Toute cette histoire a commencé avec DayZ. Ce mod reposant sur Arma II, paru en 2012, apportait avec lui une idée toute simple : survivre. Face à la nature, les zombies et tout simplement, les autres joueurs. Avec son succès colossal, ce concept a rapidement été repris par une horde de développeurs bien décidés à lui apporter la petite touche qui fera la différence. En décembre 2013, le studio Facepunch rendait sa copie, ou plutôt son brouillon, avec l’Early Access de Rust. Quatre ans plus tard, nous voici face à la version définitive qu’il est grand temps d’ausculter.
Les premiers pas dans Rust
La survie à l’état pur
Pour bien aborder l'expérience si particulière de Rust, il est intéressant de diviser ce test en deux parties avec, d’une part, le gameplay et de l’autre, toute la dimension sociale qui l’entoure. Tout d’abord, sachez qu’il s’agit d’un jeu strictement online, avec des univers persistants, et c’est pour cela que la première chose que vous ferrez sera de choisir un serveur. Après un temps de chargement diablement long (petite pensée à ceux qui n'ont pas SSD), vous vous réveillez nu sur une plage avec dans votre inventaire, une pierre et une torche. Pas besoin de s’appeler Crusoé pour deviner que des vêtements sont tout de même conseillés pour résister aux caprices de la nature. En plus de la température de votre corps, des jauges de faim et de soif seront également à surveiller. C'est parti, il faut désormais survivre.
Pour cela, une gigantesque carte générée de manière procédurale est à votre disposition. Elle fourmille de ressources : du chanvre en guise de tissu, des légumes et des animaux pour se nourrir et bien évidemment, des points d’eau. Cependant, l’une des grandes forces de Rust est également son système de construction qui vous permet de fabriquer des infrastructures, avec pour commencer, une cabane en paille, et pour finir, un château en métal blindé. Là aussi pas de secret, il vous faut frapper avec votre pierre sur les arbres, mais aussi les différents minerais qui apparaissent aléatoirement ici et là pour vous fournir en bois, métal, roche et souffre. Une fois que vous aurez passé cette étape un brin rébarbative, vous n’aurez plus qu’à ouvrir le menu de construction pour vous confectionner une jolie bâtisse. Pour la remplir, c’est dans le menu de craft qu’il faut se rendre pour fabriquer fours, coffres, portes, digicodes et autres éléments indispensables à votre sécurité.
Un travail de fourmi
Et voilà le travail ! Elle n’est pas belle notre petite chaumière ? Fabriquons-nous un arc et allons donc nous balader un peu afin de découvrir le monde qui nous entoure. Les cartes de Rust ont beau être générées aléatoirement, elles possèdent tout de même un certain nombre de lieux préfabriqués allant de l’aéroport désaffecté à la station d’épuration. Et c’est là qu’il faut se rendre pour trouver des ressources plus rares, telles que des plans vous permettant d’apprendre de nouveaux objets, mais également de la ferraille qui vous servira à démonter un bien pour apprendre à le fabriquer par la suite. Pour cela, on casse des tonneaux, on fouille des caisses… Bref, encore ce farm intensif et rapidement embêtant. Cependant, lorsque l’on tombe sur un petit Revolver, c’est une autre histoire. Car Rust compte évidemment beaucoup d’objets, néanmoins il vous faudra jouer de nombreuses heures avant de trouver votre premier fusil-mitrailleur.
C’est là l’un des points forts de Rust, en rendant ces sésames très rares, il parvient à provoquer un sentiment de satisfaction particulièrement jouissif. En tant qu’homme sauvage, il vous faut travailler dur et vous battre véritablement pour revenir à la maison avec du butin. De ce fait, la progression se fait petit à petit et on a vite fait de s’attacher à notre demeure et toutes les ressources durement acquises qu’elle contient. Si tout s’arrêtait là, nous aurions juste affaire à un jeu de survie sympathique et rien de plus, mais comme dans de nombreux romans s’inspirant du mythe de Robinson, l’arrivée des hommes va complètement pervertir notre affaire.
L’enfer, c’est les autres
Car à moins que vous ne jouiez sur un serveur vide de monde, au point où nous en sommes dans l’aventure, vous aurez certainement déjà croisé d’autres joueurs. Et puisque l’on ne peut faire confiance à personne dans ce monde de brute, la plupart du temps, cela se finira avec un vainqueur et un vaincu. Vous pouvez d'ailleurs appliquer cette idée à toutes les activités que nous avons évoquées précédemment. Lorsque vous farmez votre bois, cherchez des objets dans un supermarché abandonné ou même construisez votre maison, il y a toujours une chance pour que l’un de vos semblables débarque dans votre dos, arc ou, dans le pire des cas, AK-47 à la main et vous abatte froidement. La prochaine fois, vous sortirez armé. Mais pourquoi s’entretuer ? Aimons-nous les uns les autres et ramassons du chanvre ensemble ! Raté, Rust ne fonctionne pas comme ça. Même si vous arriverez à nouer des alliances occasionnellement, il y aura toujours un joueur ou une équipe qui viendra vous faire la peau à un moment ou un autre. Et autant vous dire que, comme à l’âge de pierre, tous les coups sont permis.
