L’amour de Square Enix pour les plateformes mobiles n’est pas nouveau. L’éditeur s’est d’ailleurs déjà essayé à la plupart des exercices possibles et imaginables sur ces plateformes : portage de jeux DS, créations originales, Free to Play, etc., le tout avec un certain succès... et quelques ratés. Avec Dissidia Final Fantasy : Opera Omnia, c’est un nouveau challenge que se lance l’entreprise nippone: reprendre les codes et le prétexte d’un Dissidia: Final Fantasy NT tout juste sorti - et froidement accueilli-, et leur donner corps au sein d’un titre pleinement pensé pour un usage nomade. Disons-le tout de suite, c’est plutôt réussi !
Le scénario de cette version mobile ne bouge ici pas d’un iota: Deux entités en guerre convoquent les héros des différents épisodes de Final Fantasy dans leur dimension pour les faire s’affronter. Cependant, dès les premières minutes, ce volet impose ses différences, et notamment une narration qui s'éloigne du modèle choisi pour Dissidia: Final Fantasy NT. Ici, les héros sont à débloquer progressivement, via des cut-scenes et des affrontements. Par ailleurs, si le casting propose quelques têtes trop connues pour être ignorées (Squall, Zidane, Le guerrier de lumière, Cloud, Cecil), il met aussi en scène des protagonistes moins évidents, comme Tifa de FFVII, Vivi de FFIX, etc. Pour le fan, le plaisir de la découverte est bien là, et les personnages plutôt bien amenés. Dans tous les cas, l’option choisie ici s’avère bien plus pertinente que celle promue sur PS4 avec ses cinématiques à débloquer. dans Omnia Opera, on se promène sur une carte pleine d’hexagones avec dialogues ou combats à choisir. L’ensemble s'avère assez linéaire, avec quelques évènements secondaires se débloquant sous certaines conditions, généralement pour gagner un nouveau combattant.
Adapter Dissidia
Plutôt que d’essayer vainement de transposer un temps réel déjà fouillis sur PS4, l’équipe de développement a opté pour un pur tour par tour en 3 contre 3 (maximum) pour ses batailles. Dans les faits, on est très proche d’un Final Fantasy PSone avec cette représentation vue de côté, ces quelques mouvements de caméra pour souligner chaque coup, ainsi que le placement des menus (action, initiative, jauges de vie) dans la fenêtre de jeu. Cependant, pour conserver une filiation mécanique avec la version originale, ce Dissidia en reprend les concepts de Bravoure et d’attaques HP.
Pour mettre à terre un adversaire, il est d’abord nécessaire de diminuer sa Bravoure – qui fonctionne comme une sorte de bouclier/défense- avec des attaques de Bravoure, puis de lancer ses coups HP qui occasionnent la baisse des points de vie adverses. Mais, et c’est là qu’est l’intérêt du système, la Bravoure fonctionne aussi comme une sorte de balancier entre les membres de l’équipe du joueur et leurs adversaires. Par exemple, plus Tifa inflige d’attaques de Bravoure, plus sa jauge personnelle de Bravoure augmente, cette dernière représentant la puissance (en dégâts infligés) de ses attaques HP, lorsque la défense ennemie sera brisée. Lorsque sa Bravoure devient violette, cela signifie qu’elle peut vaincre l’opposant visé d’un seul coup. Notez que ce qui est vrai pour l'équipe du joueur l'est aussi pour celle qu'elle affronte. Il est donc indispensable de toujours garder un oeil sur l'indice de Bravoure.
S’il se révèle difficile à expliquer (c’est aussi le cas pour la version PS4), le système Bravoure/HP et le balancier entre les jauges de Bravoure alliées et ennemies instillent une véritable dynamique dans ce tour par tour finalement très rapide. Avec leurs cinq commandes à l’écran au maximum (dont l'invocation installée ou la demande d’aide d’extérieure), les empoignades ne durent pas plus d’une ou deux minutes – du moins au début- et parviennent à créer un feeling « arcade » très plaisant sur smartphone. Et le tout demeure totalement lisible. Pour clore ce chapitre, Dissidia Final Fantasy : Opera Omnia propose une option combat automatique –à lancer/arrêter durant les batailles- qui laisse le smartphone gérer l’équipe. Ce dernier s’en tire plutôt si nos personnages sont à niveau, même s’il vaut mieux garder un œil ouvert lorsque des boss apparaissent… Par ailleurs, il suffit de dépenser 100 gems (on en gagne de 20 à 50 par mission ou cut-scene) pour ressusciter toute son équipe durant une échauffourée.
Free to p(l)ay ?
Qui dit free to play, dit « grinding », « leveling » et autres fatigants codes du genre. Pourtant, durant ses premières heures, Dissidia Final Fantasy : Opera Omnia évite cette lacune pour proposer une progression très équilibrée, avec une difficulté allant pianissimo. De même, le jeu n’est pas avare en cristaux, Gils et autres items qui permettent d’améliorer combattants, armes, armures, d’acheter des incantations (avec des pouvoirs actifs/passifs durant leur apparition), ainsi que de missions quotidiennes, coop ou d’évènements qui en délivrent encore plus. Pour son lancement, ce volet s’avère donc très généreux et plutôt conciliant avec les nouveaux venus dans le genre free to play. Evidemment, une fois arrivés au chapitre 3, il sera nécessaire d’être un peu plus consciencieux, ou de se lancer dans des événements, pour espérer continuer. Pour finir, notre conseil, attendez d’avoir récupéré le très puissant Squall avant d’améliorer vos armes, le héros de FFVIII étant un des plus puissants du jeu, une fois bien équipé, et il serait dommage d'être à court d'items à ce moment...
Points forts
- La progression est parfaitement équilibrée
- Le jeu est généreux en gems, pièces, armes…
- Des affrontements ultra dynamiques pour un titre au tour par tour
- Le titre devrait proposer des évènements très régulièrement
- Les grands thèmes musicaux de la saga
- L’esthétique proche des Final Fantasy PSone
Points faibles
- La narration bien qu’agréable n’en reste pas moins très plan-plan
- Tout en anglais
- Obligation d'effacer le jeu d'iOS pour relancer un tirage original (ou reroll)
Plus réussi et agréable que Dissidia : Final Fantasy NT, Dissidia Final Fantasy : Opera Omnia a la bonne idée d’être terriblement dynamique pour un jeu en pur tour par tour. Tactiquement, l’ensemble est un peu léger, mais sa progression et son équilibrage maîtrisés, ainsi qu'un système de Bravoure qui réserve son lot de surprises, font qu’on y revient sans cesse, le temps d’une partie, le temps d’un combat. Pas révolutionnaire pour un sou, très fan service, le titre n’en est pas moins très agréable. Si vous êtes amateur de la franchise, vous ne pouvez pas passer à côté. Et si vous ne l’êtes pas, les premières heures vous donneront un aperçu de ce qui vous attend ensuite.