Parmi les disciplines les plus prisées aux États-Unis, les courses de NASCAR sont en bonne position. Nerveuses et spectaculaires, elles sont pourtant moquées pour leurs circuits ovales et leur côté rentre-dedans, sans finesse. En Europe, on a plutôt tendance à préférer les tracés très techniques, entre courbes, lignes droites et autres chicanes. Par conséquent, ce sport n'a jamais réellement percé sur le vieux continent mais cela ne nous a pas empêché de nous éclater sur le mythique Daytona USA au début des années 90. Par la suite, la situation s'est légèrement gâtée et rares sont les adaptations de NASCAR à avoir marqué les esprits. Avec NASCAR Heat Evolution, Monster Games a de l'ambition et espèce propulser la discipline dans l'ère de la nouvelle génération. Prêt à brûler le bitume ?
Trailer de lancement de NASCAR Heat Evolution
Inutile de se le cacher, notre connaissance en matière de NASCAR est bien faible. Dans nos contrées, elles se résument généralement aux exploits de Cole Trickle dans Jour de Tonnerre et à quelques tours effectués par-ci, par là, sur d'anciens jeux exploitant la licence. Heureusement, depuis la NES et la fameuse adaptation de "Day of Thunder", la technique a fait un bond prodigieux et il est plus facile, de nos jours, de se prendre pour le pilote du long-métrage de 1990. Serrer la corde, foncer à vive allure en collant aux pare-chocs des concurrents, effectuer un freinage de fortune avant de se ramasser dans un mur à près de 250 kilomètres par heure... voilà un petit florilège de ce qui vous attend sur le papier. Mais des envies aux actes, il y a parfois un fossé béant...
LE MEILLEUR DE LA SAISON 2016
Licence officielle oblige, NASCAR Heat Evolution n'est pas avare en contenu. Le jeu propose les 23 courses (dont le mythique tracé de Dayona) du NASCAR Sprint Cup Series de 2016 et offre un panel de 43 pilotes, avec toutes les équipes du moment. Rien de tel pour se mettre en immersion ! Du côté des modes de jeu, le joueur peut effectuer des courses rapides, participer à un championnat, démarrer une carrière ou braver les concurrents en ligne. On retrouve ainsi tous les poncifs du genre avec, en prime, des challenges lancés par d'autres pilotes. La plupart des joueurs passeront la majeure partie de leur temps dans le mode Carrière et il faut avouer que celui-ci n'est pas inintéressant. De timides premières courses (véhicule standard oblige) aux victoires sur le fil, vous gagnez en expérience, attirez les sponsors et pouvez ainsi influer, grâce à l'argent gagné, sur le développement de votre écurie et de votre bolide. Par contre, l'absence de customisation pour un titre de cette trempe est totalement aberrante. Si vous pensiez briller en société avec des bolides ultra classes, c'est raté ! Il faudra se contenter des véhicules préparés avec les sponsors de la saison. L'habillage, quant à lui, fait dans la simplicité et ne s'encombre d'aucune fioriture. Autant le dire de suite, le tout fait très cheap et on aurait aimé plus de folie (même les menus de réglages sont d'une froideur abyssale et il n'y a aucune cinématique pour visualiser votre évolution au sein du mode Carrière). Malgré ses ambitions, on sent que le jeu a été réalisé avec un budget limité et une équipe réduite. Par conséquent, avant même de lancer une course, on émet quelques craintes et ces dernières se vérifient rapidement.
