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Test Oldies : Suikoden III, mieux vaut tard que jamais

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Suikoden III : Trailer

Oldies : Suikoden III, mieux vaut tard que jamais
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Profil de Lisore,  Jeuxvideo.com
Lisore - Utilisateur jeuxvideo.com

Le 24 juin 2015, soit 13 ans après ses sorties japonaise et américaine, Suikoden III était enfin publié de manière officielle en Europe, via le PSN, en version anglaise. Treize longues années d’attente assez incompréhensibles, quand on considère qu’il s’agit de la suite chronologique du meilleur volet de la saga et du seul épisode régulier de la série à n’être jamais sorti en Europe. Les allergiques à l’import vont-ils être récompensés pour leur patience ? La transition vers la 3D s’est-elle faite sans heurts ? Le scénario est-il toujours aussi prenant ? C’est ce que nous allons vérifier tout de suite.

Oldies : Suikoden III, mieux vaut tard que jamais
Précision liminaire

Avant de débuter ce test, il convient de préciser qu'il a été réalisé principalement à partir de la version publiée sur le PSN. Cependant, dans la mesure où l'auteure de ces lignes n'a relevé aucune différence notable avec la version sortie sur PS2 en 2002 aux États-Unis et rejouée rapidement pour l'occasion, ledit test est donc valable pour les deux supports.

The Flame Champion is not there anymore

Oldies : Suikoden III, mieux vaut tard que jamais
Profitez bien du Flame Champion, vous ne le verrez pas souvent

Quinze ans après les événements relatés dans Suikoden II, la guerre menace dans les Grasslands, vaste contrée bordée à l’Est par la République de Dunan, que les joueurs du précédent opus connaissent bien. Les Six Clans de ce pays sont en effet confrontés aux visées expansionnistes de leur voisin de l’Ouest, la jeune et belliqueuse Fédération de Zexen, ce qui a entraîné nombre d’affrontements meurtriers au cours des dernières années. Pour mettre fin au conflit, des négociations sont entamées entre les deux parties. Lesquelles tournent court lorsque les Chevaliers de Zexen, menés par le Commandant Chris Lightfellow, attaquent un village et sont accusés d'avoir auparavant tué un chef de clan. Les hostilités reprennent donc de plus belle. Mais les Chevaliers sont-ils vraiment responsables ? Tout semble en réalité indiquer qu’il s’agit d’un coup monté, mais plus personne n’écoute. Au Nord, le Saint Royaume d’Harmonia attend patiemment la fin d’un traité de non-agression pour fondre sur les Grasslands et prendre sa revanche sur ceux-ci, suite à la défaite cuisante infligée il y a des années par la rébellion menée par le Flame Champion, porteur de la Rune Véritable du Feu, qui a depuis disparu de la circulation. Dans le même temps, un obscur quatrième intervenant joue sa propre partition et la quête des Runes Véritables élémentaires semble motiver nombre d’intervenants. Les catastrophes qui s'annoncent pourront-elles être évitées ?

Trois pour le prix d’un

Oldies : Suikoden III, mieux vaut tard que jamais
Geddoe, un héros à part

Le scénario d’un Suikoden n’est jamais simple, mêlant intrigues politiques, enjeux compliqués et contraires, poids des Runes Véritables sur le destin des simples mortels et problèmes personnels. Suikoden troisième du nom n’y fait pas exception. En plus, il densifie l’histoire en multipliant les points de vue. En effet, l’une des grandes particularités et nouveautés de ce volet est de vous proposer non pas un protagoniste, mais trois. Dès le début de l’aventure, vous êtes ainsi invité à choisir entre les histoires de Hugo, fils de Lucia, le chef du clan Karaya, déjà croisée dans le volet précédent, Chris Lightfellow, commandante des Chevaliers de Zexen, et Geddoe, chef d’un escadron d’Harmonia. L’histoire, découpée en cinq chapitres (plus un, à la fin du jeu, qui ne se débloque que sous certaines conditions), offre trois versions différentes des trois premiers chapitres, vécus à travers les yeux de chacun des protagonistes jouables. Les chapitres 4 et 5 sont quant à eux communs, car nos trois héros ont alors joint leurs forces et il vous faudra choisir le leader définitif parmi eux .

