Il est presque minuit. Les rues sont désertes, les habitants se retranchent derrière leurs volets. Quelque chose se trame dans la jungle urbaine. Sans un bruit, deux grands gaillards surgissent de l’ombre, illuminés par de puissants lampadaires. Ils brandissent le poing, prêts à tout pour remporter la victoire et rafler le titre de maître. C’est un affrontement de rue sans pitié qui s’annonce avec Urban Champion, un jeu de combat signé Nintendo.
Trailer de sortie de Urban Champion
Avant Super Smash Bros., Punch-Out!! ou même ARMS, Nintendo avait déjà accouché d’un jeu de combat aujourd'hui méconnu : Urban Champion. Un titre dont vous aviez peut-être entendu parler grâce un caméo dans un jeu Nintendo… Urban Champion n’est pas spécialement connu en Europe et pour cause, il est sorti uniquement au Japon et aux USA au temps de la NES. L’Europe a dû attendre sa réédition sur Console Virtuelle et sur 3DS (via la gamme 3D Classics) pour pouvoir y jouer officiellement.
UN JEU DE COMBAT SIMPLE(T)
En quoi consiste Urban Champion ? C’est un petit jeu de combat qui propose des affrontements entre deux personnages. Vous contrôlez l’un d’eux et vous devez venir à bout de votre adversaire à l’aide de vos poings. Vous pouvez effectuer un coup faible ou un coup fort. Ces deux coups pouvant être donnés vers le haut, au milieu ou vers le bas. Bien évidemment, il est aussi possible de parer les coups et de se déplacer dans l’arène… Et c'est à peu près tout ce vous pouvez faire. Aucun combo, pas de super attaque au programme… Disons que le jeu ne s’embarrasse pas du superflu, c’est vraiment le service minimum.
Le titre ne fonctionne pas avec un système de point de vie. Tout ou presque se joue par rapport à votre jauge d’endurance. L’endurance est ce qui régule les actions et la résistance de votre personnage. Quand vous donnez ou encaissez des coups, vous perdez de l'endurance. Et arrivé à zéro, vos coups et vos parades n'ont plus aucune efficacité. Un système un peu frustrant, d'autant qu'il est impossible de regagner de l'endurance sur le round en cours. Il faut donc agir avec prudence pour éviter de se retrouver à court d’endurance, au risque de laisser libre cours aux assauts de votre adversaire...
Pour remporter un round, il faut expulser l’ennemi hors de l’arène. Au bout de trois rounds perdus, une bouche d’égout apparaît du côté de votre adversaire (ou inversement, si vous en perdez trois). Il suffit donc de le faire sombrer dans les égouts pour remporter le combat. Suite à quoi, la partie s’enchaîne immédiatement avec un autre combat, jusqu’à ce que vous subissiez un Game Over, mettant donc fin à la partie.
Les combats sont également soumis au temps. La mécanique est classique, à un détail près : si le temps imparti est écoulé, le round est remporté par le personnage qui s’est imposé sur le bout de terrain de son adversaire. Admettons que vous commenciez du côté gauche et que vous plaquiez votre adversaire sur l’extrémité de son territoire, sur le côté droit, sans parvenir à l’expulser du tableau : la police vient alors coffrer votre adversaire et vous remportez le round. C'est donc une sorte de combat de lutte, il faut repousser son adversaire en permanence pour ne pas avoir de mauvaise surprise.
À ce propos, des invités inattendus, comme la police justement, peuvent faire irruption sur le terrain. Quand les forces de l’ordre débarquent, les combattants reviennent à leur position de départ. De quoi remettre la donne en jeu. Sur les façades des bâtiments, des habitants peuvent aussi apparaître de manière aléatoire pour vous jeter des objets à la figure. Ils ont pour effet de vous déstabiliser pendant quelques secondes, permettant à votre adversaire de vous caler des crochets bien placés. Il faut donc utiliser ces composantes à votre avantage pour que la tête de votre adversaire réceptionne ces objets à votre place.
