Nouvelle itération vidéoludique de la franchise Ultimate Fighting Championship par Electronic Arts, EA Sports UFC 3 pénètre dans l'arène déterminé à s'imposer sur la scène du jeu de combat et de la simulation sportive. Son annonce surprise durant la Paris Games Week 2017 et sa sortie seulement 3 mois plus tard soulèvent bien des questions auprès des joueurs. Mais le plaisir de chausser à nouveau les gants et de retrouver l'ambiance si particulière de l'octogone est palpable. Simple mise à jour ou véritable évolution, que nous réserve ce troisième épisode estampillé EA ?
Bloodsport
Fusion martiale des genres, le MMA ou Mixed Martial Art combine (comme son nom l'indique) une grande majorité des arts martiaux nés aux quatre coins du monde. L'approche multidisciplinaire du MMA fait toute la beauté de ce sport de combat total. Combat debout et au sol, lutte et soumission, le MMA sublime ces arts ancestraux, les fusionne au sein de l'octogone. Toute la difficulté d'une adaptation en jeu vidéo réside dans cette multitude de savoirs, de techniques et dans ces K.O spectaculaires qui font la sève des combats de l'organisation UFC.
Une violence palpable et une technicité à toute épreuve se dégagent de ces joutes contemporaines. Sous les cris d'une foule chauffée à blanc, les coups pleuvent et le sang recouvre le sol de l'arène. Et UFC 3 parvient à retranscrire manette en mains toute la détermination de ces artistes martiaux et cette violence inhérente à un tel spectacle. Les phases de Striking (combat debout) manquent encore de rythme et pâtissent d'une certaine lourdeur, mais compensent cette erreur de jeunesse par une précision chirurgicale. Inutile ici de brasser du vent façon Don Quichotte sous peine de voir 36 chandelles. Véritable jeu d'échec moderne, UFC 3 impose discipline et apprentissage à la dure.
Le contre demeure un allié redoutable et ces retours de bâton ont tendance à retourner une situation défavorable. L'accent est ainsi mis sur le timing et non la profusion de coups portés. EA accentue l'impact de ces frappes dévastatrices devenues le point culminant des affrontements. A la différence des autres jeux de combat, aucune barre de vie traduit en temps réel la santé de votre poulain. Chaque partie du corps (bras, jambes, torse, tête) est indépendante et il n'est pas rare de perdre un match après une série d'attaques sur une jambe incapable au bout du compte de vous porter. Cependant, la capacité de régénération de ces athlètes remet cette vision en cause. Le moindre contre peut s'avérer fatal et pourtant, ces derniers reprennent souvent leurs esprits en une fraction de seconde. Et l'endurance supposée encadrer les combats impose une modération qui ralentit le rythme. Refouler l'adversaire, attendre le contre pour exploser... cette simulation est histoire de patience et de tempérance au détriment du spectacle.
Et les studios derrière UFC 3 recyclent la majorité du gameplay des épisodes précédents. Les Takedowns n'ont pas pris une ride, et il en va de même pour les phases au sol et les soumissions. Ce système efficace de roues dynamiques à choix multiples accompagne les combattants. Contrôler le sol fait loi et cela demande une certaine rigueur. Savoir comment enchaîner les postures pour soumettre l'adversaire ou au contraire se protéger est primordial. La victoire s'offre souvent à l'athlète complet maîtrisant à la perfection le moindre aspect de son art. Sans maîtrise la puissance n'est rien. Vous êtes prévenus !
Conor McGregor vs. Jung Chan-Sung en mode KO
Un uppercut technique
Alors que les séries FIFA et Madden NFL parient sur le Frosbite, EA Sports UFC 3 conserve le moteur historique de la franchise. Ignite de son petit nom donne vie aux combats de la saga depuis la sortie du premier opus en juin 2014. Et ce “Game Engine” a évolué avec son temps. Le gap technique entre les deux premiers épisodes était indéniable et cette troisième itération perpétue cette jeune tradition, même si les différences avec son aîné marquent moins les esprits. Première innovation qui ajoute au réalisme des combats, la technologie Real Play Motion qui rend les mouvements, les frappes et les combos plus réalistes et gomme partiellement le manque de réactivité des athlètes.
Dans la majorité des cas, les transitions entre les sets d’animations se font à la perfection et il est vraiment rare de prendre à défaut le moteur physique. Mise à part quelques bugs de collision, Ignite récite parfaitement sa partition avec un soin tout particulier apporté aux animations. L’ensemble des techniques, frappes et postures des combattants ont pour origine une séance de motion capture. Le réalisme est la clé de voûte de la série UFC “made in” EA Sports et celle-ci repousse une fois encore ses propres limites. 5.000 nouvelles animations composent des mouvements ininterrompus et témoignent de l’amour d’EA pour le “réalisme”.
