Après un premier épisode correct mais clairement destiné au public de niche que sont les amateurs de Dungeon-RPG, le studio Experience Inc. revient avec Operation Babel, nouvel opus de la série New Tokyo Legacy. Si le titre édité chez nous par NIS America semble reprendre la plupart des bases de son aîné, saura-t-il outrepasser ce qui lui faisait défaut ?
La cinématique d'intro de Operation Babel : New Tokyo Legacy
Nous retrouvons la Xth Squad de l'académie d’Hinowa quelques mois après les évènements d’Operation Abyss. On y incarne les nouvelles recrues de cette équipe de choc qui a pour but d’enquêter sur les phénomènes surnaturels qui peuvent survenir à Tokyo. Après une période de calme, une mega-structure de 3000 kilomètres de large appelée “L’embryon” fait son apparition dans les cieux de la mégalopole, faisant apparaître son lot de monstres et d'incidents tout aussi étranges. Il ne tient donc qu’à votre équipe tout juste formée d’enquêter sur la situation et de régler les problèmes que cela entraîne.
First Blood Part II
Dès le départ, nous avons le choix entre le mode basique, proposant des personnages prédéfinis dont la skin va du badass au kikoo en passant par le WTF, et le mode classique qui permet de créer son équipe de toutes pièces. Cette dernière option s’avèrera très complète dans le sens où elle nous donne la possibilité de personnaliser notre équipe de A à Z, ce qui va du skin à votre Blood Code. Pour faire simple, choisir son Blood Code revient à choisir sa classe. En sélectionnant le Blood Code d’un héros (Hanzo Hattori, Jeanne D’Arc, Léonard De Vinci...), on attribue des prédispositions statistiques à notre personnage (force, sagesse, esprit, physique), lui donnant en plus accès à un panel de compétences et de sorts. Et là où Operation Babel fait fort, c’est qu’il ajoute un système de Cross Blood permettant de choisir un Sub Blood Code, autrement dit, une classe secondaire. En revanche, si on en attribue deux à un personnage, l’expérience gagnée se verra répartie entre les deux Blood Codes. Si le jeu nous donne la possibilité de changer de Blood Code dès que nous sommes dans notre QG, il ne tient qu’au joueur de les attribuer judicieusement en fonction des sorts et capacités qu'il voudra débloquer.
Un bon donjon vaut mieux qu’un long discours
Le titre s’articule de nouveau sur un rythme qui alterne entre donjons et phases d’enquêtes. Même s’il s’agit d’un parti pris narratif, ces fameuses phases d’enquêtes viennent souvent casser la progression. Leur résolution demande généralement de parler au bon personnage au bon endroit, nous demandant alors de fouiller les différents tableaux et de sélectionner simplement l’option “Contact” pour parler au personnage du lieu en question. Ces phases auraient pu se montrer moins ennuyantes si elles ne noyaient pas le joueur dans des dialogues pas forcément intéressants. C’est bien dommage car le scénario a le mérite d’être parsemé de plusieurs rebondissements et retournements de situation qui sont gâchés par de longs discours un poil trop formels : rapports de mission, contact avec la police.... Ajoutez à cela des PNJ assez stéréotypés (l’otaku à lunettes, l’écolière timide…) ne brillant pas nécessairement par leur charisme et on se surprendra très vite à vouloir retourner dans un donjon.
Les donjons, parlons-en justement ! Leur exploration se fait toujours en vue FPS à laquelle se juxtaposeront les divers mobs qui viendront nous agresser. Il faudra donc les parcourir dans tous les sens pour venir à bout des différentes missions dont on nous chargera. On retrouve à nouveau notre indicateur de danger qui augmentera à mesure que l'on combat, renforçant par la même occasion le niveau de nos agresseurs. Si l’aspect labyrinthique de ces donjons est assez plaisant en terme d’exploration pure, on regrette que le jeu les recycle en nous les faisant parcourir plusieurs fois dès lors qu’une nouvelle mission l’impose. Fort heureusement, des raccourcis se débloquent progressivement, nous évitant de refaire encore et encore les mêmes parcours. Car des allers-retours, il faut se préparer à en déguster! Et pour cause, le titre conserve le même système de leveling que Operation Abyss. A savoir que le seul moyen de faire gagner des niveaux à nos Blood Codes est d’aller se soigner au QG pour que l’expérience accumulée nous fasse passer au(x) niveau(x) suivant(s). Ce qui pourrait ressembler à une contrainte s’avère malgré tout être un excellent moyen de farmer.
