Avec Shovel Knight, Yacht Club Games a montré tous les bienfaits que pouvait apporter KickStarter au jeu vidéo quand on avait affaire à des développeurs professionnels et honnêtes. Non seulement le jeu de base était excellent, mais les promesses ont été tenues, y compris en ce qui concerne les DLC gratuits. Justement, Specter of Torment est le dernier ajout en date, toujours dans la même lignée, et aussi disponible en stand-alone.
Dans Specter of Torment, le joueur est dans la « peau » de Specter Knight, l’un des boss qu’affrontait Shovel Knight dans la campagne principale. L’histoire se déroule d’ailleurs avant cette dernière, alors que Specter Knight est le seul chevalier de la vile Enchantress et qu’il doit former l’équipe qui formera The Order of No Quarter.
Le chevalier spectral
C’est donc armé d’une faux et de quelques capacités spéciales que vous vivez cette nouvelle aventure. Bien qu’une grande partie des niveaux que vous visitez étaient présents dans le premier Shovel Knight (les niveaux des boss, notamment), ils ont été modifiés en de multiples endroits pour s’adapter au gameplay particulier de Specter Knight. En effet, si ce dernier n’est pas capable de rebondir sur sa pelle tel Picsou dans Duck Tales sur NES, il n’en est pas moins aérien avec la possibilité de monter sur les murs et d’enchaîner quelques combos dans les airs. D’une agilité redoutable, Specter Knight demande sans aucun doute plus de timing que Shovel ou encore Plague Knight. Si vous pouvez vous propulser à partir de n’importe quelle cible en hauteur, votre direction (ascendante ou descendante) dépend de votre position par rapport à ladite cible au moment de votre attaque. C’est un coup à prendre, mais on comprend le principe relativement vite.
Bien évidemment, les niveaux utilisent cette particularité par tous les moyens avec des phases de jeu verticales qui vous obligent à rester concentrer, voire à vous poser quelques secondes pour réfléchir à votre prochaine combinaison de mouvements. A vrai dire, tout comme dans Shovel Knight, ce sont les phases de plates-formes qui représenteront les plus grandes embûches, bien plus que les phases de combat. Rien d’insurmontable, mais quelques pics de difficulté bienvenus qui impose un challenge honorable sans lorgner du côté du Die & Retry. C’est l’un des points forts du titre : La mort n’y est pas trop frustrante.
« Un coup à prendre »
Toutefois, et malgré une certaine aisance, la maniabilité de Specter Knight peut s’avérer pénible de temps à autre. Il n’est pas rare de rebondir sur un mur involontairement, plongeant vers une mort certaine, alors que l’on voulait juste sauter sur place. La faute à un choix assez étonnant de la part de Yacht Club Games : contrairement à de nombreux jeux de plates-formes qui imposent de changer de direction lorsque l’on veut rebondir sur un mur, Specter of Torment opte pour l’opposé : on rebondit sur un mur en maintenant la direction vers lui. Une certaine forme d’illogisme puisque ça nous fait appuyer sur droite pour sauter vers la gauche et inversement. Bien qu’on arrive à s’y faire, le système de rebond classique que l’on retrouve dans la plupart des jeux du genre (Mario par exemple) aurait sans doute été plus adapté. Autre point, attaquer un ennemi dans les airs ne peut se faire sans se propulser de l’autre côté de lui. Si c’est un point important lors de phases de plates-formes, ça peut être un peu plus gênant lors de certains combats. C’est moins perturbant que les sauts sur les murs mais il faut tout de même le noter.
La mort vous va si bien
Pour le reste, Specter of Torment est une réussite en tous points. Le level design est ingénieux, les secrets qui permettent de récupérer de nouveaux pouvoirs et améliorations sont bien placés et le contenu est plus qu’honorable. En ramassant des crânes rouges cachés, on peut débloquer des Curios, des compétences qui nécessitent des points de magie (appelés Ténèbres en jeu). Pour obtenir chaque nouveau Curio, on passe une petite épreuve très courte qui met en avant la nouvelle capacité. Armes à distance, lévitation, boomerangs, tout y est, à l’instar des armes des Robot Masters dans un Mega Man. Il est aussi possible d’acheter de nouvelles armures, chacune ayant une capacité spécifique comme pouvoir grinder sur les pics ou avoir accès à une attaque chargée. Vu qu’il faut repasser par la ville pour changer d’armure, il faut faire le bon choix avant de partir dans un niveau.
Si la structure du jeu semble acquise dès le début, Yacht Club Games n’a pas oublié d’ajouter du contenu ici et là. D’une, Specter of Torment nous laisse l’occasion de revivre le passé de Specter Knight, par petits morceaux entre les niveaux. Alors qu’il est encore un voleur appelé Donovan, vous comprendrez ce qui a causé sa mort et son passage du côté obscur de la faux. Ces phases en noir et blanc utilisent le même gameplay que le reste du jeu, à ceci près que l’on est accompagné de Luan, qui nous aide pendant notre progression. Specter of Torment n’est pas exempt de mini-jeu, notamment avec l’ascension d’une tour particulièrement ardue. Enfin, attendez-vous à quelques surprises, le titre n’oubliant pas de mettre les affrontements en scène avec des dialogues courts et des moments inattendus, comme dans Shovel Knight et Plague of Shadow.
Au final, à moins d’être réfractaire à son ambiance 8-bit, Specter of Torment offre tout ce qu’il faut pour passer un bon moment avec un titre à la difficulté bien dosée, au level design réussi et au contenu conséquent. Ses sonorités old school et son pixel art impeccable finissent un tableau plus qu’honorable vendu à prix mini. Si vous avez déjà Shovel Knight, tout cela est totalement gratuit, alors il n’y a aucune raison de se priver !
Trailer de Shovel Knight : Specter of Torment
Points forts
- Un design old school réussi
- Le level design maîtrisé
- L’agilité de Specter Knight
- Le contenu conséquent
- Les musiques restent en tête
- Des surprises ici et là
Points faibles
- Les sauts sur les murs, inversés
- L’absence de map
Specter of Torment continue ce qu’avait entrepris Shovel Knight : un jeu fort bien construit au gameplay fun et agréable, avec une difficulté parfaitement dosée pour offrir du challenge sans frustrer le joueur. Avec un contenu plus complet qu’il n’y paraît au premier abord, il dispose de tout le nécessaire pour satisfaire votre besoin d’action-plateforme. Gratuit si vous avez Shovel Knight, pas cher en stand-alone, que dire de plus pour vous convaincre de son intérêt ?