À moins d'avoir une chance inouïe, on a tous été confrontés à la panne d'électricité. Brusque, soudaine, douloureuse... elle s'invite sans crier gare et vient briser un agréable moment, qu'il s'agisse d'une soirée devant un film, un jeu vidéo ou pire, une dissertation. Et généralement, deux cas d'école se présentent : ceux qui reprennent leur activité dès que le courant est rétabli et les autres, qui vont se haïr pendant des heures de ne pas avoir sauvegardé leur partie ou leur travail (c'est du vécu). Oui, cette satanée panne d'électricité est souvent synonyme de mauvais souvenirs. Et dans ces conditions, il reste quoi comme solution de fortune ? La bonne vieille bougie ! Bien qu'éphémère et prenant la poussière dans un tiroir, elle évite de se retrouver dans une totale pénombre. C'est sans doute en plongeant dans leurs réminiscences que les développeurs de Spotlightor Interactive, un petit studio chinois, ont eu l'idée de ce jeu de plateformes. Candleman part d'un concept tout simple mais se montre lumineux par bien des aspects. Plus jamais vous ne regardez une bougie de la même manière...
Lors de la vingt-septième édition de la Ludum Dare, une compétition de développement de jeux vidéo, une petite équipe chinoise va faire sensation. En 48 heures et en suivant le thème imposé « 10 secondes », elle va imaginer le périple d’une bougie qui doit se frayer un chemin dans l’obscurité. L’idée de cette héroïne éphémère va faire son chemin et aboutir à un titre exclusif de la Xbox One : Candleman. Bien qu’imparfait, le jeu a reçu un accueil si positif que le studio Spotlightor a décidé de réaliser une adaptation PC. Intitulé Candleman : The Complete Journey, il regroupe le jeu original et l’extension Lost Light avec ses trois chapitres additionnels. Que la lumière soit !
Comme sur Xbox One, il s’agit d’incarner une petite bougie attirée par la lumière d'un phare lointain. Pour sortir vivante de son escapade, la demoiselle doit doser son éclairage sous peine de rester prisonnière de l'obscurité à tout jamais. Il suffit en effet de dix secondes, et pas une de plus, pour que sa cire fonde et que le joueur perde une vie. Malgré cette apparente difficulté, les développeurs ont opté pour un maximum d'accessibilité afin que tout le monde puisse en profiter. Par conséquent, à chaque niveau, le personnage retrouve sa forme initiale et peut de nouveau profiter de dix secondes de luminosité (en plus d'une quantité généreuse de vies). Candleman n'est pas là pour frustrer le joueur, c'est avant tout un platformer reposant qui répond à des mécaniques simples mais efficaces.
Au départ, il est avant tout question de sauts à négocier et de plateformes à pousser. Ensuite, il faut éviter les flammes de la fonderie avant de s’extirper d’une forêt à la végétation étrange. De temps à autre, quelques timides énigmes sont là pour ralentir votre parcours, mais rien d'insurmontable. Tout est instinctif et le périple se passe vraiment sans encombre. Le challenge est si limité qu’on dévore littéralement les chapitres, en allumant les petites bougies à droite et gauche (il y en a un certain nombre à trouver par niveau) et en faisant attention aux pièges qui se dressent sur notre route. C’est dépaysant, agréable et les trois chapitres supplémentaires tombent à point nommé pour augmenter une durée de vie d'origine assez faible, la faute à des niveaux très courts, trop faciles et une rejouabilité quasiment nulle. Vous pouvez toutefois vous adonner à un mode Time Challenge pour montrer vos performances de speedrunners mais l'intérêt s'estompe rapidement. Il y a donc un goût de trop peu qui s'installe après avoir terminé le jeu.
Toutefois, pour une quinzaine d’euros, l’aventure est la bonne pioche de ce début d’année. Même si la fluidité n’est pas toujours optimale, le titre se porte très bien sur PC et supporte la résolution en 4K. Les graphismes sont assez fins, on retrouve cette ambiance discrète qui colle bien au voyage de notre bougie et tous les effets (lumières, particules, eau…) sont mis en avant. L’aura du jeu n’atteindra pas celle des pépites indé des derniers mois mais l’idée initiale (qui fait un peu penser à Journey pour sa question identitaire) s’avère très intéressante. Mais comme on avait pu le noter sur Xbox One, c’est juste dommage que le chemin soit si balisé et qu’on ait constamment cette impression d’être pris par la main. La montée en puissance intervient un peu trop tardivement et c’est sans doute sur cet aspect qu’il faudra s’appuyer pour une hypothétique suite. Car, clairement (sans jeu de mots), Candleman a un véritable potentiel pour donner vie à une série.
Sur PC, le petit personnage de Spotlightor ne perd pas de sa lumière. Les développeurs ont pris le temps d’intégrer les trois chapitres additionnels de l’extension et l’ensemble tourne très bien. Que ce soit au clavier ou à la manette, la bougie se déplace sans problème et on passe un agréable moment, mais court et manquant de phases percutantes. Tournant avec le moteur Unity, le titre ne propose aucune option, graphique comme sonore, et s’apparente donc à un simple portage. Mais un portage soigné.
