Lorsque Turok 2 est arrivé sur Nintendo 64 à la fin de l’année 1998, il était l’un des plus beaux jeux de la machine grâce au nouvel Expansion Pack lui permettant de ne pas se sentir trop à l’étroit. Il faut avouer que pour cette suite, Acclaim avait vu les choses en grand en délivrant plus d’armes, plus de monstres, de vrais objectifs et un mode multijoueur. Considéré comme étant le meilleur épisode de la série auprès des fans, Seeds of Evil griffe aujourd’hui la Xbox One après avoir ouvert la porte du PC. S’il y a bien des dinosaures dans ce parc à dinosaures, il reste à vérifier si cette réédition tient plus du Rex que de la rixe.
Balade sur le dos d'un styracosaurus
Un Indien dans l’Evil
Contrairement au premier épisode qui s’ouvrait sans que l’on nous explique les tenants et les aboutissants de la mission, Turok 2 est introduit par une vraie cut-scene. La mystérieuse Adon demande au jeune Joshua Fireseed de sauver les terres du Primagen, une terrible créature qui cherche à tout anéantir. Ce premier élément de mise en scène marque d’emblée l’ambition des développeurs mise dans cette suite. Tout en conservant un univers fait de plantes, pierres et métaux, Seeds of Evil met les petits pas (de compsognathus) dans les grands. L’architecture des six chapitres qui composent le jeu renvoie ce qui avait été fait sur le premier soft aux orties. Les longs tableaux sont à la fois plus recherchés dans leur direction artistique et plus variés en termes d’objectifs. La difficulté est aussi mieux balancée grâce à l’existence de points de passage octroyant de la santé et des munitions.
Si la recherche de clés est toujours obligatoire pour progresser, elle est cette fois-ci accompagnée de quêtes qui vont de la libération de prisonniers à l’activation de mécanismes particuliers. Déjà loin d’être originales à l’époque à cause de la sortie de GoldenEye 007, ces missions ont au moins le mérite de rythmer convenablement le périple. Cela permettrait presque d’effacer la frustration causée par les arènes labyrinthiques, toujours de la partie même si moins complexes qu’auparavant. Les passages purement plate-forme ont quant à eux été revus à la baisse. Par défaut, ce portage ajoute des indications sur l’emplacement des interrupteurs et des objectifs de mission afin de faciliter l’exploration. Autre aide attribuée au joueur, il est désormais possible de s’agripper aux rebords des plateformes en cas de saut mal préparé. Ces nouveautés, qui peuvent dénaturer l’esprit du jeu, sont désactivables dans les options.
More teeth
Turok 2 enrichit son arsenal avec des armes restées parmi les plus dingues de l’histoire du FPS, à l’image du Cerebral Bore qui envoie une sonde directement dans le crâne de l’adversaire pour le vider de toute sa substance. Yummi ! Les ennemis gagnent eux aussi en nombre et en diversité, engendrant une menace pouvant aussi bien venir des minuscules, mais véloces, compsognathus que des imposants humanoïdes Endtrails et autres Raptoïds. Le soft d’Acclaim ratisse large au niveau du bestiaire et fait défiler des aliens belliqueux en plus de zombies démoniaques. Afin de pimenter le tout, les boss sont eux aussi de retour et sont autrement plus impressionnants que ceux rencontrés pendant la première épopée. Certains petits plaisirs ne s’altèrent jamais : il est toujours plaisant de voir les créatures convulser sous les impacts des balles, avant de les terminer par un démembrement déchirant.
Seeds of Evil propose un mode multi qui permet jusqu’à 8 joueurs de s’affronter en ligne dans 7 modes de jeu en parcourant les 15 maps fournies. Il est cependant dommage de noter la disparition du multi local sur Xbox.
Turok 2 accuse le poids des âges, évidemment, mais il souffre moins des affres du temps que son grand frère grâce à des objectifs plus variés et à un level design plus recherché. Le portage orchestré par Nightdive est cependant tout aussi décevant techniquement que celui de son aîné, même si le jeu d’origine a quelques restes loin d’être désagréables à l’oeil. Oui, les textures sont baveuses et les modèles sont anguleux, néanmoins le brouillard a perdu du terrain et le tout est parfaitement fluide, en 60 images par seconde. Par rapport à il y a 20 ans, certains niveaux ont été modifiés pour simplifier la navigation et éviter de perdre trop de temps dans la recherche des objectifs. Les puristes crieront au sacrilège, là où la plupart des joueurs qui n’ont pas relancé Turok 2 depuis des lustres ne le remarqueront même pas. Il est par contre impardonnable de constater la disparition sur Xbox One du multijoueur en local alors qu’il était bien présent sur cette bonne vieille Nintendo 64, et disponible sur la version PC.
Points forts
- Beaucoup d’armes et de styles d’adversaires
- De vraies aides pour assister les petits nouveaux (marqueurs d’objectifs, ledge grabbing)
- Un univers qui a encore un certain charme
Points faibles
- Réédition techniquement paresseuse (textures baveuses, personnages anguleux)
- Encore trop de labyrinthes et de clés à trouver
- Pas de multijoueur en local !
Turok 2 a mieux vieilli que son illustre grand frère. Même si nous ne vendrions pas sa peau rugueuse à un nouveau joueur en étant assurés de son plaisir, Seeds of Evil a en son temps fait suffisamment évoluer la formule pour ne pas être désagréable à jouer aujourd’hui. Armé de séquences cultes (la scène à dos de styracosaurus) et muni d’une variété satisfaisante, le titre d’Acclaim a encore de réelles qualités aujourd’hui. Dommage que les labyrinthes soient toujours un peu trop présents, même si Nightdive a eu la bonne idée d’activer diverses aides afin de rendre le périple moins tortueux pour un maximum d’homo sapiens.