Saga développée par OMEGA Force, Dynasty Warriors hante les champs de bataille depuis l’an de grâce 1997 et sa première apparition sur PlayStation. 2 décennies plus tard, les armées de l’Empire du Milieu continuent de s’adonner à l’art de la guerre. Ce nouvel épisode intitulé Dynasty Warriors : Godseekers s’éloigne de la formule Musou traditionnelle et lorgne sur le Tactical RPG. Grille et combat au tour par tour sont désormais d’actualité. Mais ce spin-off stratégique ne dénature-t-il pas la franchise éditée par Koei Tecmo et le fun inhérent à un genre focalisé sur l’épique et l’action à outrance ?
Les 3 royaumes contre-attaquent
Les flammes de la guerre embrasent les paisibles contrées des 3 Royaumes de Chine. La dynastie des Han est harcelée de toute part par des mouvements séparatistes à commencer par les “Yellow Turbans” ainsi que le général Dong Zhuo, précepteur impérial et Premier ministre des Han. Et ces velléités indépendantistes ne font que prendre de l’ampleur. Le récit de Dynasty Warriors : Godseekers narre la scission de la Chine dès 220 apr. J.-C. en 3 royaumes (Wei, Wu et Shu) et sa réunification sous la dynastie Jin 60 ans plus tard, en 280 apr. J.-C.
Loin d’être historique à la virgule près, le jeu de Koei Tecmo adapte le roman historique “Les Trois Royaumes” écrit par Luo Guanzhong et s’attarde sur le personnage fictif Lei Bin (inspiré de la franchise Final fantasy) et le général Zhao Yun, tous deux défenseurs du régime des Han. La narration singe la concurrence et s’articule autour de cinématiques aux qualités indéniables et des scènes de dialogue typiques des RPG avec un simple défilement de texte. Malgré cette approche sommaire, l’histoire contée reste plaisante à suivre. Les intrigues politiques et autres complots sont suffisamment intéressants et surprennent à maintes reprises le joueur, à condition de ne pas connaître sur le bout des doigts l’oeuvre d’origine. Ce spin-off puise également dans les précédents jeux Dynasty Warriors et met en scène pas moins de 60 personnages, tous présentés dans une galerie s’enrichissant missions après missions.
OMEGA Force est connu et reconnu pour son gameplay exigeant et non pour ses baffes graphiques et Dynasty Warriors : Godseekers confirme les forces et les faiblesses du studio japonais. Certaines cinématiques rendent véritablement hommage au titre et les illustrations 2D n’ont rien à envier aux RPG concurrents, mais l’ensemble manque cruellement de panache. La réutilisation des modèles 3D et des environnements se ressent et cette caméra aérienne aplatit la moindre aspérité. Les textures et les unités affichées à l’écran paraissent ternes malgré une avalanche d’effets visuels qui restent en définitive anecdotiques. Ce Tactical RPG se contente du strict minimum sans jamais faire l’effort de joindre la beauté à l’épique.
Le réveil d'une déesse
L’art de la guerre
Les fans de la licence Dynasty Warriors aiment à se pavaner le sabre au clair sur un immense champ de bataille avec pour seule occupation le massacre de minions et l’assassinat de généraux disséminés sur une immense carte. Godseekers est un Tactical RPG ! Cela peut surprendre de prime abord et à raison, bien que ce spin-off soit la suite logique des Dynasty Tactics sortis sur PlayStation 2. Réflexion et stratégie sont vos meilleures armes. Dans un Dynasty Warriors ? Effectivement, votre matière grise est mise à contribution.
En bon Tactical RPG qui se respecte, les combats ont lieu au tour par tour. Sur une grille découpant chaque carte, vous déplacez vos unités, dans le cas présent des officiers, et attaquez les forces adverses. De la position de vos troupes avant la bataille à la prise en compte des statistiques de chaque héros en passant par le choix des attaques administrées, Dynasty Warriors : Godseekers ne lésine pas sur sa dimension stratégique au point de prendre des allures de puzzle par moment. La notion même de morale est à prendre en compte. La progression et l’état de vos troupes agissent directement sur leur efficacité. L’armée ayant l’avantage gagne ainsi un bonus d’attaque et voit ses assauts renforcés, une approche élitiste qui traduit cet effet domino laminant les champs de bataille.
