Steve Jobs, Elon Musk, autant de noms que nous connaissons bien et dont le point commun tient en un seul mot : entrepreneur. Quoi ? Vous voulez vivre la même expérience ? Cela tombe bien, nous avons ça en stock ! Startup Company est un jeu de simulation orienté bac à sable qui nous met dans la peau d’un chef d'entreprise à l’orée de son aventure dans le monde du travail. Développé par un seul homme, Jonas Hovgaard au sein de son studio Hovgaard Games, le titre est un superbe hommage aux jeux de simulation. Mêlant simplicité, profondeur de gameplay et liberté, nous avons là une excellente addition au genre. Voyons ce qu’il en est.
Des débuts fidèles à l’esprit start-up
Tout bon entrepreneur vous le dira, fonder une start-up est loin d’être une tâche aisée. Chaque ressource, chaque minute comptent pour que la fin du mois ne se transforme pas en cauchemar financier. Dans le présent titre, c’est exactement le credo employé. Dès le début, impossible de passer outre la case banque dans le but d’obtenir un prêt et débloquer des capitaux initiaux afin de démarrer notre activité. Nous faire dépendre d’obligations financières aussitôt la partie commencée peut paraître assez rude, mais traduit la réalité du monde entrepreneurial. Sans fonds propres, investisseurs, ni prêts, point de lancement.
De la même façon, la suite sera loin d’être clémente et votre premier mois se résumera à accomplir contrat sur contrat tout en faisant très attention aux délais demandés. Un employé ne peut pas tout faire et le recrutement doit être minutieux pour ne pas faire face à des frais trop importants. Afin de renforcer cet aspect de réalisme, un autre détail particulier retient notre attention : l’absence de tutoriel.
Quelques secondes après avoir enfilé votre costume d'homme d'affaires, vous recevrez un mail du créateur du jeu, consultable via l’interface et indiquant plusieurs bullet points. Startup Company étant encore en bêta, les astuces et autres aides ne sont pas encore disponibles. En revanche, quant au tutoriel le mystère reste entier puisqu’il n’est mentionné nulle part. Si cette décision pouvait être revue à l’avenir, elle apporte un certain charme à l’expérience. Nos premiers jours en tant que chef d’entreprise sont une véritable pataugeoire dans laquelle on prend plaisir à tenter de garder la tête hors de l'eau. On découvre par nous-mêmes, on apprend et seules les indications du prêt ainsi que celles du directeur des ventes viendront faire office de guide. Le reste ne tient qu’à vous. Cette absence de direction fait à la fois honneur au genre de la Simulation auquel Startup Company appartient, tout en mettant en lumière la conception du jeu lui-même.
Des interfaces agréables et intuitives
En arrivant devant ces 4 murs vides, une seule chose nous traverse l’esprit...toucher à tout. Tel un enfant qui fait ses premiers pas dans le nouveau monde, nous cherchons à comprendre la situation. Un menu après l’autre, on vagabonde afin de définir le cadre de notre expérience de jeu. C’est là que nous faisons connaissance avec une interface agréable à l’œil et qui fait preuve d’une inspiration remarquable. Dès l’écran de recrutement, des textes nous expliquent ce que chaque critère permet de faire, ses tenants, ses aboutissants. C’est l'un des points forts du titre puisque chaque question que l’on pourrait avoir est approchée via ces paragraphes mêlant l’essentiel à la discrétion. Une intégration qui fait mouche et qui nous laisse nous immerger sans briser le 4ème mur.
En bon jeu de gestion, on dénotera également cette vue d’ensemble que proposent nombre de titres de simulation/gestion tel que Game Dev Tycoon, à la charte graphique proche. Une caméra positionnée au-dessus de tout sans pour autant s’en contenter. Via les interfaces, nous retrouverons aussi des aides afin de suivre notre situation. Concernant cette assistance visuelle, les contrats sont une excellente preuve supplémentaire des aides de gestion. A ce sujet, attardons-nous sur les transactions qui requièrent plus d'attentions.
On évalue la proposition avec les éléments demandés, le temps de production nécessaire sans considération de stocks préexistants, le délai indiqué, etc. Chaque composant voit à côté de son nombre requis une parenthèse traduisant l’inventaire à notre disposition. Si le nombre est insuffisant, l’icône entière se décolore, permettant une lecture et une décision rapide. Pratique quand on cherche à optimiser.
L’optimisation qui murmurait à l’oreille du joueur
Après l’interface et la philosophie du titre, penchons-nous sur une partie qui séduit une myriade d’amateurs et amatrices de simulation : l’optimisation. Arrivant après la stabilisation financière de votre start-up et sa relative croissance, vient le moment de disposer d’un certain confort. Un moment de calme après la tempête, qui va déterminer une expérience propre à notre style de jeu. De notre côté, nous nous sommes majoritairement concentrés sur l’optimisation de la réponse aux contrats, choisissant de souhaiter l’arrivée des composants à la seconde suivant leur prise. Malgré tout, il est tout à fait possible de choisir un hybride en mêlant contrats et développement de produit ou bien de partir vers un produit précis en s’y plongeant corps et âme. Un plaisir d’optimisation qui ne nous limite pas à des critères définis, mais qui nous laisse une certaine carte blanche.
