Cela fait déjà presque huit années que la série Blazblue existe en parallèle avec Guilty Gear, l’autre saga phare estampillée baston 2D et issue du studio Arc System Works. Avec l'exclusivité PlayStation Central Fiction, les développeurs semblent bel et bien vouloir y mettre un terme afin de se focaliser sur d’autres projets. Dans cette optique - et histoire de récompenser les fans de longue date - ils proposent ici une sorte de best of de la saga doté de nombreuses qualités, mais dont le seul vrai défaut est de pâtir de la concurrence directe de son aîné Guilty Gear…
CASTING DE PREMIER ORDRE
Débutée au Japon en 2008, la saga Blazblue s’est faite rapidement un nom auprès des amateurs de baston en 2D. Comptabilisant quatre volets principaux (Calamity Trigger, Continuum Shift, Chrono Phantasma et Central Fiction), la série a également bénéficié au fil des années de plusieurs mises à jour à travers des versions spéciales comme Continuum Shift II, Continuum Shift Extend ou encore Chrono Phantasma Extend. Sans oublier une poignée de spin-offs tels que Clone Phantasma ou encore les visual novels XBlaze. Blazblue Central Fiction marque donc en quelque sorte la fin d’une époque, puisque les développeurs ont indiqué, après la sortie du jeu dans les salles d’arcade nipponnes, être arrivés à la conclusion de cette série et vouloir se pencher désormais sur autre chose. Ces derniers semblent donc offrir aujourd’hui avec cet ultime volet une récompense aux fans de la série…
Et cela commence avec un casting de toute beauté contenant à la base 32 personnages jouables auxquels s’ajoutent un combattant à débloquer (Susano’o), ainsi que deux héroïnes disponibles seulement en DLC (Es, issue de la visual novel XBlaze Code Embryo, et Mai Natsume, en provenance du manga Blazblue : Remix Heart). Parmi cette large sélection compilant grosso modo tous les protagonistes de la saga depuis le début figurent néanmoins cinq personnages inédits au charisme certain. A commencer par la superbe sorcière Nine the Phantom disposant d’attaques étonnantes et de surpuissants Distortion Drive (dans le jargon Blazblue, pouvoirs ultimes consommant la moitié de la jauge d’énergie). De son côté, Inazami, l’impératrice de la multinationale Novus Orbis Librarium (N.O.L.) - considérée comme l’un des principaux antagonistes dans Blazblue - n’est pas en reste même si elle se révèle plutôt difficile à jouer, ses pouvoirs étant basés essentiellement sur des projectiles.
A celles-ci s’ajoutent deux jeunes combattants véloces : Naoto Kurogane, héros du roman illustré Blazblue : Bloodedge Experience, et Hibiki Kohaku, capitaine travaillant pour N.O.L. et apparaissant brièvement – de manière non jouable - dans Blazblue : Chrono Phantasma (scénario de Kagura Musuki). Le premier est puissant mais nécessite d’attaquer essentiellement au corps-à-corps. Tandis que le second inflige moins de dégâts mais possède en revanche des capacités dignes d’un ninja puisqu’il est capable de se dédoubler et de passer dans le dos de son adversaire. Ce qui implique d’appréhender au mieux la portée de ses coups. Last but not least : Susano’o, forme supposée réelle de l’antagoniste principal de Central Fiction Yuki Terumi. Apparaissant dans certaines cut-scenes de l’épisode Chrono Phantasma Extend, Susano’o peut être considéré ici comme l’un des personnages les puissants du rooster. Ses attaques, tenant du mélange entre arts martiaux nobles et sauvagerie animale, s’avèrent plutôt difficile à anticiper et ses Distortion Drive (notamment « Strike of the Possessed God ») infligent beaucoup de dégâts. Il complète à merveille ce casting imposant de héros très charismatiques pour la plupart.
GAMEPLAY EFFICACE
A l’instar de Guilty Gear Xrd Revelator, Blazblue Central Fiction propose deux styles de gameplay : Technical et Stylish. Le premier équivaut à un style de jeu normal où il est nécessaire d’avoir un peu d’entraînement pour effectuer combos et attaques spéciales. Le second, en revanche, est destiné aux joueurs débutants qui ne veulent pas trop se prendre la tête. En sélectionnant Stylish, une touche Special fait ainsi son apparition et permet d’effectuer directement certains pouvoirs, et même au moins un Distortion Drive, de façon plus aisée. De toute manière plus accessible – en tous cas moins complexe - que dans Guilty Gear Xrd Revelator, la prise en mains affiche toutefois ici quelques subtilités destinées à rendre les combats un peu plus épiques. Outre les traditionnels Crush Trigger, Counter Assault, Barrier Block, Hit Cancel et autres Break Burst très utiles (coup spécial brisant le combo adverse), le jeu propose dorénavant deux nouvelles mécaniques poussant le joueur à être offensif. Ainsi, l’Exceed Accel est une sorte de Distortion Drive difficile à contrer qui permet d’infliger davantage de dommages mais qui met un terme à l’état d’Overdrive une fois lancé. Tandis que l’Active Flow, valable une seule fois par round, accroit les dégâts de l’Exceed Accel et permet de régénérer plus vite la jauge d’énergie.
