Nous sommes ici dans la peau d'Erina, une lapine qui se réveille un beau jour dans un lieu inconnu changée en humaine affublée d'oreilles propres à son espèce. A la recherche de sa maîtresse, elle va finalement se retrouver sur une île où elle rencontrera une petite fée nommée Ribbon qui décide de l'aider dans sa quête. Elles vont donc parcourir le territoire dans cette optique et tenter par la même occasion de trouver un moyen de rendre à Erina sa forme d'origine.

Adventure Starts Here

Une fois l'aventure lancée et après avoir retrouvé la maîtresse d'Erina assez rapidement, les jeunes filles vont se rendre compte que tout ne va pas pour le mieux sur l'île. Alors que les lapins ont disparu, elles vont faire la découverte d'un autre monde via la stèle magique qui siège dans le village Rabi-Ribi. Afin d'explorer cet autre monde et de tirer tout ça au clair, Erina va donc devoir trouver des assistantes dotées de magie en parcourant la région, villageoises nécessaires à la téléportation via la fameuse stèle. Avec la mise en avant de sa progression non-linéaire, la structure du jeu s'articule donc autour de la recherche d'assistantes, faisant office de boss, dans les différentes zones de l'île.

Si l'aventure est découpée en chapitres, chacun d'eux propose souvent plus d'assistantes à trouver que nécessaire et laissera donc une part de choix quant à l'exploration. Armé d'un marteau pour le corps-à-corps, on dispose également grâce à la fée Ribbon de la capacité de tirer des projectiles. Les attaques au corps-à-corps, attribuées à une touche, se basent sur des combos qu'une jauge de SP vient limiter et qu'il sera possible d'améliorer avec les différents items que l'on trouvera. Pour le tir, telle Samus Aran, Ribbon pourra très vite le charger et obtenir par la suite d'autres baguettes qui feront varier la portée et les effets de ses attaques. Mais avant de passer plus en détails au gameplay et aux nombreux boss du jeu, attaquons nous d'abord à la direction artistique du jeu pour mieux mettre en avant ce qui se cache sous les apparences.

Kawaii Desu

Rabi-Ribi nous sert des personnages designés façon manga dans un titre aux graphismes tout droit venus de l'ère 16-bit. Si le parti-pris de mettre en scène uniquement des jeunes filles aux courbes généreuses n'est absolument pas dissimulé, Rabi-Ribi flirte parfois presque avec le Yuri (sous-genre de manga centré sur les relations intimes entre les femmes), que ce soit par ses illustrations nous montrant des protagonistes dans des poses suggestives, certaines connotations dans les dialogues ou simplement les liens que les personnages tissent entre eux. Mais il s’abstient malgré tout de sombrer dans le vulgaire et de franchir certaines limites pour s'en tenir à quelque chose de mignon.

Si le scénario et les personnages conservent un caractère assez naïf et enfantin qui n'est pas forcément pour déplaire, cela en pâtit par contre dans les dialogues. Servis par une mise en scène statique, ils ont tendance à être assez gnangnans et à s'attarder sur des faits plutôt anecdotiques. Même si on apprécie la présence d'une traduction française, celle-ci reste parfois approximative, avec une syntaxe qui peut se montrer de temps en temps à la ramasse et des phrases dépourvues de virgules.

Côté graphismes, Rabi-Ribi se targue d'une 2D style pixel art plutôt jolie et colorée avec la volonté de rester dans un style rétro. Cela se traduit évidemment dans les sprite des personnages ou encore dans le design des environnements aussi nombreux que variés. La bande-son de Rabi-Ribi fait d'ailleurs elle aussi preuve d'une certaine variété. Bien que le thème principal utilisé dans les trailer puisse laisser présager d'un ensemble aux sonorités chiptune teinté de Happycore, les compositions et les styles arrivent à se renouveler régulièrement. On va ainsi passer de quelque chose de jazzy à des envolées plus orchestrales tout en faisant un détour par une douce techno un brin mélancolique.

