Il n’y a décidément pas de fin à la fin des temps ! À peine nettoyés des éclaboussures sanglantes des Skavens découpés par dizaine, nos cinq vaillants héros remettent le couvert pour une nouvelle série de missions sous le regard bienveillant du dieu Sigmar. Avec Warhammer : Vermintide 2, le studio Fatshark n’entend pas révolutionner la formule bien rodée du premier épisode : on tranche à tout-va, on serre les dents à de nombreux moments et on se régale toujours autant face à la frénésie brutale d’une expérience à partager idéalement entre amis et en vocal. Le temps de me débarbouiller des traces encore fraîches de combat et je vous explique ce qui fait le charme de cette suite.
On prend les mêmes et on recommence !
Un petit rappel des faits s’impose avant de nous aventurer plus loin dans ce test. Warhammer Vermintide 2 est la suite de Warhammer : The End Time Verminde premier du nom sorti en octobre 2015. Le titre du studio Fatshark laisse de côté son sous-titre à rallonge pour se consacrer sur l’essentiel : reprendre le combat, idéalement en coopération avec trois autres joueurs, contre des hordes sauvages d’ennemis prêt à tous les coups bas pour nous empêcher de mener à bien notre mission.
Toujours largement inspiré des mécaniques de jeu de Left 4 Dead (on ne change pas une formule qui gagne), Vermintide 2 gagne toutefois en richesse grâce à une série de nouveautés dont la plus notable concerne l’arrivée des forces du Chaos aux côtés de la horde grouillante des hommes-rats. Après une séquence introductive à la fois bienvenue pour l’immersion et bien fichue côté présentation des personnages, nous voilà propulsés par un portail magique vers notre nouveau chez nous. La sombre taverne du premier volet laisse ici place à une immense forteresse délabrée dotée de toutes les commodités nécessaires à la bonne préparation des missions. Une forge, un tenancier toujours aussi bougon, des chambres pour le côté RP et une toute nouvelle aire d’entraînement où l’on pourra tester l’efficacité de son arsenal sur des mannequins.
Le casting de personnages jouables n’est pas chamboulé par l’ajout de nouvelles têtes et c’est bien dommage. On retrouve donc nos cinq héros tout droit issus du premier volet : l’elfe forestière toujours aussi agile, le ranger nain, la flamboyante sorcière, le soldat impérial et le rusé répurgateur. L’aspect RGP de la formule se voit ici renforcé par l’arrivée d’une personnalisation plus poussée de la manière de jouer et de spécialiser son personnage. Contrairement à Left 4 Dead où il n’existe pas de différenciation autre que cosmétique entre les personnages, Vermintide 2 dote chacun de ses héros de capacités spéciales, de bonus passifs, d’un nouvel arbre de talent et d’une sélection d’armes à l’influence directe sur le gameplay. Nos cinq combattants disposent en ce sens d’un rôle sur le terrain : tank, dps, spécialiste de l’attaque à distance, où de l’élimination des ennemis spéciaux, etc. Afin de renforcer cette spécificité, Fatshark introduit un système de sous-classes à débloquer au fil des niveaux.
Trois variations de classes sont disponibles une fois le niveau 15 atteint sur chacun des personnages. Bardin le Nain alterne par exemple entre une spécialisation à distance, une seconde autre orientée tanking et une dernière où il fait tomber la chemise pour se muter en une boule de nerf équipée de deux haches. Les talents passifs, l’apparence ou encore le choix des armes changent en fonction de la profession sélectionnée. L’arrivée d’un sort ultime par héros et par sous-classe apporte elle aussi une surcouche de fun et de profondeur à un gameplay qui, tout en restant simple à prendre en main, se montre toujours aussi bien huilé. Un clic gauche pour attaquer, un clic droit pour bloquer, différents timing et moveset en fonction de l’arme équipée ; il ne faut que quelques minutes pour maîtriser les bases de Vermintide et trouver une immense satisfaction dans ce gameplay plus profond qu’il n’y paraît.
Le Saigneur des Rats no ?
