Enfin ! 9 ans après le début de son développement, l’une des arlésiennes modernes du jeu vidéo indépendant est enfin sortie en ce début de mois de novembre 2016. Si le public a certainement commencé à s’intéresser à Owlboy au cours de l’été 2013, date à laquelle le studio D-Pad nous avait proposé une démo pleine de promesses, le titre s’est accordé le temps nécessaire pour arriver à maturité. Au cœur de tous nos espoirs, la promesse d’un splendide univers 2D en pixel-art accompagné d’un vibrant hommage aux jeux d’aventures Nintendo.
Notre avis en vidéo-test, une réussite jusqu'au bout des plumes ?
Chouette alors !
Le joueur incarne ici un jeune hibou nommé Otus. Malhabile, timide, notre héros en devenir est aussi totalement muet. Pour ne rien arranger à la situation, son mentor Asio se montre particulièrement exigeant avec lui, enchaînant les remontrances dans le but - on l’imagine - de l’aider à se surpasser afin d'accomplir de grandes choses. Ce début de scénario pose les bases classiques du genre de l’aventure où un héros inexpérimenté mène une vie plus ou moins paisible jusqu’au jour où un tragique événement vient tout chambouler.
Je vous le donne en mille, c’est justement ce qui se produit après avoir parcouru le petit tutoriel du jeu. Cette petite introduction permet de se familiariser avec le panel de mouvements d’Otus tout en faisant un brin de causette avec certains des habitants de son paisible village natal, Vellie. Cependant, le cadre idyllique de la petite bourgade céleste est rapidement assombri par l’attaque surprise d’une bande de pirates du ciel bien décidés à s’emparer des secrets du peuple des chouettes. Ces vils gredins s’emparent d’une mystérieuse relique antique capable d’accorder un pouvoir ancestral à son porteur si ce dernier parvient à réunir les autres artefacts cachés dans le monde.
Aidé de son facétieux ami Geddy, Otus va braver ses peurs et se lancer dans une aventure haletante afin de contrecarrer les plans des pirates. Ce sympathique duo est l’occasion d’aborder la mécanique de combat de Owlboy. Elle est basée sur la capacité de notre jeune hibou à pouvoir agripper de nombreux objets et personnages pour les transporter dans les airs. Si Otus est capable d’effectuer une attaque tournoyante pour déstabiliser certains adversaires, son aptitude au combat n’est pas vraiment ce qui fait sa force. En revanche, ses larges ailes lui permettent de se mouvoir dans les airs avec grâce et précision. Geddy est, de son côté, bien incapable d’explorer la verticalité du monde, mais dispose d’un fusil pour attaquer les monstres à bonne distance. Il suffit alors de porter le personnage à bout de bras avec Otus pour profiter de sa puissance de feu dans les airs. Original et malin, ce gameplay spécifique confère à Owlboy un petit côté shoot'em up lors de ses combats basés sur l’attaque à distance et l’esquive des projectiles.
Aller on y va, en vol vers l'aventure !
Mais n'allez cependant pas croire que le jeu de D-Pad Studio se résume à de simples joutes aériennes ; il reste avant tout un jeu d'aventure et d'exploration très largement inspiré par de grands noms tels que The Legend of Zelda ou encore Metroid. On parcourra en effet un monde plus ou moins ouvert composé de zones extérieures, de villages ou encore de donjons peuplés d'énigmes à résoudre, de trésors à dénicher et de boss à affronter. Notre cheminement suit une trame narrative bien construite qui nous conduit à travers le monde d'Otus avec un bon sens du rythme tout au long des 7 à 8 heures du jeu.
Le gameplay d'Owlboy se prend tout de suite en main, enchaînant les phases de plate-forme, d'énigmes, de vol libre, de shoot à distance et d'affrontements contre des monstres imposants. L'envie des créateurs de renouveler l'intérêt du joueur transpire à toutes les étapes de l'aventure. Elle passe tantôt par l'arrivée de nouveaux équipiers de fortune offrant de nouvelles attaques et perspectives d'exploration, tantôt par des séquences originales telles que des phases d'infiltration voire des phases où il faudra se frayer un passage dans la pénombre pour éviter quelques bestioles mortelles.
