Kingdom Hearts, série d'action RPG mélangeant les ambiances de Final Fantasy et les mondes de Disney, est un cas particulier dans le monde du jeu vidéo. Cette saga, débutée en 2002 sous l'impulsion de Tetsuya Nomura, a dès 2004 entamé massivement la voie du multi-support en sortant ses épisodes principaux sur console de salon, et ses spin off sur consoles portables et mobiles. A l'arrivée du troisième épisode chiffré, prévu sur PS4 et Xbox One dans une poignée d'années, Square Enix a entrepris une remise au gout du jour de ses nombreux spin off en développant des compilations qui regroupent les titres originaux et certains épisodes annexes. Kingdom Hearts 1.5 ReMix et Kingdom Hearts 2.5 ReMIX, deux premières compiles sur PS3 sont donc rejointes ce mois-ci par la 2.8 Final Chapter Prologue, et nous allons voir rapidement ce qu'elle vaut...
Trois jeux pour le prix d'un ?
Il y a trois sorte de personnes dans la vie, celles qui ont connu Kingdom Hearts mais qui n’ont pas suivi l’intégralité de son épopée, celles qui l’ont au contraire fait de bout en bout, et celles qui n’ont jamais osé s’approcher de la tentaculaire saga. Et pour cause, cette dernière comporte à ce jour 15 versions différentes pour seulement deux opus chiffrés. Fort d’une politique multi-support forte qui a dès 2004 tenté l’approche « console portable » pour élargir le spectre de son audience, Kingdom Hearts apparait aujourd’hui comme une des sagas les plus denses en matière de scénario. Comprendre et pouvoir apprécier les épopées proposées par Tetsuya Nomura et ses équipes peut donc être difficile si l’on a manqué un épisode ou que l’on s’est contenté de ne suivre que les principaux.
A l’approche, d’ici quelques années, du troisième épisode, que les fans attendent depuis la fin du second opus, il y a déjà 10 ans, Square Enix a décidé de porter progressivement sur consoles de salon la totalité du catalogue de la saga, y compris les nombreux titres sortis sur consoles portables. Ces compilations au nom parfois un peu lourdingue, à grand coup de décimales et de « HD Remix + final mix », accueille donc en ce mois de janvier un nouvel entrant : le Kingdom Hearts HD 2.8 : Final Chapter Prologue, lequel vient conclure, sur PS4, les préparatifs en vue d’accueillir dans de bonnes conditions Kingdom Hearts 3. Que vaut donc cette énième galette et que révèle-t-elle ?
Un remaster sans saveur ?
Concrètement, ce 2.8 nous propose trois contenus : Il y a premièrement le remake HD du jeu 3DS Dream Drop Distance, que Romendil avait noté en 2012 17/20, mettant en avant un gameplay aux petits oignons, adapté à la portable de Nintendo, et un rythme qui se révèle intéressant malgré un début un peu mollasson. Aujourd’hui, rien de vraiment neuf à ce niveau : le titre est adapté sur PS4, lissé, mais fait un peu peine à voir sur consoles de salon, graphiquement parlant. Malgré un 60 FPS qui ne se trahit jamais, on ne se fait jamais vraiment à la pauvreté abyssale des décors ou au gameplay remanié pour les besoin de la console portable, autant d'éléments qui, sur console de salon s’avèrent un peu batards. Toutefois, Dream Drop Distance demeure un épisode intéressant à faire pour son approche scénaristique même si son impact sur la saga et sur la préparation des joueurs à la suite des événements reste moins important qu’un Birth By Sleep, épisode depuis remis au gout du jour grâce à la compilation HD 2.5 ReMIX, sortie sur PS3 en 2014.
Lire le test de Kingdom Hearts : Dream Drop Distance
Le vrai plus de cette 2.8 : 02 - A Fragmentary Passage
Le second apport de la 2.8 Final Chapter Prologue est donc le contenu nommé 0.2 Birth By Sleep – A Fragmentary Passage, une suite de l’épisode PSP Birth By Sleep qui s’attarde sur le devenir du personnage Aqua, prisonnière du monde des ombres. Notre héroïne ère donc dans les limbes de ses souvenirs et tente de retrouver le monde de la lumière à travers une succession de niveaux alambiqués. Elle jouit pour l’occasion d’un level très élevé et d’attaques franchement surprenantes, mais laisse de côté tout l’aspect gestion RPG, vu la longueur de l’épopée. En effet, il s’agit ici d’un chapitre et non d’un jeu complet : comprenez par là qu’il dure entre 2 et 5 heures. 2 heures, c’est à peu près le temps que vous mettrez en ligne droite si vous connaissez déjà l’histoire de Birth By Sleep. En revanche si vous souhaitez lire les résumés texte de l’aventure précédente et vous impliquer dans les petits défis qui permettent de débloquer des éléments de tenue pour Aqua, vous pourrez aisément doubler le temps de jeu. Globalement ce chapitre se veut assez intéressant bien qu’un peu chiche côté scénario dans son premier tiers. Des combats et objectifs simplistes, on passera vite à quelques phases d’énigmes bien senties, auréolées de séquences scénarisées qui viennent faire le lien entre Birth By Sleep et le tout premier Kingdom Hearts. Le gameplay se veut agréable, la caméra passe plutôt bien et l’on prend plaisir à explorer ce royaume éthéré, rendu visuellement très aguicheur grâce à l’Unreal Engine 4.