Mais s’il y a un élément qui accentue l’aspect spectaculaire des affrontements, c’est bien l’Astral Heat. Chaque héros possède cette attaque ultime qui, lorsqu’elle remplit toutes les conditions (jauge d’énergie à 100 %, jauge de vie de l’adversaire en dessous de 35 % et accessible uniquement lors du round final), pulvérise l’adversaire lors d’une brève cinématique. Le joueur remporte alors directement le match. Reprenant le principe de l’Instant Kill présent dans la saga Guilty Gear, cette attaque n’en possède hélas pas la mise en scène et l’originalié, puisqu’hormis quelques exceptions, elle se contente la plupart du temps de montrer le personnage donner une série de coups puissants. Dommage…
ESTHETIQUE INEGALE
Si la grande majorité des personnages affiche un charisme évident, conforté par des animations travaillées et un design très étudié, en revanche il n’en est pas de même pour les environnements. Bien sûr, il s’agit d’une question de goût avant tout, mais force est de constater néanmoins que plusieurs décors se révèlent assez quelconque, dépourvus d’animations et somme toute assez fades dans le style industriel. Heureusement, il y a quelques exceptions parmi les 42 décors disponibles, telles que l’enneigé Snowtown ou encore Moonlight Castle avec son parterre de roses qui volètent lorsque les combattants se déplacent. Sans oublier Railstation avec ses nombreuses animations en fond. De son côté, la bande-son s’avère également en demi-teintes puisqu’elle offre peu de musiques mémorables, à l’opposé des voix nipponnes et des bruitages très réussis.
MODE STORY REBARBATIF
Composé de douze chapitres subdivisés en de nombreuses intrigues, le mode Story permet de découvrir le scénario principal du jeu (une séquence bonus de 30 minutes synthétise les faits pour les joueurs nouvellement arrivés). Alternant cinématiques et combats dans la peau de divers personnages, le mode aurait pu se révéler beaucoup plus intéressant s’il avait bénéficié d’une mise en scène travaillée. En effet, découvrir l’histoire se résume ici à tabasser de temps à autres un personnage et surtout à voir défiler une longue série de dessins quasiment dépourvus d’animations et accompagnés de très nombreux textes qu’il est nécessaire de passer en pressant une touche… des dizaines et des dizaines de fois puisqu’il faut compter de 3 à 4 heures pour finir le mode. On est bien loin de la qualité d’animation et du brio avec lequel est racontée l’histoire dans Guilty Gear Xrd Revelator ! Finalement, le seul intérêt ici est, outre de connaître enfin la conclusion de la saga Blazblue, de débloquer 56 séquences prenant la forme de dialogues/cinématiques dessinées montrant des intrigues parallèles (Rachel partant à la recherche de Ragna…). Heureusement, il y a tout de même une petite surprise pour les joueurs qui savent fouiller. En effet, quatre « Gags » se cachent dans le menu Story et offrent ainsi des séquences aussi drôles que surréalistes mettant en scène certains personnages, tels que le pauvre Naoto subissant le harcèlement amoureux de Rachel.
GRIM OF ABYSS AU TOP
Plutôt complet : voici la première impression du joueur à la vue des nombreux modes de jeux disponibles, en sus de celui consacré au scénario. Il y a d’abord Tutorial, Training et Challenge dédiés grosso modo à l’entraînement et l’amélioration des performances. S’ils sont efficaces, les divers tutoriaux et missions à effectuer n’en demeurent pas moins terriblement minimalistes, surtout comparés à ceux présentés de manière particulièrement fun dans Guilty Gear Xrd Revelator. Moins anecdotiques, les modes Score Attack et Speed Star se chargent de divertir le joueur. Le premier propose ainsi d’effectuer le plus haut score possible en battant d’affilée dix personnages selon des parcours de plus en plus difficiles. Quant au second, équivalent à une sorte de Time-Attack, il consiste à vaincre d’affilée plusieurs adversaires en un temps limité et le plus rapidement possible. A chaque gros combo, Distortion Drive ou Astral Heat réussi, de précieuses secondes s’ajoutent au temps à l’issue du combat et permettent ainsi au joueur d’aller de plus en plus loin dans le défi. Vraiment très sympa !