Avant cela, vous pouvez choisir l’ordre que vous souhaitez pour débuter et poursuivre l’aventure, faire les premiers chapitres de l’un des personnages avant de passer au héros suivant, ou au contraire alterner à chaque fin de chapitre. Un tel découpage, s'il peut parfois casser un peu le rythme de la narration, demeure très intéressant, car il permet d’avoir trois points de vue différents sur les mêmes évènements. Le premier chapitre est, à ce titre, typique : si vous êtes Hugo, vous êtes persuadés que Chris est un monstre qui a attaqué votre village, tandis que si vous jouez cette dernière, vous vous retrouvez piégée dans un coup monté. Geddoe, quant à lui un peu plus neutre, apporte également plus de recul sur ces événements. Le choix d'un tel fractionnement du récit se révèle passionnant et assez bien utilisé, dans la mesure où, selon le point de vue, vous ne savez jamais réellement où vous mettez les pieds, qui est le véritable ennemi, quels sont les vrais enjeux durant au moins les deux tiers du jeu. Ce qui permet de garder un intérêt quasi constant pour l’histoire et de maintenir ainsi le joueur en haleine.

Oldies : Suikoden III, mieux vaut tard que jamais
Rare et dernier moment de quiétude chez les Karayas entre Lucia et Hugo

La personnalité de chacun des protagonistes aide également cette diversité narrative. Hugo est un "héros" plutôt classique de la saga, à savoir un adolescent qui se retrouve malgré lui plongé dans un conflit meurtrier sur lequel il n’a, en premier lieu, pas beaucoup de prise. La grande différence avec les épisodes précédents réside dans un tout petit détail : il parle. En effet, contrairement aux personnages principaux des volets précédents (et suivants), le jeune homme n’est pas "muet" et n’a pas la langue dans sa poche. Il n’est pas non plus l’étoile Tenkai, à l’inverse de tous les autres protagonistes de la saga (mais nous y reviendrons). À l’exception de cette particularité, il demeure néanmoins un héros adolescent assez classique de J-RPG. Chris et Geddoe, quant à eux, sont plus inhabituels et en cela plus intéressants.

Chris, tout d’abord, est le commandant d’une troupe de chevaliers redoutables. Elle possède expérience, autorité et une excellente réputation, acquises au prix de durs efforts. Étant de surcroît la seule femme chevalier, élément qui n’est pas occulté, elle doit parfois faire face à la suspicion de ses supérieurs et reste un peu à l’écart de ses hommes. L’armure qu’elle porte n’est pas seulement physique, mais aussi mentale. Elle se protège de tout et, d’une certaine manière, refoule tout : peurs, doutes, sentiments, tristesse. Suivre ce personnage, c’est aussi la voir s’humaniser et ça change agréablement du héros muet habituel. Quant à Geddoe, homme d’armes a priori cynique comme on en voit beaucoup dans la pop culture, ce dernier est encore plus difficile à cerner. Bien plus âgé que les autres protagonistes, leader de la 12è force de défense de la frontière sud d’Harmonia, il semble en savoir très long sur les évènements qui affectent les Grasslands et les territoires voisins, mais se livre encore moins que Chris. Pendant une bonne partie de l’aventure, on ne sait jamais vraiment sur quel pied danser avec lui, qu’il s’agisse de sa véritable personnalité comme de ses intentions. Incarner un personnage aux objectifs aussi flous est parfois assez inconfortable et c’est justement cela qui est intéressant. Avoir trois personnages aussi différents à incarner permet de dynamiser grandement le scénario, ce qui constitue un réel atout du jeu.

Oldies : Suikoden III, mieux vaut tard que jamais
Votre château sera bien défendu, c'est certain

À ces trois points de vue se rajoute également celui de Thomas, l’étoile Tenkai de l’épisode. Habituellement, cette place est occupée par le protagoniste du jeu, mais comme cette fois il y en a trois au même niveau, les développeurs ont préféré l’attribuer à un personnage plus secondaire, mais qui n’usurpe pas pour autant le titre. En effet, si Thomas est à la fois un individu moins intéressant et moins essentiel que Chris, Hugo ou Geddoe, il remplit cependant une fonction importante : c’est lui qui vous offre votre base, en l’occurrence son château de Budehuc, et en assure la supervision. Ce quartier général, élément indissociable de la saga, réunit les 108 personnages associés aux 108 étoiles habituelles de la série. Dans deux chapitres optionnels, à faire en plus de ceux consacrés à Hugo, Chris et Geddoe, vous dirigerez Thomas et pourrez ainsi recruter plus facilement de nouveaux alliés, tout en vivant quelques aventures, certes un peu moins épiques, mais tout de même agréables. Ces deux chapitres ne sont peut-être pas les plus intéressants de l’histoire, cependant outre qu’ils apportent une certaine respiration dans un déroulement parfois oppressant, ils sont indispensables pour recruter vos 108 alliés… et accéder au sixième chapitre, très surprenant, à la toute fin.