Clap de fin avec X Back Cover
Troisième et dernière pierre à l’édifice 2.8 : le film X Back Cover, lequel vient renforcer le background de la saga en se focalisant sur le lore du jeu mobile Unchained X disponible en anglais sur Android et iOS. Point de Sora, Kairi, Riku, ou même d’Aqua, Terra et Ventus ici puisque ce sont les histoires du Maître des Maîtres (un personnage haut en couleur) et de ses 6 disciples qui sont au cœur de l’intrigue. Dans ce film d’animation, sorte de grosse cutscene d’une heure et quelque tournant sur Unreal Engine 4, le mystère plane. On va notamment y comprendre comment la Guerre des Keyblades a eu lieu et comment les maîtres de cet art, pourtant unis sur le papier, ont déchiré leur monde. Une aventure agréable, emprunte de trahisons et de guerre de pouvoir. Très appréciable, même si l’on aurait préféré de l’image de synthèse intégrale au lieu d’un rendu moteur, ce film nous a surtout donné envie de nous replonger massivement dans le jeu mobile, ce qui a notre humble avis était le but, bien plus que d’apporter de la consistance à l’intrigue du jeu mobile : dans les deux cas, le contrat est ici rempli.
Résumons donc ce que nous avons avec ce 2.8 : quelques bonus débloqués une fois les différents pans terminés, un remake HD d’un jeu 3DS qui passe beaucoup moins bien sur console de salon que sur portable, un film intéressant d’un peu plus d’une heure, et 2 à 5 heures de jeu sur la suite de Birth By Sleep, épisode diablement intéressant pour quiconque souhaite connaître les origines de la saga. Avec ce 2.8, la boucle semble bouclée, les épisodes principaux sont accompagnés de leurs aventures annexes et tout le monde ou presque peut se former au socle narratif de Kingdom Hearts, en attendant l’épisode 3.
Trailer de lancement de Kingdom Hearts 2.8
Points forts
- Si vous n'avez pas envie de vous faire Dream Drop Distance sur 3DS, son portage peut être intéressant...
- Fragmentary Passage, intéressant et plaisant, avec ses grands moments et son apport en matière de scénario
- X Back Cover qui introduit avec brio le jeu mobile, renforce son lore et contribue au background global de la série
Points faibles
- Quelques ralentissements sur Fragmentary Passage
- Le portage de Dream Drop Distance : mal adapté niveau gameplay et plutôt vide en matière de réalisation
- Rapport/qualité prix un peu douteux
Comme ses prédécesseurs, Kingdom Hearts 2.8 tente de faire du neuf avec du vieux et mise sur l’épisode Dream Drop Distance, sorti sur 3DS, en tant que contenu principal. S’il était en 2012 un must-have de la ludothèque portable de Nintendo, son remake HD laisse un petit arrière-goût de portage sans ambition. En cause ? Un système de combat remanié à l’époque pour la 3DS et une réalisation minimaliste dans le but de correspondre aux caractéristiques techniques de la console d’origine. Il demeure toutefois un bon petit épisode, fluide, qui se laisse jouer. Fort heureusement, la qualité de ce 2.8 est rehaussée par le 0.2 Birth By Sleep – A Fragmentary Passage qui propose 2 à 5 heures de jeu assez captivantes et franchement intéressantes en matière de plaisir de jeu et de scénario. Avant goût sommaire de la réalisation de KH3, conservant au passage les mécaniques originelles de la série, 0.2 fait mouche et arrive a séduire les joueurs qu’ils aient fait l’opus initial ou non. Dans le même genre, Back Cover tape juste et nous offre une petite pause ciné d’une heure et quelques avec un rendu graphique réalisé sous Unreal Engine 4. On salive en pensant que c’est cette qualité graphique qui accompagnera logiquement Kingdom hearts 3 et on prend plaisir à suivre l’intrigue, sorte d’enquête au sein des Oracles du Maître des Maîtres.