Cette beauté froide n’existe que pour marquer les chairs et les corps. EA Sports UFC 3 ne fait pas dans la dentelle et martyrise les 234 combattants qui composent un roster exhaustif (EA Sports UFC 2 n'en comptait que 104). Les hématomes et les coupures naissent de frappes sèches. Le sang gicle sur le sol. La sueur perle sur les fronts. Les seuls impacts des coups portés et la réaction des corps face à une telle puissance assurent le spectacle. Les athlètes se tordent de douleur, reculent, titubent. Et ce sens du détail est au service d’un photoréalisme criant de vérité.
Les jeux de sport d'Electronic Arts se sont toujours démarqués de la concurrence par leur ambiance et cette volonté de porter à l’écran l’ambiance si caractéristique des événements sportifs dont ils s'inspirent. Et l’atmosphère qui se dégage d'UFC 3 tend vers le réel. La foule hurle à l’entrée des combattants. Les commentaires fusent et accompagnent l’action (mention spéciale aux doublages anglais). UFC 3 se dote également de commentaires en français bien que le résultat laisse à désirer. Et l’absence remarquée de Bruce Buffer et son célèbre "This is the moment you've all been waiting for... It's time !" nous laissent un goût amer, mais la playlist hétéroclite et de qualité concoctée par les équipes d’EA comblent ce manque et caresse nos esgourdes avec une tendresse infinie.
EA Sports UFC 3 : Conor McGregor VS. Tony Ferguson
UFC Que choisir
Carrière : La gloire au bout des gants
Que serait un titre EA Sports sans sa ribambelle de modes de jeu et plus particulièrement son mode Carrière ? Une fois encore, l’éditeur américain place le joueur dans la peau d’un jeune combattant désireux de faire son trou dans l’organisation UFC et de s’y imposer durablement. Après avoir créé un personnage Homme ou Femme sur-mesure via un système de personnalisation extrêmement poussé hérité de EA Sports UFC 2 et avoir choisi une catégorie, il est temps de pénétrer dans l’arène. L’aventure débute dans l’organisation mineure WFA (World Fighting Alliance) lors de l’émission Lookin’ For A Fight tenue par Dana White en personne. Et les premiers pas de votre poulain sont poussifs.
La mise en scène peine à s’extirper de cette suite de combats peu racoleurs. L’épopée commence réellement une fois le premier contrat signé avec l’UFC. Ces affrontements ont le mérite de lancer véritablement votre carrière qui ne se limite pas à l’octogone bien au contraire. Electronic Arts met l’accent sur les réseaux sociaux. Le MMA est un sport total et tout combattant de l’UFC se doit de faire croître sa renommée pour gagner des fans et devenir un incontournable de l’organisation. Posts sur Twitter, streaming de jeux vidéo, interviews et promotions des combat… la vie d’un athlète est jalonnée de rencontre savec sa communauté et la presse, et UFC parvient à rendre ces échanges ludiques.
Le système de progression et d’apprentissage a été intégralement repensé. Pour coller à la réalité et dynamiser le mode Carrière, EA a retravaillé en profondeur les camps d’entraînements. Acheter un abonnement à une salle de sport, planifier semaine après semaine les exercices et les coups à apprendre… tout passe désormais par l’argent amassé lors des combats et une planification minutieuse de votre calendrier. 1 2 3 X semaines de préparation ne sont jamais de trop pour affûter votre corps et apprendre. Le niveau de fitness (emprunté au mode Ultimate Team de UFC 2) entre en jeu et définit votre forme physique. Proche du 100%, votre combattant est une machine extrêmement bien huilée. À l’inverse, un niveau de fitness bas est synonyme de combat âpre. Et le salut passe par un entraînement acharné ou un sparring. Chaque exercice se traduit par un gain de 1 à 5%, mais attention aux blessures. À trop forcer sur une partie du corps vous risquez le pire.
Car tout combattant possède ses propres limites et sa longévité dans l’organisation UFC dépend des coups encaissés et des blessures à répétition qui ponctuent sa carrière. Un simple pourcentage indique le temps qu’il vous reste avant votre retraite. Gagner la ceinture en 5 rounds et en sang, aussi cool que cela puisse paraître, a de lourdes répercussions à long terme suivies de près par les hautes instances, Dana White en tête. La tête pensante de l’UFC suit avec attention votre carrière et n’hésite pas à vous encourager. EA Sports UFC 3 s’offre une mise en scène télévisuelle digne de cette couverture médiatique dont l’organisation a le secret. Megan Olivi, journaliste et présentatrice sur Fox Sports 1, ancre votre carrière dans le réel. Et la mise en avant des rivaux pimente l’aventure. Ces derniers n’hésitent pas une seconde à vous titiller, se moquer et le titre a la bonne idée de vous autoriser à répondre. Ce système de choix aux conséquences limitées accentue votre implication et cette immersion nécessaire pour prendre à bras-le-corps votre destinée.
