Série initiatrice du jeu de rôle à la Japonaise, Dragon Quest a longtemps snobbé le continent européen, attendant son huitième épisode pour y montrer le bout de son slime. Si depuis l'arrivée du huitème épisode, le premier à faire le grand saut, quelques anciens opus ont aussi fait le voyage grâce à des remakes, le fameux septième épisode sorti initialement sur PlayStation n'avait encore jamais fait le pas. Un affront réparé par l'arrivée de cette version 3DS non sans quelques ajouts et modifications.
Lorsqu'on arrive sur 3DS déjà auréolé d'un statut de légende pour tous les fans de J-RPG, on ne peut pas dire que l'on prend beaucoup de risques. D'emblée, Dragon Quest VII : La Quête des Vestiges du Monde s'annonce comme un must-have pour quiconque aimant jouer de l'épée et des éléments, surtout au tour par tour. Néanmoins, l'original étant sorti il y a maintenant 16 ans, il est important de se rappeler que tous les jeux ne sont pas égaux face aux épreuves du temps et on se doit de se poser cette question : Dragon Quest VII a-t-il bien vieilli ?
L'histoire
Retour vers le futur
Mais commençons par les bases : Le héros principal, que vous nommez au début d'aventure, est un adolescent qui vit tranquillement avec son papa pêcheur et sa maman cuisinière. Pour une fois qu'on a pas un orphelin taciturne qui a perdu la mémoire, on peut déjà être content. Tout ce petit monde vit dans un village sur une île minuscule qui a une particularité : c'est l'unique île, et donc lieu habité, au monde. En tout cas, c'est ce que tout le monde dit. Evidemment, Killyan, le prince rebelle du coin et accessoirement meilleur pote du héros, n'en croit pas un mot et nous embarque partout où on a pas droit d'aller pour tenter de percer le mystère de l'île solitaire. Bientôt rejoint par la chipie pourrie gâtée de service Maribel, le groupe va bientôt se retrouver téléporté dans le passé et découvrir que leurs actes ont des répercussions sur le présent : En sauvant quidam et villages, les héros vont faire réapparaître des îles disparues aux alentours de leur île natale.
"Excusez-moi, auriez-vous 100h à m'accorder ?"
Voilà un pitch qui de prime abord peut sembler plutôt classique, mais donc la structure est non seulement efficace, mais aussi parfaitement adaptée au jeu sur mobile. En effet, on pourrait pratiquement casser toute la trame en petits chapitres avec chacun un début et une fin, parfaitement identifiés. Ces petites histoires touchantes ou drôles bercent votre avancée et réussissent à vous accrocher, vous livrant des questions qui trouvent leur réponse après seulement un donjon ou quelques combats. Toutefois, notons une chose très importante : le rythme général de Dragon Quest VII est très, très lent. Même si quelques phases ont été raccourcies par rapport à l'original, nous sommes ici devant un titre particulièrement bavard comme l'étaient de nombreux jeux de l'âge d'or du J-RPG (fin 90 – début 2000). Il n'est pas impossible que vous passiez plus d'une heure sans un seul combat par moment.
Cet état de fait nous amène à une autre caractéristique de Dragon Quest VII, sa durée de vie. Si le titre est aussi connu des fans de J-RPG, c'est entre autre pour cette raison : il s'agit d'une des quêtes principales qui possèdent la plus grosse durée de vie du jeu vidéo. Ici, on parle de plus d'une centaine d'heures de jeu, sans compter les à-côtés. Oui, ça calme. Alors certes, le rythme plutôt lent y est pour beaucoup et il ne fait nul doute que le titre propose en guise de plat du jour ce que d'autres serviraient en hors d'oeuvre, mais la résultante est la même : Dragon Quest VII est un jeu pour joueurs patients.
Système de jeu
Classique...
Nous en venons donc au gameplay, et au système d'évolution, deux points qui font l'essence des bons J-RPG. La structure du jeu étant plutôt ancienne, on retrouve une avancée Village/Exploration/Donjon d'un classicisme évident. A vous de voir si vous êtes encore sous le charme d'une formule qui ne surprend pas mais qui vous laisse un certain confort appréciable. L'une des différences de cette version 3DS par rapport à l'original, c'est que vous voyez les ennemis lors des phases d'exploration, ce qui vous permet d'éviter les combats là où leur déclenchement était auparavant aléatoire. Les donjons quant à eux proposent souvent des puzzles ou énigmes à résoudre pour avancer dans leurs tréfonds, raflant au passage quelques trésors ici et là. Si vous devez toujours veiller à avoir les bons équipements sur vous, le challenge ne se situe pas dans les phases d'exploration en règle générale.
Par contre, les combats sont une autre histoire. Là encore, Dragon Quest VII sur 3DS propose du tour par tour tout ce qu'il y a de plus connu avec les choix Attaque, Défense, Objets, Compétences, Sorts et Fuite pour vous en sortir. Souvent, le salut vient de l'utilisation efficace des éléments et des altérations d'état, que ce soit de manière défensive ou offensive. Mais en moyenne, sachez que la difficulté est relativement corsée et ceci malgré les quelques changements opérés sur cette version. Pour survivre efficacement, le titre vous incite à toujours leveler un peu plus que de raison vos personnages (en gros, à grinder) pour éviter les mauvaises surprises, sans quoi il faudra faire des allers-retours pénibles jusqu'au village le plus proche pour soigner les protagonistes et surtout récupérer des PM.