L’une des évolutions majeures de cette suite est à aller chercher directement en mission. Là où le premier Vermintide embrassait un level design majoritairement urbain à tendance nocturne et claustrophobique, ce second volet ouvre davantage ses environnements, accentue le nombre de missions de jour et nous laisse admirer ses splendides panoramas, reflets de la maîtrise du studio en matière de représentation de l’univers Warhammer. Grâce à ce sens décuplé de l’échelle, le souffle épique de l’ensemble prend du galon et s’autorise plus de variations d’ambiance que par le passé. Une série de quatre boss vient conclure chaque arc narratif là où le premier jeu nous laissait quelque peu sur notre faim avec un seul et unique évènement final de taille.
L’exploration d’une majestueuse cité naine creusée sous la montagne laisse ainsi place à une terrifiante descente dans une mine plongée dans les ténèbres où seul résonne le grondement d’une horde de Skavens toute proche. Entre la découverte de ruines elfiques perdues au milieu d’une immense forêt, le passage dans de vastes cités ravagées par les forces du Chaos et les séquences de haute tension où votre groupe se retranche dans une salle pour faire face à des vagues d’adversaires, Vermintide 2 prend des airs de spectacle à la fois jouissif et brutal, à même de créer des moments de jeu inoubliables. Ce souffle équipe n’est pas sans rappeler celui ressenti devant certaines scènes du Seigneur des anneaux face à ces moments où l’alchimie entre le visuel, le sound design, la musique et le poids de la menace fonctionne à merveille.
Chauds Rats Chaos !
L’arrivée des forces du Chaos n’est pas non plus étrangère au renouvellement du plaisir de jeu. Si les unités de base de la faction n’opposent pas une grande résistance et se font calmer d’un simple revers d’épée, l’introduction de nouvelles unités spéciales ajoute une bonne dose de piquant à la formule. Prenez par exemple ces satanés Sorciers du Chaos et leurs maudites tornades, ajoutez-y la résistance hors norme de l‘armure des Guerriers du Chaos, saupoudrez de quelques élites enragés comme les Trolls Bileux, mélangez le tout, et en avant pour des batailles aux enjeux stratégiques redéfinis. Vermintide 2 sait se montrer sans pitié face à l’erreur, il punit sans ménagement le moindre écart de placement ou les élans héroïques des joueurs un peu trop fougueux. Cette relative difficulté confère d’un côté une réelle intensité aux missions et favorise plus que tout le beau jeu en équipe. Comptez environ trente minutes par mission et n’espérez pas empocher la moindre récompense autre qu’une petite portion d’expérience si votre groupe faillit à sa tâche même à quelques mètres de l’objectif final. Cruel, mais terriblement motivant quand il s’agit de se dépasser !
Le titre reprend la mécanique de “Spawn Director” du premier volet, directement inspirée du système de Left 4 Dead. Cette intelligence artificielle gère de manière dynamique l’apparition des ennemis durant les parties. C’est cette IA qui dicte le rythme, la tension, les moments épiques et la difficulté des missions. En lieu et place de points de spawn fixes pour les monstres, une mécanique qui pourrait conduire à une répétitivité des missions, le Spawn Director régule l’apparition des adversaires en fonction de différents paramètres. Position individuelle des joueurs, état de santé, temps écoulé depuis la dernière attaque, ceci afin de créer une expérience de jeu toujours renouvelée. C’est aussi cette IA qui gère le placement des potions ou des munitions de manière là encore à garantir un vent de fraîcheur constant.
L’accès aux quatre paliers de difficulté du jeu est désormais conditionné par un niveau de puissance global du joueur qui, à la manière d’un système d'ilvl de MMO, empêche un joueur de se lancer dans un défi bien trop corsé pour sa progression actuelle. Des quêtes spéciales à usage unique appelées Actes héroïques introduisent des modificateurs de gameplay inédits : utilisation limitée des capacités, objectifs repensés, casting improbable d’ennemis, de quoi ajouter une couche supplémentaire de rejouabilité à l’ensemble.
Trois tomes et deux grimoires sont encore une fois planqués avec fourberie dans les niveaux afin de nous motiver à en explorer leurs moindres recoins et à toujours évoluer sur le fil du rasoir entre promesse de meilleures récompenses et risques de se faire tuer plus facilement. Un mot aussi sur l’intégration Twitch du jeu, une tendance de plus en plus importante pour l’industrie, qui permet ici à votre public d’influencer le cours de votre partie en votant sur le chat pour l’apparition de différents ennemis, bénédictions ou malédictions. Et les fourbes ne se priveront pas pour vous faire endurer les pires crasses !
