Très répandu au Japon, le visual novel est un genre très particulier qui s'apparente à une aventure essentiellement constituée de textes. Sur le vieux continent, quelques éditeurs ont tenté d'exporter ces livres interactifs mais rares sont ceux à s'être imposés. Ces productions, que l'on appelle aussi digital comics (ou digico), ont une approche très posée et se savoure sous la forme d'une oeuvre numérique. Pour dynamiser le tout, les développeurs utilisent généralement moult animations et décors mais aussi différents découpages et effets. Avec PSYCHO - PASS: Mandatory Happiness, les joueurs plongent dans un Japon dystopique où les choix peuvent être lourds de conséquences. Suffisant pour être happé ?
Peu connue dans nos contrées, la série PSYCHO - PASS jouit d'un beau succès au pays du Soleil Levant. Reprenant des pans de la littérature de Philip K. Dick (dont Minority Report s'inspire), cet univers prend place en plein cœur du XIIème siècle. Dans ce Japon alternatif, le taux d'homicide est en chute libre depuis que le gouvernement a mis en place un coefficient de criminalité pour chaque citoyen : le PSYCHO-PASS. Ainsi, chaque homme et femme possède un indice plus ou moins élevé mesurant la probabilité que la personne commette un crime à l'avenir.
Afin d'empêcher ces drames, la police a fondé deux unités : les Exécuteurs qui, comme leur nom l'indique, sont là pour neutraliser (et abattre si besoin) les criminels potentiels, et les Inspecteurs qui ont pour objectif de superviser leurs collègues en s'assurant que la loi est respectée. Toute cette organisation est entièrement sous le contrôle d'une entité intelligente, Sibyl. Le jeu, qui englobe la première saison de la série animée, met en scène deux protagonistes principaux : Nadeshiko Kugatachi, une Inspectrice amnésique réputée pour son calme, et Takura Tsurugi, un ancien Inspecteur rétrogradé à un rang d'Exécuteur à cause de son coefficient élevé. Vous pouvez ainsi choisir l'un ou l'autre (en sachant qu'il n'y aura que de légères variantes) en début d'aventure.
CROIX, CROIX, CROIX
C'est ainsi que l'on pénètre dans cet univers dystopique et il faut bien avouer que l'intrigue, bien qu'un peu lente à mettre en place, tient la route. Petit à petit, on s'intéresse aux différents personnages et les affaires ne manquent pas de rebondissements. Comme tout visual novel qui se respecte, toute l'immersion réside dans la qualité de l'écriture et l'ambiance, entre musiques discrètes et voix en japonais, s'inscrit dans cette mouvance mélangeant psychologie et technologie. Dans son enveloppe de digital comics, PSYCHO-PASS : Mandatory Happiness s'en sort honorablement mais il ne plaira pas à tout le monde. Au-delà de son genre très particulier, le jeu est entaché par une réalisation d'une rare platitude. Il existe des visual novels qui sont bien plus dynamiques et percutants que celui-là. L'interaction étant très limitée (quelques choix par ci, par là), on ne peut que regretter cette mise en scène fade et cette quasi absence d'animations. En l'état, il ne reste qu'une histoire dont les tournants scénaristiques manquent d'impact visuel. C'est dommage car quiconque connaît la série sait que PSYCHO-PASS a un excellent background et son succès au Japon est loin d'être usurpée. Mais pour son adaptation vidéoludique, il aurait fallu plus de punch dans le déroulement des trois chapitres. L'intrigue se boucle trop rapidement et ce ne sont pas les différentes fins qui effaceront cette réalité. Même les amateurs de l'oeuvre originale risquent de rester sur leur faim.
UN JOLI DIAPORAMA
PSYCHO-PASS : Mandatory Happiness aurait mérité mieux mais il possède tout de même un design de qualité et les environnements sont assez nombreux et réussis. Les héros (et héroïnes) ont du charisme et il est amusant de cibler chacune des personnalités. Par rapport à Tsurugi, qui est impulsif et manque parfois de réflexion, Kugatachi est bien plus froide, calculatrice et se montre très cartésienne dans ses enquêtes. Les fans apprécieront l'apparition des personnages inhérents à la série (à l'inverse des deux héros qui sont, eux, totalement inédits). Par conséquent, il est vraiment dommage que la narration ne parvienne pas à tenir en haleine. C'est d'autant plus surprenant que les développeurs de 5pb. sont des habitués du genre, puisqu'ils sont notamment à l'origine de Robotics;Notes mais surtout de l'excellent Steins;Gate 0.
Psycho Pass nous scanne
Points forts
- Musiques agréables
- Personnages captivants
- Scénario bien ficelé
- De multiples fins
Points faibles
- 3 chapitres vite expédiés
- Animations quasi absentes
- Narration sans folie
- Pas de traduction française
- Interactivité ultra limitée
Réservés à une niche, les visual novels ont cette faculté à combler le manque d'interactivité par une narration et une mise en scène maîtrisés. Avec PSYCHO-PASS : Mandatory Happiness, les développeurs de 5pb. ont manqué une marche et n'ont pas réussi à atteindre le niveau de qualité de leurs précédentes réalisations. Si les personnages et l'intrigue sont intéressants, le manque de dynamisme est palpable du début à la fin. On ne fait rien la plupart du temps et les séquences d'action sont si molles qu'on en vient à douter de l'intérêt de cette adaptation. Entièrement en anglais et perfectible, le jeu ne conviendra qu'à une frange très limitée de joueurs. Par conséquent, si vous aimez ce genre, on ne peut que vous conseiller de foncer sur Steins;Gate 0, des mêmes créateurs et bien plus réussi.