Dans le monde de Sonic, un nouveau malheur est survenu ! Le Dr. Eggman est revenu pour semer le trouble en s’emparant des émeraudes du chaos. Ne pouvant laisser le mal impuni, Sonic et Knuckles sont prêts à tout pour récupérer les biens qui ont été volés… un pitch classique et attendu pour un Sonic.

Difficile de passer outre l’influence d’un certain Sonic & Knuckles. Les deux compères se retrouvent de nouveau en tête d’affiche, le jeu propose des gimmicks et des environnements qui rappellent furieusement l’épisode Mega Drive… On pourrait croire que Sonic Blast est une déclinaison de cet opus ou bien de Sonic 3D Blast (qui n'a absolument aucun lien avec lui). Mais que nenni : c’est bien un épisode inédit qui emprunte des idées ici et là à d'autres opus, en essayant d’apporter tant bien que mal son lot de nouveautés.

DU SONIC, EN MOINS BIEN

Côté gameplay, on retrouve tout ce qui fait la recette d’un Sonic. C’est un platformer dans lequel on doit courir, récupérer des anneaux et parvenir au bout du niveau le plus rapidement possible. Même si la vitesse n’est pas ce qui caractérise le plus ce Sonic Blast… Le gameplay accuse une certaine mollesse. Les personnages paraissent lents mêmes quand ils sont à fond, sans parler de leur inertie un peu douteuse lorsqu’ils sautent… Pour dynamiser un peu l’ensemble, Sonic et Knuckles ont hérité de gimmicks tirés des opus Mega Drive. Sonic peut effectuer un double saut et Knuckles peut planer et s’agripper aux parois. Mais contrairement à ce qu’on pouvait espérer, ces éléments de gameplay ne présentent pas grand intérêt. Au contraire, ils viennent faciliter un jeu à la difficulté déjà inexistante.

On ne meurt pas souvent dans Sonic Blast. Les pièges sont peu nombreux et les rares ennemis semblent plongés dans le coma. Perdre ses anneaux relève de l’exploit. Quand notre personnage est touché, il ne perd pas tous ses anneaux mais seulement dix. Un choix sans doute justifié par rapport au support portable et à l’impossibilité de sauvegarder, mais qui peut générer une lassitude par manque de challenge.

Les niveaux (une dizaine en tout) sont anormalement construits. Certains d’entre eux peuvent être terminés en quelques secondes, rien qu’en les survolant. Inversement, d’autres paraissent interminables tant leur construction est labyrinthique et peu intuitive. Pour ne citer qu’elle, la zone sous-marine risque de faire grincer des dents à plus d’un… Le level design souffre donc d’un traitement inégal mais le tableau n’est pas tout noir non plus. Sonic Blast essaie d’apporter de nouvelles mécaniques d’exploration bienvenues. De temps à autre, Sonic et Knuckles doivent interagir avec des éléments du décor comme des boutons, des ascenseurs ou des tuyaux pour progresser. Ces composantes sont élémentaires, déjà vues ailleurs, mais elles esquissent un aspect puzzle et exploration qui aurait bien mérité d’être creusé.

Autre point à relever, les phases de combat contre les boss. Chaque zone (au nombre de cinq) se ponctue par un affrontement contre le Dr. Eggman. La stratégie à adopter pour le vaincre est simple et reste la même d’une zone à l’autre, à savoir sauter sur son cockpit pour lui infliger des dégâts. Autant dire que ces affrontements paraissent vite répétitifs… En revanche, on ne peut que saluer le soin apporté à la mise en scène des combats ! Que ce soit la posture du docteur ou les arènes (bien que rudimentaires) qui influent un peu l’approche de la bataille, les idées sont au rendez-vous… cependant, elles auraient mérité un bien meilleur traitement.

Enfin, c'est un élément incontournable que nous avions évoqué en préambule : les émeraudes chaos sont bien présentes dans le jeu ! On peut les récupérer dans des stages spéciaux qui s’inspirent de ceux de Sonic 2… en plus laid et en moins maniable. Ce qui n'est pas de bon augure pour la suite... Une fois plongé dans le stage spécial, le personnage court indéfiniment sur une sphère et doit récupérer un certain nombre d’anneaux dans un temps imparti. Si la mission est un succès, vous obtenez une des cinq émeraudes ainsi qu’un objet (une vie supplémentaire, des anneaux, etc.). Si vous les récupérez toutes, cela a pour seul effet de gonfler votre ego. Pas de transformation en Super Sonic ou autre récompense gratifiante au programme. À moins d’être perfectionniste et compte-tenu de leur pénibilité, vous aurez mieux fait d’éviter ces stages spéciaux pour aller à l’essentiel.

UNE PATTE GRAPHIQUE À LA FOIS AUDACIEUSE ET... KITSCH

On ne pouvait pas passer à côté de la patte graphique atypique de ce Sonic Blast ! Malgré les limites de son support, le jeu parvient à exhiber une plastique proche d’un Mortal Kombat ou d’un Donkey Kong Country. On a donc droit à des rendus pré-calculés en guise de sprites qui donnent une impression de 3D. Ce qui était probablement une prouesse pour son époque paraît aujourd’hui bien désuet… d’autant que le résultat n’est pas spécialement aguicheur, en plus d’apporter son lot de désagréments. Par exemple, les personnages paraissent gigantesques proportionnellement à l’écran, au point de nuire quelquefois à la lisibilité de l’action. Exit l’interface, aucune indication sur les vies, ni sur le temps restant pour terminer le niveau. Tout est relégué à un écran en début de niveau qui frôle la boulimie d’informations. Heureusement pour eux, les anneaux ne sont pas passés à la trappe.

On pourrait aussi parler des animations très pauvres, des environnements faussement riches en détails qui renvoient des couleurs bien ternes… Disons qu'on est loin des teintes chatoyantes des précédents Sonic sur Game Gear. Quant à l’aspect sonore, les petites mélodies qui accompagnent l’aventure sont trop discrètes et peu mémorables. Loin de ce à quoi la série nous a habitué, y compris dans ses épisodes les moins marquants.