Le plaisir du farm
Si gagner des niveaux peut prendre un certain temps, le sentiment de progression n’en est pas moins savoureux. Le système de combat se base sur un tour par tour classique où l’on choisira les actions de ses personnages dans une première phase pour les voir être exécutées avec celles des monstres dans une deuxième. Pour accélérer cette routine que les amateurs de RPG ne connaissent que trop bien, nous avons la possibilité en appuyant sur une touche d’effectuer les mêmes actions qu’au tour précédent et d’aller directement au résultat du tour, faisant ainsi fi des animations de combat très simplistes et peu impressionnantes d’un point de vue visuel. Une fonctionnalité idéale pour le menu fretin, qui permettra en plus d’amasser rapidement de l’XP et des Growth Points (GP), la monnaie à tout faire du jeu. Attention cependant à ne pas en abuser sous peine de se faire rosser par les ennemis les plus coriaces. Le titre bénéficie en plus d’un système de loot, de craft et d’amélioration d’équipement ultra complet, voire complexe. Chaque équipement peut voir ses stats être améliorées tout en permettant au joueur de lui ajouter des attributs (éléments, status effects, boosts de stats…) et de les changer à tout moment. Les allers-retours au QG seront alors récompensés par de nouveaux sorts, des armes et des upgrades moyennant des Growth Points. Ces allées et venues seront d’autant plus nécessaires que, hormis en utilisant des objets relativement rares, on ne pourra sauvegarder qu’en dehors des donjons. Et si le titre peut se montrer plutôt facile dans ses premières heures, il deviendra relativement ardu passé un certain stade du scénario. Le game over peut carrément faire office de punition dans la mesure où ressusciter et soigner nos personnages peut coûter très cher en GP et ainsi nous ruiner. Quand on sait que ces fameux GP servent à acheter, à crafter, à améliorer, à se soigner ou encore à identifier nos loots pour qu’il soient ensuite utilisables, le Reset devient très vite une solution en cas d’échec.
Le défaut de mes qualités
Du point de vue de la direction artistique et de la réalisation, le soft exploite le même moteur graphique que Operation Abyss. Il conserve donc les mêmes points forts et tares tant sur l’aspect narratif que pour les donjons. Le pendant visual novel du titre induit donc toujours une mise en scène basique et assez avare en animation. Les différents PNJ se tenant face à nous superposés à un décor, l’une des seules choses animées est leur expression faciale. Et tant mieux vu la longueur de certains monologues! Cela dit, les tableaux colorés aux allures d’aquarelles n’en restent pas moins très appréciables pour la rétine et les personnages bénéficient du même “trait de crayon” soigné. Il en va de même pour le bestiaire qui jouit d’autant plus d’une certaine originalité. A contrario, les donjons semblent toujours aussi pauvres et peu vivants bien qu’ils recèlent plusieurs secrets et autres chemins alternatifs. Question bande-son, on nous sert une petite OST sympathique qui, sans équivaloir certains chefs-d’oeuvre du J-RPG, sait se montrer entraînante, notamment pour les combats, et bénéficie par moment de compositions épiques tombant à point nommé. Pour finir, si le fait que le titre ne soit traduit qu’en anglais pourra en rebuter certains, on appréciera toute de même la présence de voix japonaises et de séquences entièrement doublées.
Points forts
- Un système de progression très complet
- L’ajout du Cross Blood
- Du farming efficace
- Une durée de vie conséquente
- La direction artistique
- Les voix japonaises
Points faibles
- Des phases d’enquêtes passables
- Des dialogues parfois longs et ennuyeux
- Le manque d’animation dans les combats
- Des donjons toujours pauvres sur le plan visuel
- Le recyclage des donjons
- Des PNJ peu originaux
- Textes uniquement en anglais
Si Operation Babel peine à vraiment se distinguer de son aîné, il apporte malgré tout quelques ajouts rendant le système de progression encore plus profond, notamment grâce au système de Cross Blood. Farmer et faire évoluer ses personnages en devient ainsi très plaisant et donne un réel sentiment d'accomplissement. Dommage que le titre conserve cette réalisation simpliste et uniquement fonctionnelle qui heureusement est balayée par le soin apporté à la direction artistique. On regrettera juste que l’intrigue s'entache de dialogues et de formalités qui auront vite fait de perdre les moins attentifs.