Les DLC se suivent, mais ne se ressemblent pas. Suite aux Vidéos interdites Vol.1 et Vol.2 hautement dispensables à l'exception des tronçons "La Chambre" et "Filles", Capcom continue de nourrir sa créature cauchemardesque Resident Evil VII avec 2 nouvelles extensions dont La fin de Zoe... qui s'intéresse de près à la petite soeur de Lucas Baker. Le Bayou a-t-il en réserve une proie appétissante à nous offrir ? Réponse brutale sous la lumière de l'astre lunaire.
Ma famille d'abord
Tentez de vous remémorer ce tragique moment où Ethan abandonnait Zoe sur le vieil embarcadère après avoir délibérément soigné sa fiancé. Le DLC La Fin de Zoe fait suite à ce choix "cornélien" et prend parti pour la fiancée du héros... la "douce" Mia.
Alors que Ethan rencontre les forces d'Umbrella et Chris Redfield, l'oncle de Zoe parcourt les marais à la recherche de sa nièce. Et Joe Baker, le frère de Jack, est un coriace au cœur tendre. A la simple vue de Zoe étendue de tout son long dans l'herbe humide, son sang tourne. Deux membres d'Umbrella en font les frais. Et après un interrogatoire musclé Joe obtient les informations désirées concernant l'état de santé de sa nièce. La pauvre bougre est contaminée et n'a qu'une poignée d'heures à vivre. Joe n'hésite aucune seconde et se lance à la recherche de l'antidote. Une course contre-la-montre vient de commencer.
Aussi simple que puisse paraître cette trame narrative, le scénario a le mérite d'humaniser une famille Baker jusqu'ici morbide et détraquée. Joe est mû par un sens aiguisé de la famille et une loyauté de sang. Cet oncle bourru s'avère touchant derrière ce faciès buriné par le soleil de Louisiane. Il porte une attention toute particulière à sa nièce quitte à perpétrer les pires exactions et ne recule devant rien. Et la mise en scène toujours aussi minimaliste de Resident Evil VII avec ses cinématiques lapidaires fonctionne parfaitement dans ce contexte. Nul besoin d'en faire des caisses. De toute manière, Joe n'est pas un être loquace. Sa plume... ce sont ses poings.
Cependant, Resident Evil 7 s'entête à bouder la franchise. A l'exception de caméos sonores et/ou visuels, La Fin de Zoe ne lie jamais le septième épisode canon avec la grande Histoire de Resident Evil... en espérant que le DLC Pas un Héros apporte de son côté son lot de réponses sous peine de décevoir les fans.
La fin de Zoe ou le sens de la famille
Joe Baker : L'enfant du Bayou
Joe Baker est un coriace au cuir tanné par les UVs né dans ces marécages qu'il affectionne tant. Et cet être singulier n'a pas pour habitude de se laisser marcher sur les pompes sans se rebiffer. Soldats d'Umbrella, alligators et Mycomorphes... rien ne l'arrête. Par ses seuls poings et une volonté de fer, cette force de la nature fait fi de tous les obstacles grandement aidé par des lances et des bombes artisanales qu'il peut lui-même concevoir. Tel un boxeur, Joe se fraye un chemin un direct après l'autre droit dans les gencives. Le corps à corps est loin d'être parfait, mais le plaisir de distribuer les châtaignes est jouissif et transmet par les actes toute la brutalité qui sommeille au fond de cet enfant du pays.
La Louisiane réserve à Joe bien des surprises. Dans ces eaux stagnantes et croupies grouillent des créatures plus hostiles les unes que les autres. Une en particulier lui donne du fil à retordre. Ses traits inspirés du personnage de Swamp Thing ne laisse présager rien de bon. Sur le modèle du Nemesis introduit dans Resident Evil 3, cette engeance contre-nature ne cesse d'attaquer un Joe revanchard durant un périple poisseux dépassant l'heure du jeu. L'affrontement est inévitable et la révélation finale inattendue. Malheureusement l'arrière-pays ne suffit pas à combler ce besoin de dépaysement chronique.
Certains décors déjà visités s'invitent d'eux-mêmes et le peu des marais à découvrir ne suffit pas à satisfaire notre envie d'en apprendre plus sur ce monde qui nous reste inconnu. Un sentiment très présent de déjà-vu se dégage de ces environnements oppressants et rongés par l'humidité. Le plaisir de parcourir à nouveau le Bayou se fait sentir... avant de s'estomper dans un râle étouffé.
Points forts
- Un récit familial et poignant
- Un périple vécu au corps à corps
- Le dénouement de la famille Baker
- La présence d'un Nemesis coriace
Points faibles
- Le manque de liens avec la franchise Resident Evil
- Un recyclage partiel des environnements
- Une aventure un peu courte (+60 minutes)
Capcom parvient avec La Fin de Zoe à réconcilier contenu additionnel et Resident Evil VII. Sans innover outre mesure et en conservant l'essence de l'aventure principale, ce DLC nous conte une histoire brutale et poignante, celle d'un oncle prêt à tout pour sauver sa nièce des griffes d'un virus qui a décimé sa famille. Et même si le dépaysement n'est que trop rarement au rendez-vous, La Fin de Zoe nous plonge dans l'enfer poisseux du Bayou. Et masochistes que nous sommes, c'est avec passion que nous plongeons dans les eaux contaminées de la Louisiane.