Entre TCG, Tower Defense et Poker

Commençons par présenter le principe très particulier de ce titre. Les deux adversaires se retrouvent à chaque extrémité d'un plateau de 8 cases de longueur par 5 cases de largeur. Devant eux, cinq couloirs au bout desquels sont situés cinq œufs qui feront office de vies et qu'il faudra donc protéger à tout prix pour remporter la victoire. Votre objectif est donc de détruire ceux de votre ennemi et pour cela, il suffit d'invoquer vos créatures sur les cases de votre camp. Si je décide de poser un Wabbit sur le terrain, celui-ci avancera le long du plateau jusqu'à arriver chez l’opposant. S'il rencontre quelque chose sur sa route, que ce soit un monstre adverse ou l'un de ses œufs, il attaquera alors automatiquement.

Voici donc pour les petites excentricités de gameplay de Krosmaga, le reste étant relativement classique. Système de mana, points d'attaque et de vie, 45 cartes par deck, nous restons tout de même sur les bases d'un jeu de cartes. Mais la grosse différence, vous l'aurez compris, c'est le côté Tower Defense du titre. Les déplacements de nos bestioles étant automatiques, il est important de rester attentif à ce qu'il se passe sur chacune des 5 lanes du plateau. L'utilisation des ressources à notre disposition et leur placement rendent les parties hautement stratégiques, rapprochant le soft du jeu d'échec sous certains aspects.

Autre composante intéressante, sur les cinq œufs que nous avons évoqués plus tôt, seuls trois sont vrais. Les deux autres sont vides et leur perte n'engendre pas de dommages, mais ouvre une nouvelle ligne d'invocation. Ce qui peut sembler étrange au premier abord s'avère finalement très intéressant du point de vue stratégique. Comme dans une partie de Poker, il vous est possible de bluffer en faisant par exemple semblant de surprotéger un couloir qui renferme en fait un postiche. En début de partie, les deux joueurs commencent ainsi par essayer de localiser les bonnes lanes à attaquer. Dans l'ensemble, les mécaniques sont effectivement assez nouvelles et offrent une nouvelle vision réussie du jeu de carte. Nous regrettons seulement la durée des parties qui, si elles opposent deux joueurs d’un niveau correct, peuvent s’avérer très longues. Un petit défaut qui risque de déranger ceux qui souhaiteraient juste s’offrir une petite partie rapide.

Huit héros à maîtriser

Comme dans de nombreux jeux du genre, les cartes sont divisées en plusieurs catégories rattachées à différents héros. Au nombre de 8, ces Dieux tirés de l'univers de Dofus / Wakfu possèdent chacun leurs caractéristiques et leur style de jeu. Nous avons par exemple Iop, gros guerrier assez facile à prendre en main et reposant sur un style de jeu rapide. Sa technique de prédilection est la charge, une capacité permettant de faire avancer les créatures plus rapidement. De l'autre côté, nous retrouvons la déesse Eniripsa dont le nom épelé à l'envers laisse deviner qu'elle est particulièrement douée pour soigner et renforcer ses bestioles.

Difficile de dire à notre niveau si certaines classes ont un net avantage sur d'autres, mais l'ensemble nous a paru plutôt équilibré. Evidemment, le match-up étant toujours aléatoire, vous serez plus ou moins favorisé en fonction du héros choisi par l'adversaire. Mais pas de panique, les développeurs ont pris le soin de restreindre un peu la construction de decks. Il n'est en effet pas possible d'inclure plus de cinq cartes Infinite (très rares et donc légèrement plus puissantes) par deck, ce qui évite logiquement que les joueurs ayant décidé de mettre la main à la poche soient avantagés.

Attrapez les toutes !

Car oui, comme dans tout jeu free-to-play qui se respecte, il est possible d'accélérer un peu sa progression en allant faire un tour dans la boutique. Reposant sur une monnaie baptisée Kamas, celle-ci vous permet d'acquérir deux choses : des socles et des paquets de cartes. La première est une petite composante cosmétique, tandis que la seconde est évidemment votre moyen principal d'obtenir de nouvelles cartes. Pour 60, 120 ou 300 Kamas vous obtenez des paquets contenant des cartes plus ou moins rares. Ainsi avec le plus cher, vous serez sûr d'obtenir au moins une Infinite.

Même si cette possibilité avantage clairement les plus fortunés, la limitation de cinq vignettes de ce type par deck vient légèrement contrebalancer ce potentiel souci. Vous vous en doutez, ce n'est pas la seule manière d'obtenir les précieuses petites feuillettes cartonnées puisque comme ses concurrents, Krosmaga récompense les joueurs pour leur assiduité. Des quêtes journalières sont ainsi proposées, mais également un système de jeton vous permettant de lancer une roulette.

Bref, vous n'êtes nullement obligés d'investir puisque vos parties ne seront jamais simplifiées à coups d'euros. Vous gagnerez tout au plus un peu de temps. N'oublions pas de mentionner le mode solo qui donnera un peu de fil à retordre aux nouveaux venus et vous permettra de souffler un peu entre deux parties classées.

Un univers riche porté par une excellente réalisation

Les amateurs de Dofus auront très certainement reconnus l'empreinte Ankama pour ce qui est de la direction artistique du titre. Toujours équipé de ce style inspiré des mangas, le studio a profité de son jeu de cartes pour transposer tout l'univers créé pour ses MMORPG. Nous y retrouvons ainsi tous les éléments iconiques de ce dernier, les Gelées, les Wabbit, les Bouftous et bien entendus les œufs Dofus qu’il faut ici protéger.

En plus d’étendre le lore déjà conséquent d’Ankama, ce titre parvient ainsi à nous proposer un bestiaire riche et sympathique. Il faut dire que le tout jouit au passage d’une superbe direction artistique qui, en plus de s’écarter un peu de la concurrence misant souvent sur un aspect héroic-fantasy plus classique, confère à Krosmaga une ambiance particulièrement plaisante. Même constat concernant les animations des personnages qui sont très réussies. Petit bémol en revanche du côté du plateau qui s'avère un peu pauvre, aussi bien en termes de détails que d'intéractions. Là où la concurrence joue beaucoup avec les ambiances, Krosmaga se contente de nous offrir un fond bien trop vide et aucune petite distraction pour passer le temps. Alors oui, on pinaille un peu, mais lorsque l'on tombe sur un adversaire lent comme la mort, pouvoir allumer les lampadaires du décor, ça aide.