Xcom à l'envers

Dans Attack of the Earthlings (AotE), vous prenez le contrôle d’une race extraterrestre bien déterminée à défendre son monde d’origine contre d’affreux envahisseurs capitalistes humains. Le titre combine le combat au tour par tour et la furtivité dans une campagne solo à la fois sombre et comique. Sans révolutionner le genre, le titre propose sa propre lecture du tour par tour portée par une trame narrative pleine de cynisme. On lutte ici contre le projet de Galactoil, une société spécialisée dans l'extraction d'énergie aux méthodes radicales. La mega-corporation parcourt en effet l'univers à bord de son immense vaisseau foreuse afin de drainer l'énergie des planètes pour se remplir les poches. Manque de bol, leur dernière cible, un caillou paumé baptisé X13 leur réserve une petite surprise en la présence d'une race insectoïde, les Swarmers (ou Essaimeurs en vf), bien décidée à tous les dévorer.

Le joueur évolue au sein du vaisseau extracteur humain, une immense foreuse industrielle découpée en plusieurs étages, tous dédiés à une mission particulière. La zone est peuplée d’agents de maintenance un brin débiles, de tourelles de sécurité et de gardes parfois armés jusqu'aux dents. Chaque mission débute avec une seule et unique unité alien, la Matriarche qui devra survivre coûte que coûte jusqu’à la fin de la mission en cours.

Notre objectif diffère selon les étages, mais impliquera par exemple de détruire certaines installations, d'éliminer un certain nombre de membres du personnel ou de progresser vers une zone en particulier. Si notre Matriarche peut attaquer, on comptera avant tout sur ses capacités à créer d’autres petites unités pour se constituer une armée personnelle d'alien. Il faudra pour cela utiliser des points de biomasse à collecter en dévorant les cadavres, qu’ils soient humains ou aliens. Petits et fragiles dans leur état initial, les aliens invoqués pourront ensuite évoluer en unités bien plus puissantes et utiles grâce à un investissement en biomasse.

Il existe trois types d’unités alien à créer pour faire face à différents types de situations : le Stalker, le minion de base, petit et discret, il peut se muter en deux créatures plus évoluées. La première est le Goliath, qui comme son nom le laisse supposer, inflige de lourds dégâts et peut encaisser plus de dommages. Le second prend la forme d'un Disrupteur, une unité basée sur la distance capable de projeter sa bave corrosive afin d’infliger des dégâts.

Pauvre Carlos

Toute la stratégie de Attack of the Earthlings consiste donc à tenter d'accumuler et de conserver le plus de biomasse possible en éliminant les humains afin de se constituer un cortège d'unités alien capable de nous aider à progresser dans les niveaux. Les Essaimeurs ne sont pas vraiment très résistants, mieux vaut donc privilégier l'approche discrète et tendre des embuscades à vos cibles. Fort heureusement, qui dit complexe industriel, dit recoins et conduits d'aération dans lesquels se planquer. Si les interactions avec le décor ne sont pas nombreuses, elles rajoutent tout de même un degré supplémentaire de tactique à la proposition de ce XCOM Like.

Chacune des unités dispose d'un nombre défini de points d'action à utiliser durant son tour pour se déplacer, attaquer, dévorer un cadavre ou encore recracher une nouvelle unité dans le cas de la Matriarche. Aux employés de base peu efficaces de Galactoil viennent peu à peu se greffer des forces plus coriaces contre lesquelles de nouvelles approches seront à adopter. Nos unités causent un nombre prédéfini de dégâts et parfois une seule attaque ne suffit pas à éliminer une cible ; c'est ici qu'intervient la mécanique d'attaques combinées qui permet à plusieurs aliens de synchroniser leurs assaut lors d'un seul et même tour pour frapper l'ennemi sans lui laisser le temps de riposter ou de déclencher une alerte. Parmi les mécaniques de gameplay, citons aussi la possibilité de se cacher dans de grosses boîtes en carton ou d'utiliser les conduits de ventilation pour se déplacer plus rapidement dans les niveaux. À la fin de chaque mission, vos points de biomasse restants sont convertis en ressource à utiliser pour améliorer les aptitudes de nos unités dans un arbre de talent à quatre branches.

Peut-être un peu court

L'une des réussites du jeu réside dans sa capacité à proposer un panel toujours renouvelé d'objectifs principaux. Car si les petites tâches secondaires se répètent (abattre un certain nombre de gardes, neutraliser des machines, etc.), la trame principale ne se contente pas de nous demander d'éliminer la menace humaine, elle joue à la fois avec les codes du tour par tour et avec l'inversion des rôles. Perturber une fête d'anniversaire, s'infiltrer dans des zones ultra surveillées, contrôler mentalement ce pauvre Carlos, chaque étage de la foreuse représente un défi unique.

L'autre réussite du jeu réside dans son écriture et son humour so bristish. Une narration rythmée par les annonces sarcastiques du big boss de Galactoil, on progresse dans le monde merveilleux de la bureaucratie dans un savoureux mélange de The Office, d'Alien et de critique du milieu de l'entreprise. Bref, préparez-vous à sourire plus d'une fois. On pourrait finalement reprocher deux choses à Attack of the Earthlings, sa grande facilité et sa durée de vie un peu courte. Comptez moins de dix heures pour en venir à bout et bien moins si vous êtes un habitué du genre du tour par tour stratégique.