Le MOBA (ou DotA-like pour les amateurs de la première heure) est apprécié sur la scène eSport grâce à la popularité de League of Legends et de Dota 2. Un genre très présent sur PC, mais plus rare sur mobiles, où seul Vainglory a su pour l'instant se faire remarquer. Moonton, studio extrêmement discret, a souhaité apporter sa pierre à l'édifice du MOBA sur smartphones en sortant cet été son premier jeu, Mobile Legends : Bang Bang, un Free to play imitant jusque dans les moindres détails LoL... Mais avoir l'allure d'un jeu ne signifie pas pour autant être de la même trempe.
League of… Mobile… Legends ?
Les joueurs de MOBA, et particulièrement ceux de League of Legends, seront en terrain connu. Le jeu est axé sur le classique mode en 5v5. Deux équipes de 5 joueurs, dirigeant des héros avec des capacités propres, s'affrontent sur une carte partagée par une rivière. Trois lanes (ou chemins) sont tracés et parsemés de tourelles. Ils mènent vers le Nexus adverse, QG qu'il faut détruire afin de remporter la partie. Des minions, des sortes de petits soldats, remontent perpétuellement les lanes en attaquant les tours ainsi que les ennemis. Les tuer rapporte de l'argent qui permet d'acheter de l'équipement en cours de partie pour gagner en puissance et aptitudes. Une jungle est aussi présente et représente tout le reste de la carte. Elle est constituée de monstres procurant des améliorations et parfois des aides sur les lanes, et permet aussi de tendre des embuscades à ses adversaires.
Tous ces éléments sont assez communs dans l'univers des MOBA et rappellent donc très fortement League of Legends. Le déroulement de la partie est totalement similaire. Le lobby regroupe des personnes du monde entier et les joueurs choisissent leurs sorts d'invocateur et un personnage parmi les 24 présents actuellement. Chacun a ses spécificités, mais surtout un rôle dans l'équipe prédéfini comme tireur, tank ou encore mage. Il n'y a pas de doublons, et les personnages sont diversifiés entre eux à défaut d'être originaux. On trouve par exemple un clone de Xin Zhao (League of Legends) ou encore de Butcher (DOTA 2).
Un certain manque de cohésion
Le style de jeu se veut un peu moins finaud que sur League of Legend et des pourparlers électriques sont entamés dès la première minute de jeu : il faut dire que les parties sont beaucoup plus courte que pour la référence du genre. Pour ramener son grain dans la partie et commencer à enchaîner les kills, le joueur dispose d'une touche d'auto-attaque représentée par une icône d'épée qu'il suffit de maintenir appuyée. Une roue composée de trois sorts, dont un ultime déblocable à partir du niveau 4, se déploie tout autour. Leurs descriptions sont visibles à l'aide d'une languette dépliante sur le bord droit de l'écran. Les sorts d'invocateur sont disposés en bas de l'écran. Enfin le stick virtuel pour se mouvoir est placé en bas à gauche. La caméra de jeu est heureusement assez éloignée du héros, ce qui permet d'obtenir une certaine visibilité sur l'action. Le jeu tourne bien dans tous les cas sur les smartphones récents.
Et comme on pouvait se douter, les affrontements sont au cœur du jeu et délaissent quelque peu l'aspect stratégique du genre. La communication entre les membres de l'équipe est laborieuse. Elle passe par une fenêtre de chat à ouvrir durant la partie, qui fait apparaître un clavier et en contrepartie fait disparaître les contrôles. Un point d'exclamation sous la mini map permet de ping ou d'alerter ses alliés, mais demande de relâcher les autres touches enfoncées. L'information apparaît alors dans un bleu transparent peu visible sur la mini carte. Du coup, on se retrouve avec une équipe en roue libre, avec des joueurs relativement individualistes ne prêtant pas attention aux backdoors ni à la capture d'objectifs. Les parties durent au grand maximum 20 minutes, ce qui justifie en partie la nervosité du titre.
Le jeu pêche aussi par sa maniabilité. À défaut de proposer une expérience clavier-souris, les développeurs ont automatisé la plupart des actions. Appuyer sur l'icône d'auto-attaque permet de cibler le héros ou le minions le plus proche. Les objets à acheter en cours de partie apparaissent en haut de l'écran dès que vous avez suffisamment d'argent pour les récupérer et sont directement équipés. La caméra reste toujours au-dessus de notre héros et il faut tapoter sur la mini map pour obtenir un aperçu de ce qui se passe ailleurs. Les sorts aussi sont autoguidés et il arrive souvent de blaster le mauvais adversaire, chose très embêtante en teamfight. Le contrôle de certains héros devient très compliqué quand il faut briller par ses skillshots. Le jeu laisse toutefois la possibilité à l'utilisateur de paramétrer pas mal de choses dans les options, mais l'expérience n'en est pas vraiment améliorée.
Free to play = boutique
Le joueur passe les trois quarts de son temps sur le champ de bataille. Le quart restant, il le passe dans le menu du jeu entre le Magasin et l'onglet Préparation. Dans le premier se trouvent les Héros que l'on peut acheter avec des points de combats gagnés en jouant ou avec des diamants, monnaie obtenue avec de l'argent réel. Des skins sont aussi disponibles et augmentent les statistiques des héros. La dernière partie permet d'acheter des jetons pour augmenter l'expérience engrangée.
L'onglet Préparation donne de la profondeur au titre. Il combine trois sous onglets à commencer par celui des Emblèmes. Les emblèmes sont disponibles sous forme de Set (Physique, Magique, Tank, Jungle, etc) qu'il est possible de débloquer et d'améliorer au fil du temps. Des points se cumulent en fonction du set que vous utilisez sur votre personnage et à certains paliers, vous pouvez l'augmenter, afin de profiter de meilleures statistiques. Les habilités sont l'équivalent des sorts d'invocateur dans League of Legends et s'obtiennent à force de jouer. La dernière pièce s'appelle Équipements. Elle permet de configurer trois listes d'objets à acheter par personnage. Chose très appréciable pour acheter ses items rapidement, car la boutique est désagréable à parcourir en pleine partie.
Pas mal de défis sont là pour gagner des points en tout genre. La majorité se découvre en enchaînant les parties. Il sera possible quotidiennement d'ouvrir des coffres avec de nombreux bonus à la clef. Une manière d'appâter le joueur à rester sur le jeu le plus longtemps possible. À noter que la publicité est aux abonnés absents; un détail important quand il s'agit de Free to play.
Points forts
- Une expérience MOBA proche de League of Legends
- 24 personnages pour un roster complet
- Un gameplay rapide et nerveux
- Un modèle Free to Play permissif et aucunement frustrant
Points faibles
- Les contrôles parfois peu pratiques
- Un manque de cohésion au sein des équipes
Mobile Legends : Bang Bang s'inspire énormément de League of Legends et exploite à merveille les recettes de bases du MOBA, en l'appliquant à des parties plus courtes et intensives. L'expérience mobile reste agréable malgré les problèmes inhérents au support tactile, loin de rivaliser avec le combo clavier-souris. Il pourrait être un jeu à surveiller si l'éditeur Moonton maintient les mises à jour régulières du titre et s'occupe d'équilibrer le jeu. Pour l'instant, il est le seul à proposer une expérience aussi proche du ténor PC sur mobiles avec Vainglory.