Si Owlboy ne joue clairement pas dans la cour des jeux difficiles, il dispose là aussi d'un bon équilibre entre phases d'exploration posées et moments plus tendus où les erreurs de placement ne pardonnent que très peu. Les combats de boss représentent en ce sens les séquences où vos compétences seront mises à l'épreuve. Les adversaires - souvent beaucoup plus gros que notre chouette héros - s'affrontent en respectant des patterns spécifiques et en utilisant les attaques respectives de nos équipiers. Au rayon des petits reproches à adresser au système de combat, on pointera du doigt un léger manque de lisibilité de la position d'Otus lorsque ce dernier subit des dégâts et se fait inévitablement propulser vers l'arrière. Au rang des bonnes idées par contre, précisons que nos différents collègues artilleurs s'invoquent et s'échangent d'une simple pression de bouton. Avons-nous oublié de préciser qu'Owlboy est recommandé à la manette sur PC ? Et bien c'est maintenant chose faite, même s'il est tout de même possible de s'y débrouiller clavier et souris en main.
Gameplay de Owlboy - Laissez-vous bercer par la splendide bande-son du jeu
Une lettre d'amour au pixel-art
Fruit du travail méticuleux de l'artiste perfectionniste Simon Stafsnes Andersen, le style graphique d'Owlboy est très certainement l'élément qui nous a le plus attiré lors de l'annonce du jeu et épaté maintenant que nous l'avons entièrement parcouru. Quel boulot ! Le titre de D-Pad Studio est probablement l'un des plus beaux jeux indé 2D du marché. Et n'allez pas croire que nous succombons ici à un bête aveuglement tendance hipster ne jurant que par le gros pixel qui tâche. Owlboy est vraiment beau. Cette lettre d'amour au pixel-art s'exprime à travers le souci du détail apporté à son univers enchanteur. Chaque lieu visité est l'occasion de s'arrêter un petit moment pour observer la minutie apportée aux décors, PNJ et petits effets graphiques chargés de faire vivre le tout. D'autant que les animations des personnages sont elles aussi très réussies, voire attachantes pour la plupart des PNJ amicaux qui bénéficient de plusieurs états émotionnels sur leurs visages.
En contemplation devant la maîtrise de l'assemblage des pixels du titre, le joueur se laissera porter par les splendides compositions musicales de Jonathan Geer. Douces et mélodieuses lors des moments calmes, énigmatiques et aériennes lors de la découverte des secrets du passé, elles se feront aussi plus haletantes dès lors qu'un immense boss souhaite vous plumer pour de bon. Comptez aussi sur de nombreuses interactions - toutes en mesure - avec les PNJ du monde. Toujours justes, jamais lourdingues et même souvent drôles, cette galerie de personnages hauts en couleur donnent vie à un univers plein de mystères que l'on sent autant influencé par les jeux d'aventure de Nintendo que par les productions du studio Ghibli. Dommage que le tout ne soit pas traduit en français pour le moment. À voir si D-Pad sortira à l'avenir une mise à jour de localisation ou si la communauté s'occupera de combler cette absence par un patch amateur.
Ce Owlboy est donc un savoureux rappel nostalgique maîtrisé de bout en bout par une petite équipe qui ne commet pas l’erreur de se perdre dans trop de fonctionnalités et éléments de jeu annexes. Les 8 heures d'aventure défilent tambour battant sous nos yeux et offrent l’assurance de parler au coeur des amateurs du genre. Les plus perfectionnistes pourront aussi s'amuser à dénicher tous les secrets du monde (pièces, reliques) afin d’acheter quelques amélioration auprès d’un PNJ bien cocasse.
Bande-annonce de Owlboy
Points forts
- Une petite pépite visuelle
- Des personnages très attachants
- Le rythme soutenu de l'aventure
- Un scénario simple, mais efficace
- Des situations de jeu qui savent se renouveler
- Une bande-son qui berce nos oreilles
- Bonne durée de vie
Points faibles
- Absence de localisation française (anglais)
- Quelques soucis de lisibilité lors des impacts sur le héros
- Des affrontements peu être un poil trop simples
Véritable petite pépite indépendante, Owlboy nous fait oublier sa longue attente avec son périple plein de surprises rempli d’un savoureux casting de personnages. Malin dans sa construction, haletant dans le déroulement de son scénario, le titre de D-Pad Studio est bien plus qu’un simple hommage aux jeux d’aventure de type Metroidvania. Il parvient à se forger une personnalité propre grâce à son écriture, ses musiques et son style visuel remarquablement réussi. On en ressort la tête et les yeux remplis de bons souvenirs, preuve de la réussite de la formule !