Mais le mode de jeu le plus intéressant reste sans conteste Grim of Abyss qui se situe astucieusement au croisement d’un Survival et d’un RPG. En effet, par l’intermédiaire d’une carte représentant divers niveaux de challenges et de difficulté, le joueur doit faire avancer son ou ses personnages - selon qu’il décide d’en utiliser plusieurs - dans le but de battre plusieurs ennemis les uns après les autres. Le but final est de parvenir à atteindre le boss et à le vaincre. Chaque point sur la carte donne ainsi lieu à une série d’adversaires à battre sans que la jauge de vie du héros utilisé ne soit remplie à nouveau (ou alors très peu). Autant dire que le défi est de taille car une seule défaite signifie que le point complet est perdu et qu’il faut donc recommencer.
Néanmoins, en cas de succès, le joueur gagne des grimoires de couleur et de niveau différent (de A à E) qui permettent de booster les caractéristiques du personnage utilisé (vie, attaque et défense). Mais surtout, chaque combat gagné peut débloquer de nouvelles compétences que le joueur peut alors placer dans son grimoire, comme l’augmentation de la défense contre les projectiles adverses ou le boost au niveau 4 de l’attaque au corps à corps. Tout est donc ici question de choix et de stratégie car, parmi la liste de compétences obtenues par le joueur, seules trois peuvent être activées dans un grimoire. Cela dit, il est aussi possible de revendre judicieusement compétences et grimoires non utilisés pour récupérer des points et aléatoirement des objets qui peuvent être combinés pour hériter de davantage de puissance. Pas de doute, le mode Grim of Abyss s’apparente ici à une petite pépite !
ONLINE DESERT
Bien entendu, il ne faudrait pas pour autant oublier le sympathique mode Arcade qui offre une histoire plus ou moins bien personnalisée à chaque héros, divisée la plupart du temps en trois actes (avec huit adversaires à vaincre par acte). Enfin, à l’indispensable Versus accueillant deux joueurs en local (ou un seul face à l’IA) s’ajoute le mode Network. Ce dernier permet évidemment à deux joueurs de s’affronter online et offre même de choisir la localisation des serveurs (Amérique, Europe, Asie ou Japon). Malheureusement, ces derniers semblent désertés car il est bien difficile de trouver un adversaire en ligne, excepté sur les serveurs japonais qui, seuls, paraissent fréquentés. Dommage également que les lobbies s’avèrent esthétiquement plutôt sommaires. Il reste néanmoins possible d’acquérir sur place – et en échange de points - quelques objets dans des distributeurs, tels que des décalcomanies, icônes, plaques, avatars et même des meubles pour aménager son chez soi virtuel.
Au rayon goodies et bonus sympas, Blazblue Central Fiction ne se montre pas trop avare. Artworks, cinématiques, illustrations, voix, musiques et couleurs supplémentaires se retrouvent ainsi compilées logiquement dans le mode Collection. Si une partie d’entre eux se débloque automatiquement au fil du jeu, il est toutefois nécessaire d’acheter l’autre partie grâce aux points gagnés au fil des parties. Cela dit, s’il y a de quoi faire, il faut tout de même avouer qu’avec un peu de recul, le joueur aurait pu espérer davantage de surprises en guise de récompenses.
Points forts
- 33 personnages au casting !
- 42 décors
- Nombreux personnages charismatiques au style de jeu différent)
- Affrontements à la fois techniques et accessibles aux débutants
- Mode Grim of the Abyss
- Minis histoires “Gag” très drôles
Points faibles
- Mode Story rébarbatif
- Esthétique inégale
- Combats en ligne désertés
- Attaques Astral Heat pas assez spectaculaires
Si Central Fiction est à marquer d’une pierre blanche, c’est non seulement grâce à ses qualités mais aussi et surtout parce qu’il représente la conclusion définitive de la saga Blazblue. Certes, ce n’est peut-être pas le feu d’artifices attendu en raison notamment d’une esthétique inégale ou encore de certains modes de jeu rébarbatifs, surtout comparé à son aîné Guilty Gear Xrd Revelator nettement plus spectaculaire. Mais le titre bénéficie heureusement d’un casting aussi fourni qu’irréprochable et offre surtout quelques belles séances de bourre-pif. De quoi donc légitimement soulever l’enthousiasme d’une bonne partie des fans de baston 2D !