SA FAÇON, MA FAÇON
Même si les courses se résument à des ovales, on pouvait s'attendre à des réactions dignes de ce nom, avec une certaine souplesse dans les virages. Là, en dehors de l'impression de vitesse plutôt acceptable, la physique laisse à désirer. On a l'impression que les voitures se déplacent sur un seul axe et les collisions sont totalement à la rue, avec des chocs violents n'occasionnant aucun dégât et d'autres, à un train de sénateur, qui déforment la tôle et causent des anomalies mécaniques. Cet aspect aléatoire fait que l'on zappe totalement le côté sérieux de la discipline pour se plonger dans le fun, les réactions surréalistes et les dépassements venus d'ailleurs. Alors oui, ça va vite, c'est fun et on se prend, l'espace de quelques courses, pour ce fougueux de Cole Trickle. Mais entre plaisir et frustration, la faute à une difficulté mal dosée, on déchante et on se retrouve face à un jeu d'arcade sans saveur. C'est très fun de jouer au coude-à-coude avec les pilotes adverses, d'utiliser l'aspiration ou de tenter les dépassements par l'extérieur mais ça ne suffit vraiment pas... En mode simulation, les choses s'améliorent légèrement, avec notamment l'usure des pneus à gérer, mais on a du mal à comprendre comment la voiture peut rester à ce point rigide, y compris dans les lignes droites. Les habitués de ce sport y trouveront peut-être leur compte mais il suffit de regarder de véritables courses de NASCAR pour s'apercevoir que les bolides sont loin d'être aussi figés. On ne parle même pas des accidents et autres crashs qui manquent carrément de réalisme par rapport à la réalité.
LA FURIE DE DAYTONA
Si le jeu n'est pas moche et qu'il s'en tire mieux que les dernières éditions, il n'est tout de même pas au niveau des standards actuels. La modélisation des voitures est correcte et les développeurs ont véritablement fait des efforts sur la reproduction des pistes (avec quelques effets de lumière, reflets et transparences) mais les dégâts, eux, font peine à voir. C'est bien simple, il suffit de prendre un titre comme Destruction Derby pour s'apercevoir que le jeu de 1995 offre plus de points d'impacts que ce NASCAR Heat Evolution. Enfin, du côté sonore, on a le choix entre quelques musiques rock et country pour les menus et une espèce de cacophonie de moustiques en rut pour les sons de moteur. En 2016, alors que la concurrence ne cesse de peaufiner cet aspect, ça fait vraiment tâche. En l'état, il apparaît très difficile de conseiller NASCAR Heat Evolution, surtout quand on voit le tarif pratiqué. Mettre une cinquantaine d'euros (prix indiqué sur Steam) pour un titre qui manque à ce point de finition, ça paraît compliqué. Si vous êtes fans de NASCAR, la pilule peut passer plus facilement mais ça ne fera pas oublier que d'autres jeux de la licence sont largement supérieurs. Il s'agit assurément d'une cruelle déception pour les habitués des productions de Monster Games. Le studio américain, à l'origine de nombreuses collaborations avec Nintendo, n'a probablement pas fait le bon choix en revenant à ses premières amours. Ou alors, c'est qu'une large partie des effectifs est sur d'autres projets. Qui a dit Nintendo NX ?
Points forts
- Animation fluide
- Fun à défaut d'être très réaliste
- Licence officielle
- Environnements plutôt sympas
Points faibles
- Véhicules ultra rigides
- Des courses sans ambiance
- Aliasing à gogo
- Techniquement dépassé
- Des bruits de moteur d'un autre temps
- Le côté "cheap" des menus et la présentation globale
- Les accidents peu réalistes
- Le rapport qualité/prix
En dépit de toute la bonne volonté des développeurs, NASCAR Heat Evolution n'arrive même pas à se hisser au niveau des éditions précédentes. Si des améliorations sont notables (intelligence artificielle, circuits bien modélisés...), elles ne suffisent pas à effacer les innombrables défauts que se coltine cette itération. Si les premières courses peuvent faire illusion, on se rend rapidement compte des problème de physique et de gameplay, sans parler de l'aspect technique vieillot et de l'absence totale ou presque d'ambiance. Les modes de jeu sont classiques, le mode Carrière est ultra basique et la plupart des joueurs occidentaux trouveront, de toute façon, les courses soporifiques. Quoi qu'il en soit, la note sanctionne le jeu dans son ensemble, en plus de son rapport qualité/prix vraiment déplacé. Si vous voulez vous essayer à un jeu de NASCAR, privilégiez des jeux plus anciens.