Si passer 20 minutes pour faire 50 m sur un chemin boueux vous semble plus attrayant que de rouler sur une piste à plus de 200km/h et si une Lada vous a toujours parue plus utile qu'une Ferrari, c'est que Spintires est sans doute fait pour vous ! Et vous n'êtes d'ailleurs pas le seul, puisque le premier opus a trouvé plus d'un million d'acquéreurs sur Steam. Depuis, Focus a repris le bébé et entend le faire franchir un nouveau palier avec ce MudRunner. Voyons s'il se donne les moyens de ses ambitions.
Focus nous traîne dans la boue avec Spintires
Si Spintires a eu d'excellents retours de la part des joueurs, il faut avouer que le projet a eu du mal à s'inscrire sur la durée en raison de relations compliquées entre l'éditeur et le développeur. Le principal objectif de cette suite, parce qu'il s'agit bien d'un jeu à part entière selon Focus, c'est avant tout de rassurer les fans, de leur montrer que Spintires ne sera pas laissé de côté cette fois-ci et continuera d'évoluer après la sortie. L'idée est également là d'attirer un public toujours plus large, et pour ce faire l'accent a été mis sur une remise au goût du jour des graphismes et l'ajout de contenu supplémentaire.
Ouh la gadoue, la gadoue, la gadoue...
Mais avant de rentrer dans le détail des nouveautés, attardons nous donc un instant sur ce qu'est réellement Spintires : un simulateur permettant de manier des véhicules tout terrain dans les hostiles forêts de Sibérie. Les routes se font rares ici et il faut se préparer à rouler sur des chemins boueux ou caillouteux, des sables mouvants ou carrément à traverser des rivières et fleuves. Le but est généralement d'explorer la map avec un véhicule léger dans un premier temps afin de trouver tous les centres d'intérêt (station service, garage pour équiper des extensions à nos véhicules, etc) puis d'aller récupérer des rondins de bois dans les stations de chargement avant de ramener le tout aux différentes scieries. On dispose pour cela de plusieurs véhicules sur lesquelles on va équiper par exemple une grue pour charger le bois manuellement, une remorque transportant des rondins plus longs, des outils pour effectuer des réparations d'urgence, une citerne pour apporter de l'essence où l'on souhaite (ce qui peut être très pratique, parce que visiblement, l'essence s'évapore très rapidement en Sibérie), etc. Il faut dès lors passer d'un véhicule à l'autre afin de mener à bien sa tache et ainsi débloquer une nouvelle map et recommencer tout depuis le début.
Comme dans le premier opus, on nous propose 2 physiques différentes afin que chacun y trouve son compte. Par exemple, en mode simplifié, il est possible de bloquer le différentiel lorsque la boîte est en automatique, de dépanner son véhicule dans les garages déverrouillés, le chargement des rondins peut se faire automatiquement et la consommation de carburant est moins importante. Reste que dans les 2 cas, les choses ne sont pas simples DU TOUT et on est souvent obligé de faire appel à son treuil pour se sortir d'un mauvais pas, que ce soit pour s'accrocher à un arbre, un rocher ou carrément à un autre véhicule qui peut ainsi nous tracter. Mais si les erreurs qu'on peut commettre sont parfois frustrantes et qu'il faut s'attendre à ce que la touche choisie pour accélérer souffre un peu par moments, ce n'est jamais parce que le moteur physique est mis en défaut. On peste quand on s'enlise, mais on s'en prend à nous même plus qu'au jeu, ce qui est généralement plutôt bon signe. Les sensations de conduite sont par conséquent excellentes malgré une impression de vitesse totalement inexistante, même en étant à fond sur une route tout à fait praticable avec un 4x4 classique. Mais l'intérêt n'est de toute façon pas là. Honnêtement, il n'y a pas grand-chose de négatif à dire à ce niveau, même si le constat est globalement le même que dans le premier Spintires et que ce n'est pas cela qui va justifier un nouvel achat pour les fans.