The last rabbit is in captivity

Comme dans tout bon Metroidvania, de très nombreuses améliorations sont trouvables sur l'île. A mesure que l'on progresse, la panoplie de mouvements d'Erina va donc se développer avec des capacités assez classiques que l'on retrouve dans ce style de jeu et qui régissent les mécaniques d'exploration : glissade, double saut, dash aérien, saut mural... Ajoutons à ça les bombes-carottes et notre héroïne disposera de la plupart des actions que peut effectuer Samus dans les Metroid en 2D. Quant au tir de Ribbon, comme énoncé précédemment, elle pourra se doter de baguettes avec différents effets : plus de puissance, large portée, tir continu ou encore régénération de quelques points de vie avec un tir chargé... Des variations que l'on mettra à profit selon la situation et les ennemis en switchant de baguette avec R1 et L1. Chaque baguette octroie d'ailleurs une attaque spéciale différente via une jauge de Boost.

Cela dit, le jeu accorde aussi une part importante de sa progression à l'augmentation des stats à travers des objets qui vont améliorer notre santé, notre attaque, notre mana (les SP d'Erina et les MP de Ribbon) ou encore la vitesse à laquelle celui-ci se régénère. Il est également possible, moyennant finance chez la marchande du village, d'augmenter le niveau de ses items (level 3 max) pour les rendre plus puissants ou améliorer leurs effets. En plus de cela, on trouvera également des badges qui nous accorderons des bonus passifs : plus de défenses, dégâts d'empoisonnements ou encore augmentation du nombre de frames d'invulnérabilité... Pour être équipés, chacun de ces badges à un coût en Pack Points sur le total dont est dotée Ernia. Si le nombre de ces PP augmente à chaque fois que l'on bat une assistante, plus on en ramène au village, plus il sera possible d'activer de badges. Bref, autant d'éléments qui, mis bout à bout, nous donnent un réel sentiment de montée en puissance tout en faisant évoluer le gameplay.

L’efficacité de la formule

Toutes ces mécaniques de progression ne seraient par contre rien sans un level design adapté donnant envie d'en explorer tous les recoins et d'y revenir pour récupérer cet objet qui nous narguait. Et la formule est visiblement maîtrisée ! L'accessibilité aux différentes zones se faisant par l'acquisition d'un nouveau pouvoir, on a souvent envie de retourner dans un niveau déjà parcouru pour y prendre un nouveau chemin ou dénicher un bonus grâce à une aptitude fraîchement acquise. Et entre les pouvoirs, les améliorations de stats, les badges ou encore les easter eggs, le jeu regorge de secrets à débusquer. Si bien, que l'on prend un réel plaisir à fouiller chaque zone tout en balançant des bombes-carottes dans chaque coin un peu suspect. On pourra donc s'aventurer dans des environnements jusque-là inaccessibles mais le niveau de certains boss nous ramènera parfois à rebrousser chemin pour reprendre le cours de l'histoire.

Avec 10 zones principales divisées en un total d'une vingtaine de sous-zones, le jeu nous sert en conséquence un monde relativement grand. En revanche, il reste clair sur les objectifs de la trame principale et les marque systématiquement sur la carte. En ajoutant à ça la bonne répartition des points de sauvegarde et des télé-porteurs, il est ainsi rare de se perdre ou d'avoir à parcourir à nouveau une trop longue distance à cause d'une mort prématurée. Si, de fait, l'échec n'est généralement pas trop punitif dans les phases de plateforme et d'exploration (hormis vers la fin du jeu), la réelle difficulté de Rabi-Ribi réside dans ses affrontements contre les boss.

