Si Blackwood Crossing est le premier jeu de PaperSeven, les développeurs n’en sont pas à leur coup d’essai ; les fondateurs provenant de Black Rock Studio (Pure). Leur maîtrise du média se ressent très vite à travers la qualité de cette production, qui met en avant des animations, des doublages et des musiques de très bonne facture. Dans l’ensemble, on remarque une véritable patte artistique qui imprègne une narration de qualité.

L’histoire qui nous est racontée, concerne la famille Blackwood et plus précisément ses enfants, Scarlett et Finn. Parfois, comme nous l’avons vu récemment avec The Legend of Zelda : Breath of the Wild, tout l’intérêt du jeu repose sur la découverte et il est difficile d’entrer dans les détails au sein de notre test. Sans trop vous en révéler donc, disons toutefois que le titre nous fait incarner le personnage de Scarlett et nous embarque dans un voyage aux confins de la mémoire. Nous croyant dans un banal train au début de la partie, nous faisons finalement escale dans des lieux clés de notre enfance, nous rencontrons des personnages éthérés et des reliques du passé. Le titre nous familiarise avec ces personnages et leurs mystères durant deux heures et demi, avant de nous livrer un final inattendu et poignant.

Le casting est vivant, familier, tout comme les thématiques abordées ; et si l’on parvient à être touchés c’est parce que le jeu traite de sujets qui nous parlent à tous. Il traite en effet de conflit générationnel, de sentiment d’abandon, de complicité entre frères et sœurs, ou encore de la mort d’un être cher. Blackwood Crossing sait aborder des thématiques dures, mais aussi être terriblement positif en célébrant le bonheur naïf de l’enfance et la force des liens familiaux.

Blackwood Crossing nous propose une virée onirique mais crédible et parlante.

Les mécaniques du jeu ne sont pas son point fort, et constituent surtout dans leur simplicité un moyen d’engager l’attention du joueur. La plupart du temps nous nous déplaçons et allons activer un élément, ramasser un objet utile, parler à un personnage… Les rares puzzles sont enfantins quoiqu’originaux : on pensera notamment à ces scènes où des fantômes du passé sont présents et nous devons lancer leurs dialogues dans le bon ordre afin de reconstituer la scène. Le gameplay serait presque pauvre si l’intérêt de Blackwood Crossing n’était pas ailleurs. Il est là en vérité pour tisser le récit, et nous occuper assez l’esprit pour faire tomber sans prévenir des révélations scénaristiques qui sont la force du jeu.

Observation, objets et dialogues sont les clés du gameplay.

Bien sûr la copie de PaperSeven n’est pas dénuée de fautes. Par exemple les mouvements de notre personnage mériteraient un petit coup d’huile, étant en l’état lents et rigides, ce qui pose problème lors de nos allers-retours. Certaines scènes sont un peu mal fichues, comme celle où l’on doit trouver des objets tandis que notre frère nous dit "tu chauffes, tu refroidis" ; jusqu’à l’irritation quand on peine à en trouver un bien fondu avec le décor. On peut également trouver un peu de redite dans les décors qui reviennent encore et encore, bien qu’ils changent un peu selon le contexte. Cela dit, ces quelques remarques ne viennent pas entacher les qualités narratives du jeu, et ne nous empêchent pas de le recommander aux amateurs du genre.