Premier projet de Piece of Cake Studios à s'infiltrer sur Steam, Hacktag est enfin sorti après deux bonnes années de développement et de présentations sur les salons. Avec l'ambition de remettre au goût du jour les jeux coopératifs, le titre n'a cessé de proposer de nouvelles mécaniques et défis à réaliser en binôme tout au long de son accès anticipé débuté en juin. Mais après de belles promesses, le jeu en coopération asymétrique parvient-il à faire de sa proposition un jeu complet, qui saura séduire les joueurs en mal de titres du genre ?
Sésame ouvre toi !
Hacktag se présente donc ainsi : deux joueurs se retrouvent pour endosser respectivement le rôle d'un personnage sur le terrain, et celui d'un hacker en charge d'infiltrer le réseau pour aider son comparse à progresser. De ce fait, chaque joueur doit agir pour l'autre en ouvrant les portes, en désactivant les caméras, ou encore en trompant la vigilance des gardes en faisant sonner le téléphone, le tout dans le but de récolter des données ou encore d'atteindre l'ordinateur central. L'entraide est primordiale dans le titre et autant dire que le concept fonctionne très bien, du moment que l'on possède un moyen de communiquer. Hacktag est d'ailleurs très malin de ce côté-là puisqu'il incorpore un principe de scoring malheureusement trop discret et assez accessoire (malgré un leaderboard), incitant parfois à laisser son camarade de côté pour pirater un ordinateur ou deux. De plus, certains éléments faisant office d'étapes demandent une coopération plus poussée, comme par exemple faire coïncider des codes d'accès, débloquer un terminal pour que le hacker puisse accéder à une nouvelle partie du réseau, ou encore retrouver divers symboles avant d'aller, à deux, se connecter à un serveur pour déverrouiller la suite de la mission.
Si les mécaniques de coopération sont bien trouvées et fonctionnent parfaitement, on note toutefois une certaine répétitivité dans ces dernières, et la multiplication des missions donnera un certain sentiment de redondance. De même que le game design, qui parvient cependant à surprendre en déplaçant certains éléments, dont les caméras, les gardes et les ordinateurs cibles, afin de renouveler l'intérêt de jeu. Grâce à l'expérience acquise à la fin de chaque mission, les joueurs débloquent des skills, utilisables par trois, permettant d'accélérer le piratage, d'avoir droit à une erreur ou encore de pirater tous les ordinateurs d'une pièce. Egalement, des coffres contenant des éléments cosmétiques sont à débloquer en fin de mission afin de personnaliser jusqu'à six personnages.
Mission progressivement impossible
Si le joueur infiltré sur le terrain doit éviter les gardes, le hacker doit lui faire attention à ne pas alerter ou se faire attraper par un anti-virus. Si l'un ou l'autre se fait capturer, le second joueur devra se rendre là où le premier est retenu dans le temps imparti pour ne pas faire échouer la mission. On en vient donc logiquement à évoquer le sujet de l'intelligence artificielle. Cette dernière est suffisamment équilibrée pour ne pas rendre fou, mais passe parfois en mode sniper quand, à d'autres moments, on lui passe sous le nez sans problème. Heureusement, ces deux extrêmes sont rares et la plupart du temps, les niveaux d'alertes des antivirus comme des gardes sont bien calibrés.
Dans tous les cas, les joueurs perdront quelques points en route. Au sein des niveaux de difficulté les plus bas, des continues existent, mais dès qu'on atteint les hautes difficultés, ces derniers sont limités voir inexistants, rajoutant une pression supplémentaire qu'il est très agréable de vivre à deux. Là encore, Hacktag brille en proposant un challenge progressif mettant à rude épreuve les joueurs, et les derniers niveaux de boss sont particulièrement retors, de quoi satisfaire les acharnés du score et de l’exécution parfaite.
Oh parle-moi...