... mais efficace
Mais le système de combat ne serait rien sans un bon système d'évolution, et la série des Dragon Quest a déjà fait ses preuves dans le domaine avec son système de classe. Celui du septième épisode faisait honneur au genre et le portage n'a rien enlevé de sa superbe. Alors que chaque classe vous donne accès à des compétences, il vous est possible de découvrir des classes supplémentaires en maîtrisant plusieurs d'entre elles (souvent deux, parfois plus). Pour monter une classe, il suffit de réaliser des combats afin de passer les différents niveaux (huit à chaque fois) et gagner les compétences. Notez toutefois que pour que les combats comptent dans le gain de niveau de classe, il faut être dans une zone qui correspond à peu près à son niveau, sans quoi il suffirait de démonter du slime à tire-larigot sans forcer. Bien sûr, chaque classe a ses avantages comme le mage et ses attaques magique, le paladin et sa défense de fer ou encore le berger, déguisé en mouton (oui oui, il est utile en combat, je vous assure).
Mais à cette vingtaine de classes plutôt banales, il faut aussi ajouter plus d'une trentaine de classes de monstres ! En récupérant des cœurs de monstre et en les amenant au bon endroit, vous pourrez alors accéder à la classe associée et monter de niveau comme vous le feriez avec les classes humaines. Croyez-nous on voit la vie différemment en slime ! Bref, les classes sont clairement le point fort de Dragon Quest VII au point qu'elles pourraient devenir votre seule raison d'avancer. Même s'il peut aujourd'hui manquer d'un tout petit poil de profondeur, le système reste addictif et ne manque pas de finesse, notamment grâce aux compétences hybrides, auxquels on ne peut avoir accès que si on a monté deux classes spécifiques au moins au niveau 5.
Au-delà de son contenu, Dragon Quest reste un univers qui doit notamment sa distinction à deux hommes. Le design d'Akira Toriyama (Dragon Ball) est reconnaissable parmi mille et sied parfaitement à l'esprit Dragon Quest, qui oscille souvent entre humour et émotion. Bien que les personnages doublons sont un peu trop nombreux parmi les figurants, le bestiaire reste maîtrisé. Quant aux décors, la possibilité de tourner la caméra nous laisse souvent profiter d'architectures plus complexes qu'il n'y paraît et les bourgades sont pleines de vie. On regrettera toutefois que les zones extérieures et les donjons, bien que variés, sonnent parfois creux.
L'autre homme est bien évidemment Koichi Sugiyama, le compositeur de la série depuis le premier opus, un mythe au Japon qu'on appelle souvent le papa des musiques de jeu vidéo. Même s'il n'en est pas l'inventeur, il est sans aucun doute celui qui y aura vraiment insuffler une grande part artistique, bien aidé par sa formation de compositeur classique. Sans surprise, ses œuvres font toujours mouche 16 ans après et nous rappellent que dans un jeu aussi long avec un rythme aussi lent, avoir une bande-son de qualité est un plus indéniable.
Derniers détails
Si on a déjà un bon tour d'horizon de ce Dragon Quest VII, précisions tout de même encore quelques petites babioles. D'une, parmi les ajouts, on note la présence d'un radar qui permet de retrouver plus facilement les fragments, nécessaires pour avancer dans l'aventure en trouvant de nouveaux téléporteurs. Vu que l'original avait pour défaut de ne pas bien indiquer où trouver ces fragments, laissant les joueurs arpenter les zones sans jamais savoir où chercher, voici une addition qui sera forcément bien accueillie. En règle générale, les développeurs de cette version 3DS ont pris soin de modifier quelques passages pénibles (notamment le début de l'aventure, jugé trop long et complexe) et de corriger quelques problèmes, comme celui qui bloquait définitivement la progression si on avait pas amené certains fragments au bon endroit au bon moment, ce qui pouvait causer quelques éclatages de manettes après des dizaines d'heures de jeu. Dommage que les développeurs n'aient pas pris soin de revoir les menus, en combat et en exploration, ces derniers accusant drôlement leur âge en s'avérant tout sauf ergonomiques à l'utilisation. Dans un jeu où chaque personnage dispose de son propre inventaire, cela devient rapidement un problème.
Dragon Quest VII 3DS : Vue d'ensemble
Points forts
- Une durée de vie astronomico-gigantesque
- Des histoires touchantes
- Un système de classes qui a fait ses preuves
- L'univers Dragon Quest, inimitable
- Le bestiaire
- Les compositions de Koichi Sugiyama
- L'ajout du radar à fragments
Points faibles
- Des longueurs inutiles
- Des allers-retours lassants
- Par moments trop classique
- Les menus anti-ergonomiques
Lorsqu'une légende du J-RPG nous fait l'honneur d'arriver en Europe dans une version remaniée, on ne peut dignement pas dire non. Dragon Quest VII propose une histoire longue, parfois même à l'excès, mais non sans exploits et moments d'émotion. Son système de jobs a quant à lui fort bien vieilli et la possibilité de se transformer en monstre permet d'agrandir le nombre de classes disponibles à plus d'une cinquantaine. Notons tout de même que l'on réservera ce jeu aux fans de J-RPG à l'ancienne, car la lenteur générale de son déroulement et la présence d'élements trop archaïques risquent de lasser les joueurs moins habitués au genre. Pour le reste, entre le design de Toriyama et les musiques de Sugiyama, c'est que du bonheur.