Une mignonne petite souris, des environnements enchanteurs sous forme de tableaux à explorer au gré des mouvements de votre tête, Moss propose une belle alchimie entre action, aventure et énigmes spécialement conçues pour la réalité virtuelle. Exclusif au casque PlayStation VR, le titre de Polyarc avait fait très bonne impression lors de sa révélation durant la conférence Sony de l’E3 dernier. Un bon ressenti qui se confirme désormais à l’heure du test. Préparez-vous à tomber sous le charme de Quill.
La réalité virtuelle aurait-elle trouvé sa nouvelle mascotte ? C’est en tout cas ce que l’on ressent après avoir retiré le PlayStation VR de notre tête au terme d’une aventure certes courte, mais pleine de charme et d’intelligence. Moss est une fable bourrée de bonnes idées, une petite pépite qui, non-contente de proposer un très bon jeu d’aventure pensé pour toute la famille, sublime aussi son concept grâce à l’utilisation ingénieuse de la réalité virtuelle.
Vidéo-test Moss - Le PSVR nous offre un conte enchanteur !
Il était une fois, Quill
Tout débute tel un livre de contes sous les voûtes d’une immense cathédrale. L’histoire de Moss se déroule au fil des pages d’un ouvrage que le joueur fait défiler à l’aide de la reconnaissance de mouvements de la Dualshock 4. Rangez vos PS Move, Moss ne nécessite aucun autre accessoire qu’une simple manette de PS4 pour être parcouru. Une simplicité d’utilisation qui se traduit par des commandes très intuitives. Moss nous narre les aventures de Quill, une petite souris blanche aux grandes oreilles et au regard plein de facétie. Par ses animations, sa petite taille et sa bouille à croquer, l’héroïne fait tout de suite exploser le compteur du mignon.
L’histoire actionne les leviers classiques du conte : tout débute lorsqu’une ancienne magie refait surface dans le but de trouver l’élu(e) capable de repousser le mal qui ronge le royaume depuis des années. Chassés de leur foyer par l’horrible serpent Sarffog, Quill et les siens se cachent depuis dans la forêt, protégé de la menace par l'épaisse végétation des lieux. Mais lorsque la petite souris découvre un ancien artefact magique, son destin se retrouve lié à celui du Lecteur, une entité divine incarnée par le joueur. Elle en informe son oncle Argus qui décide de partir enquêter sur le phénomène mais se fait capturer par l'ennemi. Quill prend alors son courage à deux pattes et se lance à son secours aidée par nos pouvoirs magiques.
La narration de Moss, disponible en plusieurs langues dont une excellente version française pleine de conviction, opère entre chacun des sept chapitres un retour au sein de la cathédrale afin que le joueur fasse défiler les pages d’un nouveau pan de l’histoire de Quill. Le tout prend des airs de belle histoire pleine de bravoure et de dangers que l’on aimait écouter lorsque l’on était enfant.
À deux, tout est possible
Moss propose un double système de contrôles, on dirige Quill à l’aide du stick de la manette et l’on manipule aussi dans le même temps certains éléments du décor grâce à nos pouvoirs de Lecteur afin d’aider la petite souris à progresser. Chacune des scènes du jeu prend la forme d’un superbe tableau où l’on devra gérer à la fois les déplacements de l'héroïne et nos capacités de divinité grâce à la reconnaissance de mouvements de la manette. Le tout s’imbrique de manière ultra intuitive dans un simili jeu de coopération avec soi-même.
L’alliance entre le rongeur et le joueur fonctionne à merveille dès les premières minutes de l'aventure. Si Quill peut bondir et attaquer à l’aide de son épée, elle est en revanche incapable de soulever de lourdes charges et de déplacer certains éléments liés aux énigmes. C’est ici que le joueur intervient à l’aide d’un pointeur à l’écran symbolisé par une sphère bleue dirigée par la zone lumineuse au dos de la manette Dualshock 4. Grâce à ce pouvoir, nous pouvons pousser des blocs de pierre, soulever des plateformes et même prendre le contrôle de certains ennemis afin de les utiliser à notre avantage. Les capacités du joueur et de Quill sont en ce sens complémentaires et l’un ne pourra pas avancer sans l’autre. La complicité avec la petite héroïne est renforcée par la présence de nombreux éléments : Quill nous observe, attire notre attention sur certains éléments du décor, tend la patte pour nous féliciter après chaque réussite, bref, difficile de ne pas tomber sous le charme du rongeur au bout de quelques tableaux seulement !