Car il existe dans le jeu de Facepunch une chose affreuse, le carburant des pires cauchemars : les RAIDS. Pour faire simple, l’arsenal du titre contient un certain nombre d’explosifs, dont le C4, les roquettes et les sacs d’explosifs. Posséder l’un de ces outils extrêmement rares revient à posséder l’arme nucléaire pour un état. Ils vous permettent tout bonnement de pénétrer dans la demeure d’autrui, qu’il soit connecté pour se défendre, ou non. Et c’est bien ça le paradoxe de Rust, on a beau savoir pertinemment qu’une équipe peut débarquer à 4h du matin et tout piller, à chaque nouvelle partie, on a cette envie d’amasser un maximum de ressources pour devenir le nouveau boss de l'univers. Et soyons clair, les patrons des serveurs sont souvent plus de trois par équipe, très (très) actifs et déterminés à rester au sommet, quitte à se lever en pleine nuit pour vérifier que tout va bien. Soyez donc prévenu, beaucoup de joueurs de Rust pourraient être aisément qualifiés de no life. Pas de vacances pour ces gens-là, le Nouvel An ou le soir de Noël sont parfaitement indiqués pour raider…
Vous l’aurez compris, le monde de Rust est impitoyable et voir ses journées de travail anéanties en dix minutes chrono risque de donner quelques sueurs froides à certains d’entre vous. Il s’agit d’un jeu simple dans son concept de base, mais qui peut devenir extrêmement complexe lorsque les rivalités sont trop fortes. Quoi qu’il en soit, souvenez-vous bien qu’à la fin, il n’en restera qu’un... et ce ne sera peut-être pas vous. Pour vous faciliter la tâche, augmenter vos chances de victoire et endurer plus facilement les échecs, nous vous conseillons de jouer à plusieurs si possible.
Il est costaud, mais qu’est-ce qu’il mange…
Côté graphique, Rust affiche aujourd’hui un rendu plutôt agréable à l’œil. Qu’il s’agisse des effets, de la qualité des textures ou du réalisme des animations, nous avons ici affaire à un jeu on ne peut plus respectable. Méfiez-vous toutefois, malgré des progrès évidents sur ce point, le soft consomme beaucoup de ressources et risque de mettre les plus petites configurations à genoux. Pour information, une GTX 980 est listée dans la liste des pièces recommandées.
Continuons notre tour de l’aspect technique avec le menuing qui, malgré quelques légers soucis d’ergonomie ici et là, s’avère tout à fait correct. On comprend assez rapidement comment utiliser et fabriquer les objets, rien de trop embêtant à ce niveau. Côté shoot, nous mettons également un beau pouce bleu puisque les développeurs ont su créer de bonnes sensations de FPS qui nécessitent un peu d’entrainement, tout en restant accessibles. Le bruit d’impact si particulier que provoque une balle lorsqu’elle atteint un crâne fait partie de ces petits détails qui font toute la différence.
Points forts
- La survie bien pensée.
- Graphiquement très réussi...
- Des rivalités parfois excitantes...
- Les bonnes sensations de shoot.
- Le contenu riche.
- Les cartes créées de manière procédurale.
Points faibles
- Du farm, encore du farm.
- ... mais aussi assez gourmand.
- ... et parfois horriblement frustrantes.
On pourrait vous parler de Rust durant des heures, tant son concept simple en apparence se transforme en une expérience incroyable lorsqu’il s’applique à un groupe de joueurs rivaux. Frustrant, jouissif, exaspérant, jubilatoire, le titre de Facepunch vous fera passer par des hauts et des bas qui laisseront certainement de nombreux souvenirs et quelques cauchemars. Mais en raison de la grande liberté qui est offerte aux joueurs, la qualité de cette expérience sera fortement dépendante du serveur sur lequel vous évoluerez et c’est ici que le concept détonant de Rust montre ses limites. Si vous tombez bien, ce jeu de survie saura rapidement vous offrir des sensations largement au-dessus de ce que l’on peut trouver chez la concurrence grâce à une expérience bien pensée et peaufinée. Vous aimez la survie et les confrontations musclées ? Alors foncez !