En éliminant un certain nombre d’unités, une jauge “Synchro” se remplit. Une fois cette dernière complétée, une attaque impliquant tous les personnages présents dans une zone prédéfinie est disponible et octroie des mouvements supplémentaires et un enchaînement d’attaques souvent synonyme de trépas pour les pauvres bougres disposés sur votre chemin. Pour autant, Godseekers n’oublie pas ses origines. En tant que Dynasty Warriors, le but de chaque mission est bel et bien d’éliminer les généraux présents sur la carte sans s’attarder sur la plèbe, sauf pour atteindre votre cible. Répétitif à bien des égards, surtout après une dizaine d’heures de jeu, ce spin off tente tout de même de renouveler l’intérêt de l’aventure en alternant les missions d’assassinat, de sauvetage, de protection… Malgré tous les efforts consentis, ce jeu manque cruellement de rythme et s’accoutume d’une redondance qui occulte sa richesse.
Une mission d'élimination
La voie du guerrier
Dynasty Warriors : Godseekers ne lésine pas sur le contenu. Au-delà de la centaine d’heures de jeu pour venir à bout du scénario et des quêtes secondaires, la dimension RPG vous force à parcourir l’interface avec pour objectif de renforcer encore et toujours vos officiers. Gain d’expérience en terrassant les troupes ennemies, arbres de compétences aux airs de sphérier (Final Fantasy X), gestion de l’équipement… Godseekers joue les bons élèves et se munit des features inhérentes à tout bon RPG. Le principal bémol est à dénicher auprès du partage d’expérience. Tous les héros n’ont pas la même efficacité en combat et ce simple fait rend inutiles certains d’entre eux après plusieurs missions, la faute à un level up désynchronisé ; un comble pour un titre misant sur une jauge Synchro pour se différencier.
Pour rééquilibrer les forces en présence, une fin de mission signifie de nouvelles armes, une nouvelle arme pour être précis, à choisir parmi celles présentées devant vos yeux. Un marchand complète cette offre. Aux simples actes d’achat et de vente s’ajoutent “Reforge” pour attribuer les caractéristiques d’une arme à une autre et “Temper” afin d’améliorer la puissance de celles-ci. Et ces allers-retours incessants dans les menus prennent rapidement des allures de fardeau. Conçu pour un usage rapide, le simple fait de devoir modifier chaque personnage après une bataille s’ajoute au sentiment de redondance émanant du jeu. Dynasty Warriors : Godseekers finit par s’embourber dans un contenu dense. Trop dense ?
Points forts
- Stratégie et réflexion au service d'une expérience riche
- Une adaptation libre du roman “Les 3 Royaumes”
- Un récit plaisant à suivre (+100 heures de jeu)
- 60 personnages issus de la licence Dynasty Warriors
- Un Tactical RPG débordant de contenu
Points faibles
- Un gameplay redondant après plusieurs heures de jeu
- Une réalisation datée et sans panache
- Une interface confuse et inadaptée aux mécaniques RPG
- Un gain d’expérience déséquilibré entre les héros
Surprenant à plus d’un titre, Dynasty Warriors : Godseekers conserve l’aura de la franchise et s’attaque à un genre à des lieux de l’action et de la nervosité d’un Musou. Ce Tactical RPG mise sur une réflexion au tour par tour qui plaira sans nul doute aux stratèges, sans oublier sa dimension RPG dense au possible qui assure des dizaines d’heures passées dans des menus à l’interface confuse. Malheureusement, le jeu du studio OMEGA Force pêche par sa réalisation datée et un gain d’expérience déséquilibré entre les officiers et souffre d'une redondance omniprésente et d'un manque de rythme.