Beau comme un tableau
Difficile aussi de résister à la beauté visuelle des décors du titre. Moss est découpé en une succession de tableaux à observer tels de véritables décors miniatures confectionnés avec l’amour du détail. Du calme paisible de la forêt et de ses ruines recouvertes oubliées, on évolue par la suite dans un ancien temple où chaque salle propose une énigme différente avant de nous diriger vers les abords du château ou notre oncle serait retenu captif. Nulle crainte à avoir pour les joueurs sensibles au motion sickness (vertiges liés à la réalité virtuelle) puisque l’expérience VR proposée ici n’est pas de celle à imposer des mouvements constants de la tête pour se mouvoir.
Si Quill sort du champ de vision du joueur, sa silhouette est instantanément visible à travers les murs de manière à ne jamais perdre de vue notre aventurière. En revanche, il serait fort dommage de ne pas profiter de l’utilisation exemplaire de la profondeur dans chacun des tableaux. Il suffit de se pencher, de tourner la tête pour constater à quel point Polyarc s’est appliqué à peaufiner chaque élément d’un univers construit à la manière de diorama à observer sous tous les angles. C'est d'ailleurs l’occasion de dénicher des parchemins planqués un peu partout dans les recoins du jeu afin de reconstituer un vitrail au sein de la cathédrale.
Moss encourage vivement le joueur à faire varier les angles de vue pour mieux démêler la résolution de certaines énigmes. Là un interrupteur nécessite la prise de contrôle d’un insecte mécanique tandis que Quill actionne de son côté un levier, ici l’œil d’une sentinelle menace la petite souris si le Lecteur ne prend pas soin d’interposer un panneau devant son regard mortel. Chacune des scènes du jeu parvient à renouveler notre enthousiasme grâce à de constantes additions de petites mécaniques de gameplay, simples, mais loin d’être simplistes. La technique sert donc à renforcer l'immersion, par de subtiles jeux de lumière déjà et par la capacité de l’Unreal Engine à dépeindre la magie de ce monde.
Court, mais intense !
Si la plupart des scènes du jeu impliquent des énigmes environnementales, Quill devra parfois en découdre de manière plus directe avec le danger. Les combats restent ici volontairement basiques pour ne pas rebuter l’amateur d’expérience calme et relaxante. Armée de son épée, notre tout mignon personnage est capable d’enchaîner une série de trois attaques, de sauter et d’esquiver. En cas de dégâts, le joueur peut soigner Quill en pointant son halo de lumière sur elle et en puissant dans une réserve d’éclats récolté en détruisant certains éléments du décor (barils, mobilier, etc.). Mis à part la présence d’un indicateur de niveau d’éclat sur la besace du personnage, aucun élément d’interface ne vient interférer avec l’immersion totale du jeu. On ne trouve que trois types d’ennemis tout au long du jeu, des scarabées dédiés corps-à-corps, leur variation à distance et des créatures kamikazes ; chaque adversaire peut être contrôlé par le joueur afin de participer à la résolution de certaines énigmes. L’équilibre entre action, plateforme et réflexion est dosé avec justesse au fil des quatre à cinq heures nécessaires pour boucler cette première aventure.
Une durée de vie qui pourrait sembler un brin maigrichonne, mais qui traduit la volonté du studio d’embarquer le joueur dans un récit certes court, mais intense. Polyarc laisse d’ailleurs entendre que d’autres chapitres des péripéties de Quill pourraient arriver par la suite. On ignore tout pour le moment des plans des développeurs, mais la possibilité d’une suite est clairement évoquée en fin de jeu. Un mot enfin sur la bande-son du titre, qui à l’image de son univers bourré de charme, aura participé à notre totale immersion dans cette fable pleine d'arguments en sa faveur.
Points forts
- Des décors enchanteurs à observer sous tous les angles
- Quill, un personnage à croquer !
- Un double gameplay intuitif et maîtrisé
- Excellente utilisation de la réalité virtuelle
- Narration et bande-son engageantes
- Des énigmes intelligentes
- Un conte à destination de toute la famille
Points faibles
- Une aventure un peu courte
- Casting d’ennemis peu varié
- Faible rejouabilité
Aussi malin que mignon, Moss propose une combinaison singulière de contrôles directs d’un petit personnage à croquer et d’interactions avec ses décors en réalité virtuelle. Le tout s’entremêle avec brio dans un conte interactif plein de charme et de bonnes idées à la patte visuelle enchanteresse. Destiné à tous les publics, le seul petit défaut du jeu résiderait dans sa faible durée de vie, un écueil qui ne parvient néanmoins pas à le déloger de son statut de nouvel ambassadeur de la VR sur le casque de Sony. Après tout, les plus grandes aventures naissent parfois dans les plus petites choses non ?