TEST DE LA VERSION XBOX ONE (27/02/2017)
Candleman, aussi appelé "Petite bougie" en français, n'est pas un nouveau venu dans la ludothèque Xbox One. Disponible depuis quelques mois au Pays du Matin Calme, cette modeste production s'invite dans nos contrées européennes et compte bien combler notre recherche constante d'originalité. Bien qu'il ait été réalisé à Pékin, le jeu montre - à première vue - une approche assez occidentale dans sa direction artistique et sa progression. Mais petit à petit, son identité se dessine et vient délivrer un message qui ne peut laisser insensible.
PHARE PHARE LOINTAIN
Comme son nom l'indique, Candleman nous fait incarner une bougie. Postée dans son bougeoir, elle va arpenter plus d'une trentaine de niveaux, dispatchés en neuf chapitres. Mélange de plate-formes et d'énigmes, le jeu s'apparente à une longue quête. À la manière d'un Journey, notre héroïne n'a qu'une seule idée en tête : rejoindre la lumière aveuglante d'un phare qui brille au loin. Inexorablement attirée par l'édifice, elle va braver tous les dangers et traverser des zones ténébreuses et menaçantes. Tout l'intérêt de l'aventure réside dans l'éphémérité de l'avatar. Bougie oblige, son corps est constitué de cire et il suffit d'allumer la mèche plus de dix secondes pour goûter à la défaite et ainsi perdre une vie. Il faut donc doser l'éclairage de la bougie (et la fonte de la cire) qui, vous vous en doutez, est utilisé de différentes manières.
Si chaque niveau consiste à se rendre d'un point A à un point B, matérialisé par une aura bleutée, notre gaillarde doit également allumer la mèche des autres bougies qu'elle croise. Si la plupart sont accessibles facilement, certaines sont mieux cachées et il faut donc fouiller chaque recoin pour les trouver. En terme de progression, Candleman est d'une simplicité enfantine et se résume au fait de se déplacer, de sauter et d'interagir avec la flamme. En dépit de son aspect très (trop ?) balisé, le jeu des développeurs pékinois sait se montrer savoureux, même si tout n'est pas parfait.
À LA FOIS INQUIÉTANT ET POÉTIQUE
L'ambiance, faite de bruits naturels (gouttes qui tombent, parquets qui craquent...) et de musiques discrètes, agit instantanément. Mais alors qu'on pouvait s'attendre à un univers coloré, Candleman se montre bien plus sombre et ne laisse que peu de place à des moments empreints de vie et de lumière. Les premiers chapitres se résument ainsi à une escapade, au milieu des caisses et tonneaux, qui a tout de la cave humide. Il arrive également que les lieux soit inondés, ce qui oblige le joueur - et sa belle flamme - à ne pas tomber malencontreusement dans l'eau glacée. On visite ainsi différents lieux, assez semblables, jusqu'à arriver à une forêt mystérieuse qui brise la monotonie visuelle de l'aventure. Sur les quatre heures que dure le périple, il faut bien avouer que les environnements auraient mérité à être plus inspirés. Heureusement, la progression est ponctuée de petites idées bien amenées.
Votre bougie doit parfois s'illuminer pour que vous puissiez avancer dans la pénombre. Elle doit aussi interagir avec l'environnement pour progresser. Cela se traduit par l'utilisation de plateformes mouvantes mais aussi différents éléments comme de la poudre s'échappant de vieux bocaux. Il faudra aussi grimper sur des pages virevoltant dans le vent, utiliser la machinerie de la fonderie à bon escient ou encore s'extirper des végétaux piquants de la forêt. Candleman est un jeu simple d'accès mais il faut bien admettre qu'il manque de challenge. On progresse à une très grande vitesse et il n'y a guère que les deux derniers chapitres qui posent quelques légers problèmes. Dans ces derniers, les développeurs ont choisi d'exploiter le principe des ombres, obligeant le joueur à avoir un œil à la fois sur les murs mais aussi sur le sol. C'est aussi dans ces ultimes moments que l'on est confronté à de véritables ennemis. Ces instants, qui ont un petit d'air "d'apothéose", sont très intéressants et c'est dommage qu'ils n'interviennent qu'à la toute fin du voyage. La dernière phase est également surprenante mais nous n'en dirons pas plus. Candleman est un titre réussi sur le plan visuel et plaisant à parcourir mais le joueur est malheureusement un peu trop guidé. Portée par des angles de caméra audacieux et d'excellents passages (avec une fin, là encore, qui rappelle Journey), l'expérience vaut la peine d'être vécue. Mais elle est courte et il n'y a quasiment aucune rejouabilité. Un plaisir un peu trop éphémère, à l'image de son personnage.
Points forts
- L'idée du personnage éphémère
- Des mécaniques de gameplay accessibles
- L'ambiance discrète
- C'est plutôt joli
Points faibles
- Trop court et facile
- Certaines idées (flammes, ombres...) pas assez exploitées
- Aucune rejouabilité
- Environnements pas assez variés
Financé avec un budget modeste, Candleman laisse de bons souvenirs et offre des moments agréables. On regrette tout de même que son personnage, original et attachant, n'ait pas bénéficié d'un traitement plus poussé. C'est dommage car l'univers, à la fois sombre et mystérieux, et son ambiance sont vraiment réussis. Malheureusement, il suffit de quelques heures pour boucler l'aventure et rien ne pousse à y revenir. En résumé, Candleman est un diamant que son manque d'ambition a empêché de polir. Il est plaisant mais il aurait pu être encore meilleur.