Like a boss

Comptant plus de quarante boss, le côté hardcore du jeu ressort totalement dans ses combats, qui peuvent parfois en devenir éprouvant. C'est d'ailleurs ici que le terme Bullet-hell prend tout son sens. Inspirés de ce sous-genre du shoot-'em-up que nos amis japonais appellent danmaku, les combats contre les boss tendront progressivement à multiplier projectiles et autres lasers dans tous les sens.

Si les boss n'ont en général pas de point faible particulier, sauf dans certains cas bien précis (tir uniquement par exemple), la stratégie sera principalement d'esquiver leurs attaques tout en plaçant quelques tirs au moment opportun pour ensuite frapper une fois que l'écran se dégage. C'est ici que les coups d'Erina et sa panoplie de mouvements demanderont maîtrise et réflexes. Avec l'évolution de sa jauge de SP, Ernia pourra porter des combos de plus en plus longs et dévastateurs. On alternera entre attaques hautes, attaques basses et coups aériens pour optimiser l'utilisation de nos SP en faisant le plus de dégâts possibles avant le prochain pattern. Et si les patterns des attaques des boss sont « relativement » simples dans la première moitié du jeu, les choses vont vraiment se corser par la suite.

Bien qu'Erina soit agile et que la prise en main soit assez intuitive, il faudra à terme savoir faire usage de toutes ses nuances de saut pour espérer survivre face à des attaques dont les pattern parfois sadiques ne manquent en tout cas pas de créativité. Certains boss en deviennent assez "infâmes" de par la précision, le timing et le sang-froid qu'ils demandent. Oui, il faut effectivement s'attendre à mourir souvent face aux boss de Rabi-Ribi. Un aspect die-and-retry assumé qui force l'apprentissage et nécessite un minimum de patience. De nombreuses tentatives sont souvent nécessaires pour des combats qui peuvent parfois durer 10 minutes, voire plus dans certains cas. Heureusement, le sentiment d'accomplissement est réel et la victoire est bien souvent récompensée. Il faut aussi avouer que le jeu est généreux sur la gestion des collisions et des hit-box (la hit box d'Erina est plus petite que son sprite), permettant ainsi une marge de manœuvre un tantinet plus souple.

Lapin malin

Avec une aventure découpée en une dizaine de chapitres, le joueur atteindra une première fois le générique à l'issue du chapitre 5, soit au bout de 10 ou 15 heures environ selon la proportion donnée à l'exploration. Si cela est suffisant pour connaître les principaux pans du scénario, les chapitres suivants viennent compléter un peu l'histoire et donnent surtout l'occasion de trouver la totalité des villageoises disséminées sur l'île. La courbe de difficulté évolue ainsi en conséquence et c'est à partir de ce moment là qu'auront lieu les combats les plus retords, même si on aura déjà essuyé une bonne dose de transpiration avant. Cette partie « post-game » laisse d'ailleurs davantage de liberté pour mieux donner envie d'atteindre les 100%.

Et le jeu ne s'arrête pas une fois les 10 chapitres clos puisque le contenu "Is the order a DLC" vient se greffer à cette version console. Avec ses deux chapitres supplémentaires, ce DLC vient prolonger l'aventure, donnant accès à deux nouvelles zones et quatre nouveaux items, dont un nouveau mouvement et une attaque dévastatrice en guise de récompense finale. Cela dit, bien qu'ils soient assez courts en termes narratifs, ces chapitres sont extrêmement difficiles, que ce soit par leurs boss ou leurs séquences de plateforme particulièrement ardues. Avec en plus la mini-quête Cicini's Halloween, proposée en contenu gratuit sur PC, le tout devrait facilement occuper le joueur une trentaine d'heures, voire plus. Et si le 100% ne suffit pas, un new game + qui cumule vos stats et augmente le niveau des boss à chaque partie pourra prolonger artificiellement l'expérience. Les acharnés pourront également se rabattre sur les modes chrono (speed run) et assaut de boss ainsi que sur deux modes de difficulté supplémentaires pour mettre davantage à l'épreuve leur ténacité et leurs réflexes.