Dans l'ensemble, la proposition fonctionne très bien, que ce soit en local ou en ligne avec un micro. Cependant, dès lors que l'on sort de la configuration « deux joueurs et un micro », c'est beaucoup plus compliqué. Sans vocal, des émoticônes et des alertes sont censées guider les joueurs, mais ces dernières sont trop limitées et les puzzles sont trop dépendants d'une communication précise pour que cela fonctionne correctement. On privilégiera donc l'ajout des joueurs rencontrés et l'utilisation d'un serveur vocal pour profiter réellement du jeu, qui ne se révèle sous son meilleur jour que dans cette configuration.
De la même manière, la présence d'un mode solo est louable, mais n'est en réalité qu'une transposition du mode classique, dans lequel le joueur switch entre les deux rôles. On comprend l'idée derrière l'ajout du solo, mais ce dernier ne se démarque d'aucune manière que ce soit, en ne possédant pas une approche propre. Il n'apporte donc rien de plus à l’expérience et se trouve être assez peu jouable car les missions, calibrées pour la coop, demandent un timing commun et une réactivité simultanée. Ainsi, Hacktag s'égare dans des à-côtés qui n'étaient pas nécessaires, pouvant tromper le joueur sur la nature et la qualité réelle du jeu.
Ma technique ? Simplicité, efficacité.
Côté visuel, le titre a opté pour un style bd avec des personnages anthropomorphes masculins ou féminins allant du chat au lapin, en passant par le cerf ou le raton-laveur dans une vue en 3D isométrique. Si la direction artistique n'est pas très marquante, elle a le mérite de rendre le jeu propre, lisible et agréable à regarder grâce à un mélange très bien vu de technologie et d'art déco. Par ailleurs, les menus sont très clairs et on sait parfaitement où l'on va et comment rejoindre une partie. Néanmoins, l'interface de mission envoie trop d'informations, et il est assez compliqué de s'y retrouver en début de jeu. Également, le titre tourne plutôt très bien sauf à de très très rares exceptions qui peuvent être l'apparition soudaine d'un garde ou l'impossibilité d'utiliser un terminal. Nul doute que ces quelques impairs seront corrigés rapidement. La prise en main est quant à elle un peu laborieuse avec une inertie faisant que l'on rate souvent un ordinateur à pirater, ou que l'on se retrouve dans le champ de vision d'une caméra ou d'un garde sans le vouloir. Ce problème peut néanmoins être réduit en modifiant la sensibilité du stick, mais pas avec les commandes clavier/souris.
Enfin, le scénario fait office de prétexte en prenant pour cadre la lutte contre des corporations, faisant référence à des entreprises que les joueurs sauront reconnaître. Si ce dernier n'a pas réellement d'intérêt autre que de donner un cadre, les briefings d'avant mission sont souvent drôles et recèlent quelques répliques bien senties. Et de toute manière, on ne lance pas Hacktag pour son histoire, mais bien pour ses niveaux et ses défis.
Points forts
- Un vrai jeu de coopération
- Le challenge à la hauteur de la proposition
- La recherche de l'exécution parfaite
- Les deux rôles sont aussi intéressants l'un que l'autre
Points faibles
- Laborieux à jouer sans micro
- Le solo n'apporte rien
- Plus de casse-têtes auraient limité la répétitivité
- Prise en main perfectible
Hacktag est un titre dont la proposition centrale est originale, surprenante, mais surtout convaincante qui vaudrait seule un 15 ou un 16. Ses mécaniques coopératives et asymétriques répondent parfaitement au défi progressif que propose le titre, et dès qu'on se concentre sur le cœur du jeu, on y prend un réel plaisir, d'autant que les missions sont rejouables et qu'on se prend vite au jeu de s'améliorer et de viser la note parfaite. Cependant, le titre s'égare du fait d'ambitions un peu trop élevées en proposant un solo inintéressant et difficilement jouable, quand les parties sans possibilité de se parler directement deviennent laborieuses. Malgré tout, si vous cherchez un jeu en coopération et que vous avez des amis ou des proches disposés à participer, vous passerez un réel bon moment. C'est un bon jeu, qui paye simplement d'avoir voulu en faire un peu trop.