Si vous n'avez jamais entendu parler de Constructor, attardons-nous sur un récapitulatif de ce que le titre a dans le ventre. Vous êtes dans la peau d'un agent immobilier véreux, qui devra, à force de gestion et de coups bas, asseoir sa domination en étant propriétaire de la majeure partie des constructions de la carte. Mêlant gestion pure et éléments de RTS, Constructor avait pour principal intérêt un humour assez grinçant, n'hésitant jamais à sombrer dans le cliché pour amuser le joueur.

Tout le sel du jeu original

En terme de gameplay, la version HD est identique à l'originale : vous commencez avec une équipe d'ouvriers que vous chargerez rapidement de construire une scierie, afin de disposer d'assez de ressources pour bâtir votre première (et rudimentaire) maison, avant d'y intégrer vos premiers locataires. Il existe 5 profils de bailleurs différents, les premiers étant les plus pauvres, les derniers, les plus riches. Afin de débloquer les paliers de locataires supérieurs, il sera nécessaire d'éduquer vos premiers arrivants, afin qu'ils engendrent des individus plus cultivés. Effectivement, les pauvres ne peuvent à la base que donner naissance à des ouvriers (permettant de multiplier les constructions) et il sera nécessaire de leur donner par exemple un ordinateur pour qu'ils s'ouvrent à la culture et accouchent de petiots un peu plus futés.

Naturellement chaque profil de locataire a ses propres exigences : les punks ne verront pas de problème à vivre à côté d'une décharge, mais auront tendance à être très bruyants, ce qui posera problème s'ils ont pour voisins des vieux grincheux, qui seront particulièrement regardants sur l'entretien de leur jardin (tâche qui vous incombe) et à l'ensemble de leur environnement. Il sera donc nécessaire de jongler entre les exigences de chacun, et de s'assurer d'avoir toujours suffisamment d'enfants à naître, ces derniers étant, rappelons-le, les futurs locataires de vos bâtisses.

Mais Constructor ne s'arrête pas là, car bien entendu, outre l'entretien des maisons, l'expansion de votre empire et la gestion des doléances des locataires, vous n'êtes pas seul sur la carte à désirer devenir le numéro 1 de l'immobilier. Effectivement, en début de partie, vous pouvez choisir quel nombre d'opposants contrôlés par l'IA seront en présence sur votre carte. Et c'est à ce moment que les coups bas peuvent pleuvoir. Constructor a effectivement une section de bâtiment abritant les « indésirables ». Par exemple, un construisant un squat, vous obtiendrez des hippies que vous pourrez enjoindre d'occuper une parcelle adverse en y posant une rave sauvage, empêchant l'adversaire de continuer à construire de nouvelles maisons, jusqu'à ce que la rave se termine. Vous pourrez aussi faire appel à des voleurs, qui subtiliseront les ressources adverses pour garnir les vôtres, bref, tous les coups sont permis et l'IA saura également en profiter. Ainsi, si vous n'êtes pas attentifs à toute une somme de choses à gérer, le game over ne sera pas loin, Constructor étant un jeu assez difficile.

En somme, en terme de concept et de gameplay pur, Constructor HD est toujours aussi charmant et dispose toujours d'un équilibre agréable entre gestion et stratégie temps réel. De plus, si à l'époque de la sortie du titre originale, la coutume voulait que l'on apprenne les mécaniques de jeu en observant l'IA et en échouant pour mieux recommencer, la version HD propose un tutoriel plutôt bien pensé, qui fait le tour des principales mécaniques à connaître. En outre, la refonte de l'interface est plutôt bien venue, cette dernière n'occupant plus la totalité de l'écran à chaque fois que vous naviguez dans les constructions disponibles.

Le poids des années...

Côté visuel, Constructor HD a légèrement affiné le design, trait pour trait fidèle à l'original. Il est difficile de nier que le titre a été développé dans le respect de la source, les développeurs ayant poussé le mimétisme jusqu'à conserver les voix originales et les animations qui devraient évoquer de délicieux souvenirs aux plus anciens d'entre vous. Malheureusement, le jeu n'est peut-être plus aussi pertinent qu'à l'époque et les rares améliorations de Constructor HD ne parviennent pas à faire oublier que le jeu a pris de l'âge et qu'il est livré dans une version un peu trop avare en contenu pour faire l'unanimité. Si vous avez bien 6 modes de jeu différents, ils ne sont en fait que des objectifs d'argent ou d'expansion à remplir, et les missions de campagne sont toujours aux abonnés absentes. En outre, si l'initiative d'un mode multijoueur est louable, nous ne sommes pas parvenus à trouver une partie, les serveurs étant sans aucun doute déserts, en raison de la confidentialité du jeu.

Enfin, il faut reconnaître que les mécaniques ont pris de l'âge, et que si l'humour assez politiquement incorrect fait mouche les premières parties, la lassitude gagne vite le joueur une fois les réflexes de gestion assimilés. En somme, Constructor HD sera sans doute agréable aux yeux de ceux qui voudraient s'offrir un bain de nostalgie, et c'est à peu près tout.