Malgré les bonnes impressions initiales, il faut avouer qu'après quelques parties, celui qui n'est pas ultra fan du style risque de sentir une grosse lassitude tant les objectifs sont redondants. L'intérêt est certes dans le fait de dompter l'environnement, mais il aurait été de bon ton de proposer quelque chose de différent à ce niveau. Le mode principal de jeu n'a en rien évolué et il est toujours simplement question de faire des allers-retours entre des kiosques à bois et des scieries. On retrouve simplement une nouvelle map dans ce MudRunner, ce qui porte à 6 le nombre total. Ce n'est clairement pas énorme, mais Focus a heureusement eu la bonne idée d'ajouter un nouveau mode de jeu proposant de réaliser quelques défis. En tout ce sont 9 nouvelles missions qui sont proposées avec chacune un terrain de jeu unique. Elles ont surtout le mérite de compléter un peu le didacticiel en prenant chaque élément du jeu afin d'en faire un court challenge avec un objectif principal et 3 objectifs annexes. Il peut par exemple s'agir de charger des rondins sans détruire le moindre élément de décor, d'escalader une montagne sans utiliser le treuil, de traverser un fleuve avec pour les plus courageux une remorque attachée, de parcourir une map sans utiliser le pont qui paraît pourtant si pratique, etc. Débloquer toutes les étoiles peut occuper quelques heures et permet en prime de se frotter à la plupart des difficultés que comporte le mode de jeu principal. Il s'agit donc d'un ajout plutôt intéressant pour les néophytes, même si on en aurait aimé davantage au niveau du contenu. Des DLC seront sans doute proposés par la suite avec de nouvelles maps et véhicules, mais pour l'heure, il faut se contenter de cela.
Une boue...illie de pixels ?
Pour ce qui est de la refonte graphique mise en avant par l'éditeur, il faut avouer qu'elle est plutôt discrète. L'accent a surtout été mis sur la boue qui est effectivement un peu mieux rendue. On sent mieux l'effet du poids de notre véhicule et la déformation en temps réel du sol. Les passages successifs laissent aussi des ornières plus ou moins profondes qui peuvent finir par provoquer un enlisement. La végétation réagit aussi un peu mieux aux sollicitations, que ce soit lorsqu'on rentre dans un arbre ou lorsqu'on y accroche un treuil. Mais pour le reste, les textures pas vilaines il y a 3 ans et demi commencent aujourd'hui à être un peu limites. Les couleurs sont ternes, la modélisation des véhicules n'a pas du tout évoluée et la caméra est toujours aussi catastrophique. C'est donc un résultat globalement perfectible, d'autant plus lorsqu'on prend en compte ce qui est présenté comme une des grosses nouveautés de cet opus : la vue cockpit. En effet, cette dernière fait enfin son apparition (même si des mods permettaient de contourner le problème dans le premier opus), mais s'avère être bien décevante. Les textures sont immondes et l'équipe n'a même pas pris le temps de modéliser un tableau de bord propre à chaque véhicule. Un même rectangle gris avec toutes les informations nécessaires a simplement été posé derrière le volant sans aucun souci d'intégration. De même, lorsque l'eau vient régulièrement gêner la visibilité, il aurait pu être pratique d'actionner les essuie-glaces, mais non, c'est impossible. Et que dire de l'absence de rétroviseurs ? Pour effectuer des manœuvres, ce serait sans doute un plus surtout quand des défis imposent de joueur uniquement en vue cockpit. Avec des carrés gris qui ne reflètent pas quoi que ce soit, vous imaginez facilement que c'est compliqué de faire une marche arrière correctement. Bref, c'est une gros point noir.
Mais alors, ce nouveau Spintires vaut-il le coup ? Eh bien cela dépend de votre volonté d'acheter ou non des DLC. Si c'est le cas, on nous promet déjà des véhicules à chenilles, des nouvelles marques, etc. En plus des 13 inédits déjà présents, vous devriez y trouver votre compte. Pour les autres, il est dommage de ne pas trouver plus de nouveautés, mais il faut voir que le prix de ce nouvel opus est très proche de celui de son prédécesseur. Le prendre et bénéficier de ses nouveautés ainsi que des développements ultérieurs semble donc être une bonne idée. Et ceux qui auraient déjà acheté le premier ont droit à une remise de 50 % et n'auront donc à débourser qu'un peu moins de 15€. Ils bénéficieront en prime d'un outil permettant de convertir directement tous leurs mods afin de continuer à en profiter. Ce n'est donc clairement pas un mauvais plan pour un jeu qui reste tout à fait sympathique et un poil plus généreux que son prédécesseur.
Points forts
- Un concept unique
- La physique vraiment excellente
- Du challenge
- Le mode Défis apporte un peu de variété
- La déformation en temps réel du terrain
Points faibles
- Vue cockpit bâclée
- Un peu avare en nouveautés
- Toutes les missions principales ont le même objectif
- Caméra toujours un peu capricieuse
Présenté comme la version ultime de Spintires, ce MudRunner effectue plutôt bien ce qu'on attend de lui et s'il ne s'agit pas tout à fait d'un nouveau jeu à part entière, c'est une bonne base sur laquelle Focus compte apporter un suivi un peu plus conséquent que ce qu'on a pu connaître par le passé. Avec quelques défis pas inintéressants, des véhicules et une map supplémentaire auxquels s'ajoute une physique toujours aussi excellente, il s'avère être un bon simulateur qui, pour quelques euros de plus que son grand frère constitue un plan honnête. Dommage par contre de ne pas avoir travaillé davantage la vue cockpit qui est très décevante.