Inconnu au bataillon pour la plupart des joueurs occidentaux, The Silver Case est pourtant l'œuvre d'un créateur de renom : Suda 51. Avant de s'atteler aux bons gros jeux d'action qui tâchent, l'homme a tenté, à sa manière, de dépoussiérer le genre du visual novel. Dans son ambiance, ses codes ou son scénario, le titre nous rappelle, par bien des aspects, l'approche un peu trash du studio Grasshopper Manufacture. Après son arrivée sur Steam en octobre dernier, c'est au tour de la PS4 d'accueillir ce titre longtemps resté exclusif aux PlayStation japonaises. Si vous aimez le genre et que vous en avez marre des mises en scène plates et sans folie, ce jeu est peut-être pour vous.
À l'heure où l'on écrit ces lignes, de nombreux bugs ont été signalés sur les versions PS4 européennes du jeu. Sur notre mouture, des éléments en 3D ne s'affichaient pas et il était impossible de profiter de la mise en scène du titre. Ce problème a été réglé en paramétrant la langue anglaise (États-Unis) dans les options de la console. Ceci dit, on ne serait pas contre un patch...
La ville de "24 Wards" est en pleine psychose. Une série de meurtres met les agents spéciaux du groupe République sous pression et personne ne semble en mesure d'enrayer les méfaits du tueur, Kamui. Alors que l'affaire n'en finit plus de faire les choux gras de la presse, une succession d'évènements va profondément bouleverser l'enquête. C'est en suivant l'histoire, dans les pas d'un inspecteur et d'un reporter, que le joueur va petit à petit faire la lumière sur les faits. À travers cet univers dystopique, Suda 51 livre des thèmes matures et parfois dérangeants, entre noirceur, fantastique et paranormal.
BEAUCOUP DE NARRATION
Visual novel oblige, The Silver Case est avant tout une expérience narrative. Bien qu'il soit accompagné d'une petite mise en scène, cela reste un roman interactif avec quelques bribes de gameplay intégrées pour servir l'intrigue. Malgré quelques longueurs, le jeu parvient à installer une ambiance vraiment étrange et on se prend sans mal au thriller. Cela n'empêche pas le jeu de Grasshopper de souffrir d'un rythme inégal et de temps morts vraiment préjudiciables. Il est vrai que ce remake intègre deux chapitres inédits, qu'il y a des moments percutants et un style graphique efficace, mais certains moments sont soporifiques et nous font décrocher. Surtout quand les mêmes environnements reviennent sans cesse et que les dialogues sont artificiellement allongés...
... ET UN PEU DE GAMEPLAY
Malgré ces soucis, The Silver Case propose un découpage intéressant. La première partie met en avant notre avatar qui se retrouve mêlé à l'affaire du serial killer tandis que la seconde suit l'enquête d'un journaliste. À la place de dialogues à choix multiples, le jeu opte pour des séquences de gameplay en 3D en vue subjective, à la manière d'un titre comme Enemy Zero sur Saturn. La volonté de se démarquer est donc bel et bien présente... mais elle est malheureusement entachée d'une liberté très relative. Au lieu d'avoir des investigations dynamiques sur le terrain, on doit se contenter d'une interface vraiment lourde à base de lettres. Pour se déplacer, il faut choisir la lettre M correspondant aux mouvements, le S est là pour la sauvegarde, le C pour les contacts et enfin le I donne accès aux items. Alors certes, on s'habitue mais certains choix sont peu ergonomiques, comme le fait de monter ou descendre le regard de notre agent avec R1 et R2. On participe ainsi à l'enquête en s'emmêlant souvent les pinceaux. Heureusement, l'histoire tient en haleine et nous fait oublier (un peu) les défauts.
UN VISUAL NOVEL À PART
Là où le jeu fait le grand écart avec la concurrence, c'est dans sa mise en scène et son graphisme. Plutôt que d'afficher l'image en un bloc, l'écran est découpé en plusieurs fenêtres avec des messages subliminaux, des effets, des formes géométriques lumineuses, des onglets... comme si de multiples applications étaient ouvertes sur un PC. Même le texte, qui s'affiche avec un esprit de "machine à écrire" (le son est un peu lourdingue à la longue par contre), s'inscrit dans cette logique. Le style graphique, quant à lui, rappelle un peu l'excellent Hotel Dusk : Room 215 sur Nintendo DS. Il y a donc une vraie patte, une atmosphère prenante mais on regrette vraiment que l'interface, dans sa globalité, n'ait pas profité du même soin. Bien que poussif, The Silver Case possède tout de même quelques atouts pour satisfaire les amateurs de Thriller et d'histoires étranges. À condition de ne pas être trop exigeant...
Points forts
- Scénario intéressant
- Les personnages charismatiques
- Présentation originale et percutante
- Mise en scène convaincante
- Musiques agréables, qui participent à l'ambiance
Points faibles
- Des longueurs inutiles
- Gameplay limité
- Ergonomie bizarre
- Seconde partie encore moins interactive
- Pas de voix
- C'est quoi ce bruit de machine à écrire ?
- Uniquement en anglais
Nanti d'une approche unique, The Silver Case est un titre honorable. Très "old school" dans son esprit, il souffre finalement des mêmes errances qu'à son époque. Mais en 2017, ces dernières prennent encore plus d'importance. Si l'absence de voix est préjudiciable, il faut aussi se contenter de la traduction anglaise, d'un gameplay peu inspiré et de longueurs parfois inutiles. Par contre, si vous arrivez à mettre de côté ces défauts, il n'y a pas de doute, vous passerez un bon moment grâce au scénario, aux personnages et à la mise en scène.