Les studios OMEGA Force sont réglés comme du papier à musique et pas un semestre ne passe sans qu'un nouveau Musou sorte de leurs chaînes de production. La Chine des Trois Royaumes déterre une nouvelle fois la hache de guerre avec Dynasty Warriors 9, un neuvième épisode canonique séduit par l'appel libertaire des mondes ouverts. Mais ce besoin moderne d'évasion sublime-t-il la formule ? Réponse l'épée à la main sur le champ de bataille.
Trois Royaumes sous haute tension
La saga Dynasty Warriors s'est toujours intéressée à l'histoire des Trois Royaumes et ce 9e épisode ne fait pas exception à la règle. Dynasty Warriors 9 vous invite à (re)découvrir ce récit épique qui retrace, non sans une pointe de fantaisie, les événements à l'origine de la création des royaumes de Wei, Wu et Shu, et aux dissensions qui ont suivi. Cependant, la narration est minimaliste et ne rend que trop peu hommage aux complots et trahisons qui émaillent cette fable guerrière. Les cinématiques et les conversations ponctuent machinalement un récit linéaire découpé en chapitres qui privilégie l'efficacité au détriment de l'épique.
La franchise s'est toujours démarqué par la qualité de son casting 5 étoiles et Dynasty Warriors 9 met les bouchées doubles en absorbant l'intégralité du roster de son prédécesseur sans oublier de piocher également dans d'autres productions du studio (Warriors All-Stars...). Plus d'une centaine de personnages au total vivent et meurent par l'épée au cours de cette épopée historique romancée. Et les habitués de la licence seront enchantés à la simple idée de ces retrouvailles, avec en prime des sous-titres en français. Les réfractaires à l'anglais n'ont désormais aucune excuse.
Et la patience sera votre plus fidèle allié pour venir à bout de cette histoire s'étalant sur plusieurs générations et à la durée de vie impériale. La générosité n'a jamais été par le passé un point faible de la série et Dynasty Warriors 9 se veut le garant de cette tradition.
L'insouciance de la jeunesse
Un empire en monde ouvert
Pour la première fois de son histoire, la franchise Dynasty Warriors répond à l'appel des grands espaces et revisite enfin un genre qui s'est trop longtemps reposé sur ses acquis. Les environnements confinés ne sont plus qu'un lointain souvenir, car Dynasty Warriors 9 étanche sa soif de liberté avec la manière. Les Trois Royaumes s'étendent à perte de vue et réservent bien des surprises aux curieux qui ont l'audace de parcourir ces terres en proie à la guerre. Villes et villages, monts et vallées, et activités secondaires composent un immense tableau, une invitation au voyage propice au dépaysement... en théorie seulement.
La diversité des biomes traversés, le cycle jour-nuit et la météo dynamique ne peuvent dissimuler bien longtemps l'absence de vie qui caractérise cette “Chine” féodale bâtie par les artistes d’Omega Force. Et la réalisation technique, bête noire du studio, accentue ce goût d'inachevé. Clipping et tearing ne sont que la partie émergée de l'iceberg. Les nombreuses chutes de framerate face aux dizaines voire centaines d'ennemis affichés simultanément ne plaident pas en faveur de ce Dynasty Warriors qui semble avoir toutes les peines du monde à maintenir le cap des 30 images par seconde.
Au-delà de ces préoccupations techniques, les intentions de Dynasty Warriors 9 sont louables et soufflent un vent de fraîcheur sur une formule éculée. Ce monde ouvert n'est pas un caprice de créatifs. Il ajoute aux conflits une dimension stratégique à ne pas négliger. Les lignes de front évoluent en temps réel au gré des mouvements de troupes et les décisions prises dans la mêlée influencent la progression du récit. Inutile de se ruer sur l'ennemi la fleur au fusil quand l'affaiblir au préalable garantit la victoire. Dynasty Warriors 9 embrasse le concept de guerre totale et impose une certaine discipline militaire, une première dans un Musou.
Balade nocturne près de la ville de Shiting
Les dieux de la Guerre
L'exploration des Trois Royaumes modifie seulement en surface ce Dynasty Warriors qui demeure dans son ADN un Musou pure souche. Les combats à 1vs1000, quintessence du genre, répondent présents à l'heure de fracasser des centaines de fantassins dans la joie et l'allégresse. Les habitués prendront leurs marques en quelques minutes, bien que le système de combat ait subi plusieurs ajustements. Les attaques Musou reviennent plus dévastatrices que jamais. Mais la révélation provient des actions contextuelles (Reactive Attack) et des coups spéciaux (Trigger Attack) qui dynamisent les phases d'action et brisent la monotonie d'affrontements souvent répétitifs à la longue.
Cibler les officiers reste la seule manière d'écourter des batailles qui s'éternisent. Le véritable défi se trouve dans ces combats de boss à la difficulté rehaussée en comparaison des capitaines et sergents dont les cadavres jonchent les plaines des Trois Royaumes. Et vos seuls talents de bretteur ne suffisent pas. Seule la montée en puissance de vos héros vous permet de rivaliser avec les guerriers de légende de Dynasty Warriors. Et dans ce domaine, le titre édité par Koei Tecmo recycle à bon escient les mécaniques RPG des précédents épisodes.
Chaque élimination, chaque mission et autres quêtes annexes... octroie des points à répartir pour accroître santé, force, vitesse... Ce Musou s'autorise même quelques fantaisies en cours d'aventure avec à titre d'exemple l'ascension d'une montagne pour admirer le point de vue, une bouffée d'air frais accueillie à bras ouverts. Et votre efficacité au combat dépend également des armes, des accessoires et des items achetés ou craftés auprès des marchands de la région. Un éventail de boutiques est mis à votre disposition pour faire vos emplettes et ainsi accéder à la toute-puissance. Dynasty Warriors 9 assure dans ce domaine l'essentiel sans prendre de risque outre mesure.
Points forts
- Un monde ouvert gigantesque à explorer…
- La fureur de combats maîtrisés...
- L’histoire romancée des Trois Royaumes
- La dimension stratégique des batailles
- Un casting 5 étoiles avec +100 héros
- Une durée de vie impériale
- Une aventure intégralement sous-titrée en français
Points faibles
- … mais cruellement vide
- ... pour un manque de rythme notable entre les batailles
- Une réalisation technique à des lieus des standards actuels (framerate, bugs en tout genre, clipping, tearing...)
Chose promise, chose due. La saga Dynasty Warriors a effectué sa mue et les innovations consenties par Omega Force embellissent le genre avec un Musou en monde ouvert intégralement sous-titré en français. Et aussi improbable que cela puisse paraître, cette union tient sur la durée non sans plusieurs concessions. Dynasty Warriors 9 tousse son framerate et la technique dans son ensemble nous laisse un goût amer. Les Trois Royaumes manquent cruellement de vie et de finitions. Et pourtant le sentiment de puissance qui se dégage des combats étanche cette insatiable soif de sang et de batailles. Cette conquête des mondes ouverts, bien que perfectible, est en bonne voie.