Finies les statistiques précises de réussite d’un certain Game Dev Tycoon, ici, vous êtes libre de bâtir votre succès sur vos propres choix. De plus, rien ne vous empêche de découvrir les pans délaissés par le passé pour les redécouvrir lorsque votre situation est ô combien confortable. Vous brassez des centaines de milliers de dollars de contrat en une unique journée ? Pourquoi pas devenir autonome avec la simple commercialisation d’un produit ?
Une excellente base avec ses défauts
Le ton dithyrambique adopté jusqu’alors a beau être mérité, il n’exempte par Startup Company de quelques erreurs. Prenons un premier exemple du côté des employés. Si leur système permet d’automatiser les tâches via l’emploi d’un manager, il est un achat de licence systématique pour chaque nouvel employé. Cela fait partie de l’aspect d’optimisation et permet de spécialiser les nouvelles recrues. Néanmoins, on aurait apprécié la possibilité de sauvegarder des presets, un pack de licences appliqué à des recrues antérieures, évitant ainsi le rachat un à un des items en question.
Passons à présent du côté des contrats, principal défaut à mon sens à l’heure actuelle. Dès les premiers instants, nous comprenons vite que les délais indiqués par ces obligations ne sont pas en heures ouvrées, mais incluent la nuit, temps où personne n’est présent pour travailler. Un fait qui, s’il est insignifiant en stade avancé de jeu, est particulièrement perturbant en début d’aventure. Je compte de nombreuses occurrences où, pensant avoir le temps, j’acceptais un accord et finissait par me retrouver d’un seul coup avec 4 heures devant moi alors que le travail en demandait 8. Un travers de réalisme qui incite à prendre plus de précautions sans pour autant être critique.
Un autre point vis-à-vis des contrats concerne les enchères, moyen d’affronter la concurrence et d’obtenir une légère rentrée supplémentaire d’argent par rapport à un prix fixe. On se rend vite compte du hasard qu’elles renferment.
Ne connaissant pas la valorisation individuelle des éléments demandés, ni même d’un éventuel coût de main-d’œuvre, les indications «Pas cher, Moyen et Cher» deviennent insignifiantes. C’est en répétant un grand nombre de contrats que vous comprendrez les paterns choisis. Un certain critère d'urgence allant de "Normal" à "Critique" influencera les tarifs à la hausse ou à la baisse. Après de nombreuses itérations, il sera possible de connaître à l'avance le prix approximatif proposé par les concurrents selon cette information. De ce fait, l'évaluation "Pas Cher" ou "Cher" ne sera plus votre seule base de jugement, détournant l'intention première de celle-ci lors de sa conception.
Des idées ? Quelqu’un ?
Étant en phase de bêta, je pense que ce test ne serait pas complet sans d’éventuelles idées sur le futur développement du titre. On ne sait jamais, certaines propositions pourraient être retenues au cas où le créateur poserait les yeux sur cet écrit.
Tout d’abord, débutons avec l’obtention des contrats. Celle-ci pourrait être influencée par un pourcentage variable, amélioré par un respect des délais au fil des accords donnés, le peu de commandes annulées ou encore l’avance prise dans le rendu. Un moyen permettant d’éviter une acquisition des marchés en enchères, uniquement basée sur les tarifs les plus bas, malgré une logique économique très présente dans le monde réel.
Une réflexion commerciale que l’on pourrait aussi retrouver avec la possibilité d’acquérir des concurrents via la bourse. Si on peut acheter 100 % des titres disponibles sur le marché d’un adversaire, on ne peut avoir aucun impact dans ses décisions ou réaliser des OPA. Il est aussi possible d’imaginer la proposition de nos propres contrats à ces mêmes voisins commerciaux.
Outre cette considération des relations B2B, il ne faut pas omettre un élément ô combien important : les clients. Dans cette optique, nous pourrions imaginer disposer de possibilités accrues avec le Marketing tels des événements en centres commerciaux, des achats d’espaces publicitaires plus précis en physique ou dématérialisés.
Enfin, afin de clore le débat, nous n’oublierons pas le principal moteur d’une entreprise : les employés. Avoir la possibilité d’influencer leur bonheur autrement que par l’achat d’objets dans l’espace de travail est un des éléments pouvant apporter un supplément de réel. Des augmentations, d’autres avantages, des vacances prolongées, des RTT, par exemple, autant de choses que l’on retrouve déjà dans nos propres vies quotidiennes.
Points forts
- Une philosophie proche de la réalité
- Une conception claire et bien intégrée
- Un large éventail de directions à prendre
- Une optimisation qui n’est pas oubliée
- Un jeu qui tourne très bien techniquement
Points faibles
- Des contrats un peu trop aléatoires en enchères
- La non-considération des heures ouvrées
- La nécessité de racheter une à une des licences à chaque nouvelle recrue
Startup Company est un excellent titre alors même que ce dernier n’est encore qu’en phase de bêta. Avec une profondeur de gameplay déjà bien établie laissant néanmoins une certaine liberté d’action, il n’oublie pas l’optimisation chère à nombre d’amateurs de simulation. Si certains défauts viennent tout de même entacher une copie dithyrambique, ces derniers restent mineurs et laissent présager une suite de développement prometteuse.