Alors c'est sûr, lorsque l'on sait que chaque édition de Farming Simulator s'écoule par palettes entières quelle que soit la plate-forme de parution, l'idée de se lancer dans le marché de la simulation agricole peut-être tentante. Real Farm, développé par Triangle Studio, tente de croquer un bout du gâteau (de maïs) mais peine grandement à tutoyer son illustre modèle.
La campagne et le grand air !
Faire tout comme les grands
Concrètement, Real Farm tente de faire à peu près tout ce que fait Farming Simulator depuis des années désormais : vous placer dans les bottes d'un agriculteur qui devra travailler aux champs et gérer son élevage pour acheter du nouveau et coûteux matériel et prospérer. Le titre de Triangle Studio propose deux modes de jeu : le traditionnel mode libre, qui vous crédite instantanément de 20 000€ et vous laisse gérer champs et bétail, et un mode carrière. Ce dernier peut-être parcouru dans trois modes de difficulté, le plus facile vous donnant directement un capital de départ, l'intermédiaire divisant en deux capital offert et emprunté, tandis que l'argent fourni en début de partie devra être intégralement remboursé en mode difficile.
Une fois la difficulté sélectionnée, vous êtes parachuté aux abords de la ferme d'un certain Matt Davis, agriculteur proche de la retraite désireux de retrouver son successeur. Voyant en vous la nouvelle perle rare, le fermier vous proposera en guise de tutoriel de prendre en main tracteur et moissonneuse batteuse afin de vous apprendre les rudiments du travail des champs. Une fois le tuto complété, vous êtes confronté à votre premier véritable objectif : réunir une grosse somme d'argent pour racheter la ferme de votre mentor. Pour ce faire, différents panneaux de missions sont répartis de part et d'autre de la (petite) carte du jeu. Deux solutions s'offrent alors à vous : accepter les missions où le matériel est fourni, ou choisir celles vous enjoignant de faire le boulot avec votre propre matériel en l'échange d'argent supplémentaire.
Un réalisme tout relatif
Autant dire que les tâches sont très répétitives et consisteront essentiellement à labourer, ensemencer ou arroser des champs de tailles variables dans un temps imparti. Notez que Real Farm trouve là sa première entorse à la réalité : il ne sera pas nécessaire, par exemple, de labourer soigneusement l'intégralité d'un champ, il faudra simplement le labourer suffisamment jusqu'au remplissage d'une jauge de complétion assez peu précise. Ainsi, s'il vous prenait l'idée saugrenue de labourer une parcelle à grands coups de motifs grivois, sachez que c'est possible du moment que suffisamment d'hectares de terrain sont passés sous votre machine. Inutile donc de passer méticuleusement chaque centimètre carré de la parcelle, ni même de vous appliquer, cela ne changera rien à l'affaire.
En plus de ce côté lassant et peu réaliste, c'est aussi du côté des appareils que Real Farm ne parvient pas à convaincre. Outre le fait qu'il n'existe pas de licences réelles (question de moyens, donc excusable) et le faible nombre d'engins à acheter / louer, c'est surtout le feeling de conduite des tracteurs et autres machines qui échouent à procurer un sentiment de réalisme. Vos appareils se comportent grosso modo toujours de la même façon quelle que soit la surface sur laquelle vous vous trouvez et adoptent d'ailleurs parfois des comportements incompréhensibles, se mettant à subitement ralentir dans la pente descendante d'un champ ou accélérant brutalement lors de son ascension. En outre, si la modélisation extérieure est correcte, l'intérieur lui, fait franchement artificiel et croyez bien qu'il n'est pas nécessaire d'avoir passé sa vie aux commandes d'un tracteur pour s'en rendre compte.
Ce n'est pas non plus du côté de l'ergonomie des contrôles qu'il faudra chercher le plaisir, puisqu'il est nécessaire de passer par un menu radial pour activer les différents appareils de votre attelage. Sachant qu'il n'est pas possible de faire tourner votre tracteur pendant que vous êtes dans le menu radial, les demi-tours manquent de fluidité au point d'en devenir franchement pénibles d'autant plus qu'ils sont nombreux.
Une physique aux fraises
Si vous pensiez que Farming Simulator avait une physique à la ramasse, ravisez de suite votre jugement, celle de Real Farm est proprement catastrophique. Voir sa puissance et leste moissonneuse tranquillement s'empaler sans raison contre un panneau stop, vous contraignant à descendre du véhicule sans possibilité de le décoincer peut prêter à sourire en cas de location, mais lorsque vous êtes contraints de recommencer une longue mission, la descente du véhicule avant la restitution du matériel équivalant à un échec, à cause d'une physique aux fraises fait nettement moins marrer.
Mais la physique n'est pas le seul problème : Real Farm n'est clairement pas fini et s'apparente davantage à une Alpha qu'à un jeu complet. Le jeu, au cours de notre session de test, à tout simplement crashé de nombreuses fois. Pire encore, à l'issue d'une mission, notre personnage s'est retrouvé coincé dans le sol. Il nous a été nécessaire de redémarrer le jeu, qui avait eu la bonne idée de sauvegarder à ce moment précis. Lorsque nous avons relancé notre partie, le personnage était toujours rivé au sol, réduisant à néant toute la progression effectuée auparavant, nous contraignant à recommencer le titre depuis le début, ce dernier ne proposant pas de sauvegarde libre mais des checkpoints sur un slot de parti déterminé.
Une Moisonneuse trop légère (ou un panneau stop trop solide)
Alors, si dans l'immédiat le papier est assez assassin concernant Real Farm, il n'est pas non plus un ratage d'un bout à l'autre et sur certains points parvient même à faire un peu mieux que Farming Simulator. Effectivement, la bonne idée du titre réside dans les petits pictogrammes qui surplombent chaque parcelle de terre et qui vous indiquent si le terrain est infesté d'insectes, suffisamment irrigué ou suffisamment fertile. Ainsi, vous devrez adapter le traitement de votre champ en fonction de son état et devrez parfois commencer par appliquer des pesticides et soigner votre lopin de terre avant de penser à son ensemencement, donnant un niveau de gestion supplémentaire à la simulation agricole. Cependant, difficile de vous recommander le titre qui est moins complet, moins beau, moins riche et moins bien fini qu'un Farming Simulator, pour un prix équivalent.
Points forts
- Les informations relatives aux champs
- Assez complet pour occuper les plus patients
- Modélisation extérieure des machines acceptables
Points faibles
- Très mal fini (crash, bugs...)
- Manque de réalisme lors du travail aux champs
- Très peu d'explications pour le néophyte
- La modélisation intérieure des véhicules
- Physique totalement à la ramasse
- Parc de véhicules léger
- Pas de multijoueur
Ne donne pas la réplique à Farming Simulator qui veut et Real Farm n'est pas de taille à tutoyer le colosse de Giants Software. Si l'on comprend certes la large différence de moyens entre les studios responsables de ces titres, Real Farm cumule trop d'erreurs pour séduire les amateurs de simulation agricole. Manque criant de réalisme, physique à la ramasse, bugs dans tous les sens, parc de véhicules faiblard et répétitivité des missions sont autant d'écueils auxquels vous serez confrontés si vous privilégiez ce jeu plutôt que le chef de file du genre. Si le titre a de bonnes intentions et s'offre même quelques bonnes idées, difficile de vous conseiller Real Farm qui, pour un prix équivalent à Farming Simulator, fait nettement moins complet et nettement moins réaliste.