La police vagabonde et les pots de fleurs volants ont donc le luxe de pimenter les combats. Mais leur petit manège a de quoi agacer à la longue : ils débarquent toujours comme un cheveu sur la soupe pour vous mettre des bâtons dans les roues, histoire de semer la pagaille. On se retrouve donc avec une difficulté rehaussée artificiellement, dépendant de facteurs aléatoires, et une tentative de dynamiser des combats en proie à la répétitivité…
DES AFFRONTEMENTS MORNES ET RÉPÉTITIFS
Urban Champion possède un avantage indéniable, c’est qu’il est simple et accessible. N’importe quel novice en jeu de combat peut le prendre en main très facilement. Le problème, c’est que cette simplicité et cette accessibilité ont un prix : le système de combat s’en retrouve dépouillé et n’offre aucune profondeur…
Le panel de coups est limité et avec le temps, on finit par abuser des coups forts, les autres n’étant d’aucune utilité. Manette en main, le gameplay cumule en plus le défaut d'être lourd et redondant. Par exemple, quand on frappe l’adversaire, on ne sait pas toujours si notre coup arrive à destination, tant on a l’impression de frapper dans le vent. Par moment, on croit assister à des chamailleries plutôt qu'à des combats de futurs champions.
Le jeu ne possède que deux modes de jeu : un mode un joueur et un mode deux joueurs. Et quelque soit le mode choisi, l’expérience reste la même : on enchaîne les combats jusqu'à tomber dans une bouche d’égout, avec pour seule récompense des scores et des titres honorifiques. Aucun challenge à l’horizon tant la difficulté est absente. Et rien n'invite à relancer la partie une fois qu’elle est terminée. Quand on a joué une fois au jeu, on a la sensation qu’on a déjà tout vu. Le défaut majeur, c’est vraiment que tout devient très vite morne et répétitif.
En tout, il n’y a qu’un vrai personnage jouable (notre adversaire étant un clone de notre avatar avec une palette de couleur différente), un environnement avec quelques variantes visuelles et toujours ces mêmes personnages qui jettent leurs détritus par la fenêtre… Au fil des parties, tout est identique et plus rien ne surprend. Ce sont les mêmes combats avec les mêmes tableaux peuplés par les mêmes personnages… Avec un contenu aussi rachitique, peu étonnant que le titre ne se renouvelle pas… La solution reste alors de brancher une seconde manette pour tromper l’ennui à deux. Même si le jeu trouve sans doute un peu d’intérêt en multi, encore faut-il qu’un ami veuille bien se donner la peine de jouer…
Du côté de la réalisation, Urban Champion arbore une plastique colorée. Les tableaux urbains plongés dans l'ombre instaurent une ambiance de combat aguicheuse au premier abord. Mais comme évoqué précédemment, les échoppes se ressemblent toutes, les deux challengers possèdent le même sprite teinté d'une simple nuance de couleurs pour les différencier… C’est le strict minimum et c’est bien dommage. De même pour les quelques notes de musique et les bruitages qui peinent à combler le silence palpable des affrontements à mourir d’ennui…
Si Urban Champion sur Console Virtuelle est identique au jeu d'origine, il n'en est pas de même pour la version du titre sorti sur Nintendo 3DS. En 2011, Urban Champion est ressorti sous la bannière des 3D Classics, une gamme de jeux vintage qui ont reçu un petit lifting 3D pour l'occasion. Quand la 3D est activée, les visuels en 2D sont désormais affublés d'effets de relief ou de profondeur agréables sans être indispensables.
La version 3D Classics d'Urban Champion est identique à la version NES dans son gameplay et son contenu. Seuls quelques effets visuels ont été rajoutés, comme la possibilité de jouer avec une perspective en isométrie. Il est également possible de partager ses scores en ligne et de jouer à deux avec un ami qui possède le jeu. C'est donc l'occasion de (re)découvrir le titre sous un nouveau jour — visuellement, en tout cas.
Points forts
- Un titre simple et accessible
- Le visuel, rudimentaire mais coloré
- Un jeu de combat made in Nintendo ?
Points faibles
- Un système de combat faiblard
- Contenu inexistant
- Morne et répétitif
Urban Champion mise clairement sur la simplicité et l’accessibilité de ses mécaniques. Quelques parties suffisent pour dompter la bête. Mais c’est sans compter sur le fait qu’on tourne rapidement en rond et que l’ennui finit par prendre le dessus… En cause : un système de combat peu abouti, un contenu faiblard et un intérêt qui ne se renouvelle pas. Pour plaisanter, on peut toujours essayer le mode deux joueurs, le temps d’un combat. Et puis, on finit par débrancher la console pour se rabattre sur une autre valeur sûre made in Nintendo. C’est sans doute mieux ainsi.