Il a du coffre !
Pointé du doigt dans notre test du premier épisode, le système de loot de Vermintide pouvait se montrer frustrant à la longue. La faute à une distribution trop hasardeuse des récompenses contraignant à un grind intensif de ressources dans l’optique de se crafter l’arme de son choix à la forge. Le jeu nous récompense désormais avec des coffres au contenu toujours adapté à la classe et la carrière que l’on utilise au moment de leur ouverture. Terminé le lancer de dés du destin et place à des lootbox dont la rareté dépendra de vos exploits en cours de mission. Rassurez-vous si la simple mention du terme maudit “lootbox” vient de vous faire frémir puisque Vermintide 2 n’inclut aucune espèce de cash shop ou de progression conditionnée par des achats. Un bel objet légendaire se paiera toujours au prix de la sueur et des gerbes de sang d’une mission menée à bien.
Par l’introduction de nombreuses statistiques passives sur l’équipement, le titre de Fatshark peaufine sa capacité à nous faire réfléchir à des builds viables en combat pour nos différentes classes. Dommage qu’aucun effort particulier n’ait été apporté à la présentation et à la gestion de l’inventaire entre les personnages. Les armes, amulettes et colliers s’entassent par dizaine dans nos sacs dans l’attente d’être équipés ou démantelés pour en récupérer des composants d’artisanat. Aussi étrange que cela puisse paraître, le jeu manque de certaines informations pourtant nécessaires au bon développement d’une spécialisation de personnage. Il ne dispose par exemple pas de panneau de caractéristiques, n’affiche aucun récapitulatif de nos talents passifs et expose un manque de clarté évident dans la présentation de son interface.
Un manque de finition que l’on retrouve aussi du côté du volet multijoueur du titre, pourtant crucial à l’expérience. Impossible par exemple de connaître sa latence ou celle des autres durant une mission, d’éjecter un élément perturbateur ou même de relancer une partie sans avoir à repasser par la forteresse/HUB du jeu. Plus frustrant encore, si l’hôte de votre partie multi en cours a le malheur de se déconnecter durant une mission, vous perdrez toute votre progression et devez la recommencer depuis le départ. Rageant vous avez dit ?
Plutôt gourmand en ressources CPU et GPU, Vermintide 2 affiche cependant une large variété de paramètres graphique sur PC afin de tourner de manière relativement correcte sur une gamme étendue de configurations. On profite alors d’un rendu visuel convaincant, éclairé de bien belle manière par différents effets qui parviennent à recréer l’univers sombre et sanglant de Warhammer avec une fidélité de tous les instants. Les égouts suintent, les forteresses affichent leur majesté et le soleil caresse les épis de blé tandis que ma hache s’en va faire connaissance avec le crâne d’un Rat Ogre sur les nerfs. Ah, douce ambiance que celle de Vermintide !
Points forts
- Épique à souhait lors des combats
- Gameplay simple, mais diablement efficace
- Un régal entre amis
- Environnements plus vastes et ouverts
- L'univers Warhammer retranscrit avec panache
- L'introduction du Chaos et des sous-classes de personnages
- Un système de loot moins frustrant que dans le premier épisode
Points faibles
- L'interface manque d'informations importantes
- Multijoueur qui manque d'options
- Absence de nouveaux personnages jouables
C'est avec une certaine délectation que l'on replonge dans l'enfer sanglant des combats de Vermintide 2. Une suite au cahier des charges pourtant assez simple : reprendre la plupart des réussites du premier volet sorti en 2015 et y apporter quelques nouveautés nécessaires au renouvellement du plaisir de jeu. Au gameplay simple, mais diablement fun des combats vient donc s'ajouter une plus grande dimension RPG, une nouvelle faction ennemie, un level design plus ouvert et un souffle épique décuplé par une réalisation au niveau. À envisager avant tout en multi à quatre joueurs, Vermintide 2 manque encore d'un peu de finition sur certains angles et devrait en toute logique corriger les écueils de son système de matchmaking au fil des patchs.