cosmétique, devrait garnir à nouveau les serveurs de joueurs. Cependant, difficile aujourd'hui d'être pleinement enthousiaste pour ce jeu certes complet, mais qui accuse déjà d'un vrai coup de vieux et de lacunes que comble facilement la concurrence.