EA Sports UFC 3 : Un combat clé en Carrière
Ultimate Team : Une aventure Freemium
Vous rêviez de devenir manager d’une équipe de combattants d’élite au sein de l’organisation UFC ? Ce doux rêve est à portée de main. UltimeTeam inspiré de la licence FIFA et intégré dans EA Sports UFC 2 retourne dans l’arène non sans une pointe de nouveautés. Rien de révolutionnaire ici, mais une volonté de rendre toujours plus accessible ce mode Freemium. Comprenez par là que la progression se fait manettes en main et à la sueur du front... ou par la puissance financière de votre compte en banque. À la tête d’un groupe d’athlètes Hommes et Femmes dans les catégories Léger - Moyen - Lourd - Batam, le manager s’occupe de leur carrière respective et de leur montée en puissance.
Le recrutement, l’apprentissage et la progression générale de vos combattants passent exclusivement par l’obtention de cartes disponibles dans des packs à acheter dans la boutique. Mais rassurez-vous. EA Sports UFC 3 est un titre généreux et délivre un nombre non-négligeable de boosters et de monnaies virtuelles pour ne jamais avoir à mettre la main à la poche. Vos compétences de guerriers restent une valeur sûre une fois dans l’octogone même si le manque de cartes et donc d'opportunités peut vite tourner à l'avantage de l’adversaire que ce soit en Championnat Solo ou Ultimate (en ligne).
Chaque combattant est enchaîné à un archétype (Frappeur, Bagarreur…) dont il est impossible de se défaire. Concernant les stars du MMA cela va sans dire, mais quand il s’agit d’un personnage créé de toute pièce, la pilule est encore difficile à avaler. Mais le principal reproche à adresser à Ultimate Team siège dans ces atouts et ses Boosts éphémères qui lors des combats penchent dangereusement vers le Pay to Win. Sans être totalement disproportionnés, ces bonus octroient à ses propriétaires un net avantage une fois dans l’octogone. Endurance accrue, menton renforcé, puissance décuplée… de ces améliorations temporaires naît une frustration inutile.
EA Sports UFC 3 : Un éditeur de combattant toujours aussi complet
Versus Fighting : Un bras de fer off & online
Les amateurs de Versus Fighting attendent avec impatience l’ouverture des serveurs pour s’adonner à leur péché mignon, la joute en ligne et le titre d’EA n’a pas lésiné sur les moyens. En local, les soirées “baston sur canapé” prennent une toute nouvelle dimension avec pléthore de combattants à découvrir dans les modes “Combat Immédiat”, “Mode KO”, “Duel de Soumission” et “Debout pour Frapper”. Mais la sève de ces affrontements virtuels est à puiser dans les fonctionnalités online qui pullulent dans UFC 3.
Création de tournois personnalisés, pronostics concernant les futurs événements UFC, Championnats de Division ou simple Combat Rapide, l’éditeur américain a mis les petits plats dans les grands pour séduire les inconditionnels de la baston en ligne et ces athlètes du pad seront rassasiés. Le netcode ne souffre d’aucun ralentissement qui gâcherait le plaisir de jeu. La dizaine de combats effectués s’est terminée sans problèmes ou crashs à déplorer. La fluidité est au rendez-vous et le matchmaking paraît suffisamment efficace pour ne souffrir d'aucune attente interminable .
Points forts
- Des combats violents et tactiques...
- Une parfaite maîtrise des fondamentaux du MMA
- Un mode Ultimate Team séduisant...
- Des graphismes proches du photoréalisme
- +200 athlètes réels à (re)découvrir et un éditeur complet de combattants
- Un mode Carrière efficace à la mise en scène soignée
- Une expérience centrée sur le partage et la compétition (événements, modes versus…)
Points faibles
- … manquant parfois de rythme
- Un manque de nouveautés et de prises de risque
- … aux mécaniques Freemium abruptes
EA Sports UFC 3 est un paradoxe. Grisant de par sa maîtrise et son contenu florissant, ce troisième opus est un excellent jeu de combat et une excellente simulation sportive. La gifle graphique assénée décroche sans surprise la mâchoire et le florilège de modes de jeu assure de longues heures à suer sang et eau. Cependant, le manque de nouveautés et ce sentiment de déjà vu réduisent l'intensité de ces retrouvailles avec l'octogone. UFC 3 suit simplement les traces de son prédécesseur sans jamais sortir des sentiers battus par EA.