Si vous avez grandi lors de ce formidable tournant qu'est le passage des années 80 aux années 90, vous connaissez sûrement Kick Off, le soft qui a démocratisé le football virtuel. Aujourd'hui rangée au placard au profit de licences plus bankables telles que PES ou FIFA, la série s'offre un retour remarqué sous la houlette de son créateur Dino Dini. L'occasion idéale de se refaire une partie aux doux parfum retro en plein Euro 2016 ?
Kick Off, c'est cette délicieuse série au gameplay monotouche où le joueur et le ballon ne sont pas systématiquement liés. Particulièrement ardu à prendre en main, le jeu vous fait régulièrement perdre le contrôle du ballon dès lors que vous placez une forte accélération, situation qu'il ne faut en général privilégier qu'une fois que vous êtes dans l'axe du but adverse. Toute la difficulté vient donc de l'équilibre à trouver entre besoin de vitesse et nécessité de garder le contrôle du cuir. Revival part sur les mêmes bases, qu'il a visiblement jugé bon de ne pas agrémenter de quelques nouveautés.
Mécaniques de jeux d'un autre âge
Qu'il s'agisse des passes, têtes, tacles ou même des tirs, tout se fait toujours via la touche X du DualShock 4, la seule alternative résidant dans l'utilisation de R1 pour mieux contrôler la balle – ce qui ralentit toutefois la course du joueur – et du stick gauche utilisé pour déplacer votre avatar. Ce dernier est également mis à profit dans le cadre des coups de pied arrêtés, ou il permet à la fois de placer le joueur et définir la puissance du tir. Fouillis et quasiment impossible à maîtriser même après plusieurs heures de jeu, le système de coups de pied arrêtés s'avère tellement pénible qu'on en vient presque à espérer ne jamais avoir de corner ou de coups francs. C'était sans compter sur l'approximation du jeu - liée à l'utilisation d'une touche - qui devient brouillon sur certaines situations telles que les ballons aériens. En l'espace d'une seconde, un tacle peut ainsi remplacer une tête ou une passe et déboucher sur un penalty alors déclenché de façon bien involontaire.
Après quelques heures de jeux, les anciens réflexes reviennent et l'on commence à maîtriser quelques subtilités comme l'utilisation de la touche R1 soulignée ci-dessus ou même la possibilité d'imprimer un effet dans la balle pour lancer un joueur en profondeur, voire essayer de placer le ballon hors des gants du gardien. Bien maigre en comparaison du reste des mécanismes, malheureusement sans imagination et incapables de se renouveler un minimum. Autre exemple démontrant le peu d'évolution du soft par rapport à ses illustres ancêtres, l'absence de hors-jeu et de cartons, l'arbitre n'étant d'ailleurs même pas présent sur le terrain. Il en est de même pour d'éventuelles séances de tirs au but, dont l'absence fait tâche au sein d'un soft qui vous propose tout de même de participer à une réplique virtuelle de l'Euro 2016.
Un extrait du jeu en match
Un contenu bien maigre
Pas d'emballement pour autant, puisqu'il s'agit du seul véritable contenu un poil travaillé au sein du titre. Vous pourrez ainsi choisir avec quelle équipe vous souhaitez jouer et opter au choix pour les groupes « classiques » ou un nouveau tirage au sort. Pour le reste, l'ambiance Euro n'y est pas puisque le titre ne dispose évidemment d'aucune licence (joueurs, maillots, logos) et habille le tout avec des menus absolument horribles. On notera tout de même un certain travail sur les répliques assez fidèles des maillots d'origine et des noms de joueurs parodiques qui vous feront sourire, bien que ces derniers soient parfois disposés de façon totalement aléatoire sur la pelouse, en témoignent le placement au milieu de terrain des pendants virtuels de Benoît Costil et Steve Mandanda. 24 équipes nationales, c'est donc tout ce que vous aurez à vous mettre sous la dent puisqu’aucun club n'est présent et qu'en dehors du mode Euro, vous ne pourrez que vous adonner à des parties seul ou à plusieurs, en ligne ou en local. Quant au mode practice, il s'avère totalement inutile puisque le joueur ne peut qu'y enchaîner une série d'objectifs sans disposer du moindre tutoriel.
Dino Dini's Kick Off Revival n'est en l'état qu'une sorte de bêta du titre qu'il aurait pu être. Avec un contenu aussi famélique, il se paye même le luxe d'être moins fourni que certains jeux de football du milieu des années 90, comme le célèbre Sensible World of Soccer et son copieux mode carrière ou ses quelques 1500 équipes disponibles. On n'en demandait sans doute pas tant, mais voir un titre arriver avec aussi peu de cartouches dans sa besace reste décevant et pose question sur ses réelles intentions, d'autant plus que certaines des fonctionnalités absentes du soft - cartons, arbitre sur le terrain notamment - sont attendues dans les mises à jour à venir. N'espérez pas non plus personnaliser quoi que ce soit sur le jeu, puisqu'en plus de ne proposer aucun menu d'options, celui-ci ne nous permet aucunement de créer une compétition.
Un bref coup d'oeil sur le contenu du jeu
« L'important, c'est la beauté intérieure »
On bouclera donc ce tour d'horizon avec l'habituel point technique. Buggé à sa sortie, mais désormais jouable après quelques patchs, Kick Off Revival n'en reste pas moins moche, ne parvenant même pas à sauver une technique faiblarde avec un semblant d'idées artistiques. Le seul stade modélisé est peuplé d'un faux public qui rappelle davantage un jeu de "Qui est-ce" qu'une foule, les couleurs utilisées ont toutes les chances de réveiller l'épileptique qui sommeille en vous et on n'oubliera évidemment pas de souligner que l'intégralité des joueurs est modélisée de la même manière. Enfin, en dehors de la musique de l'écran principal, la bande-son est vide de tout commentaires et se contente de quelques bruitages et pistes dignes d'une compilation des meilleures musiques d'ascenseur pour les mi-temps et fin de match.
Points forts
- Amusant en multi local au début
- Quelques subtilités dans le gameplay
Points faibles
- Visuellement affreux
- Contenu rachitique
- Coups de pied arrêtés ingérables
- Mode practice inutile
- Pas de paramètres, pas d'options
- 20 ans plus tard, rien de nouveau
Désireux de rendre hommage à une série par son style totalement retro, Kick Off Revival ne sera finalement parvenu qu'à en souligner la désuétude. Quelques fugaces tranches de rire en multijoueur ne suffisent pas à masquer les faiblesses abyssales d'un titre au gameplay quasiment inchangé, incapable d'apporter une petite touche de nouveauté qui aurait dépoussiéré la formule sans la dénaturer. "Sans", c'est d'ailleurs le mot qui caractérise le mieux cet opus. Sans contenu, sans idées, sans grand intérêt, l'épisode passe à côté de son sujet et n'aura eu bon que sur son timing : en plein Euro, il est sans doute plus aisé d'en écouler quelques exemplaires. Dommage, car au regard des mises à jour attendues, il y a fort à parier que Kick Off Revival nous propose une expérience plus correcte d'ici quelques mois.