Oldies : Suikoden III, mieux vaut tard que jamais
Lilly et les Canards (ne riez pas, vous en avez comme équipiers)

Bien sûr, vous serez confrontés à une large galerie de personnages hauts en couleurs, qu’il s’agisse de nouvelles têtes ou de figures familières, comme les indéboulonnables Vikki et Jeane, la jeune Lily Pendragon ou Futch qui ont tous deux bien grandi, d’anciens antagonistes tels que Lucia, Sarasai ou l’infâme Yuber (mais curieusement pas sa Némésis habituelle, Pesmerga, dont on peut regretter l'absence). Enfin, Leknaat, qui a un rôle un peu plus appuyé cette fois-ci, viendra vous apporter l’indispensable Table des Étoiles… À noter quand même que certains "recrutements" se déroulent de manière très inhabituelle pour la saga, mais vous devrez en juger par vous-même (sinon, le spoiler est violent).

Oldies : Suikoden III, mieux vaut tard que jamais
A la base, Chris est une héroïne nationale

Les mécaniques de narration du jeu, qui peuvent surprendre au premier abord, se révèlent rapidement très efficaces et servent parfaitement une histoire vraiment passionnante, malgré quelques petites baisses de rythme par moments. Bien évidemment, la trame principale réelle du scénario ne sera pas révélée ici. Mais sachez que vous aurez comme d’habitude votre lot de complots, d’alliances politiques et militaires, de trahisons, de révélations fracassantes et tragiques, de personnages vairés, de batailles, d’étoiles à recruter, de Runes véritables et d’enjeux plus grands que prévus. Du strict point de vue du scénario, Suikoden III n’a pas à rougir face à son prédécesseur et se paie même le luxe d’innover au niveau narratif. Certains joueurs peuvent se montrer réfractaires à un tel choix, mais il serait vraiment dommage de passer à côté de cette excellente histoire à cause de cela…

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Les 108 Étoiles et la littérature chinoise classique

Si vous n'êtes pas familiers de la série Suikoden, vous vous demandez peut-être ce que sont les 108 Étoiles mentionnées dans les paragraphes précédents. Il s'agit en fait d'une référence au roman chinois Au bord de l'Eau, attribué généralement à Shi Nai'an et vraisemblalement rédigé au XIVè siècle. Cette oeuvre fait partie des quatre grands classiques de la littérature chinoise et narre les aventures de 108 brigands s'opposant à l'oppression impériale. Dans le récit, ces brigands sont associés aux 36 astres célestes et 72 astres terrestres que l'on retrouve dans l'astronomie chinoise. En japonais, le nom de ce roman se lit Suikoden. La série en reprend ainsi le nom, l'idée de résistance à l'oppression et les 108 guerriers, associés aux étoiles, réunis dans un quartier général situé au bord de l'eau - voire carrément sur l'eau, dans l'épisode IV.

De l’importance d’une bonne stratégie

Tout cela est bel et bon, mais quid du gameplay ? Rappelons aux néophytes de la série que celle-ci a pour particularité de proposer, entre autres, trois styles d’affrontements différents. Les plus courants, à savoir les combats en équipe contre les ennemis et boss, mais aussi les batailles et les duels.

Oldies : Suikoden III, mieux vaut tard que jamais
Les affrontements classiques fonctionnent par paires

Concernant les affrontements classiques, on reste dans le tour par tour basique, avec un groupe de six personnages. Vous équipez toujours ces derniers d’armes et armures à acheter ou trouver ici et là, voire à améliorer dans les boutiques idoines, ainsi que de runes qui vous donnent accès à des sorts ou des capacités variés. Suikoden III innove en mettant en place un système de skills assez utile : chaque combat vous fait gagner des points de capacités pour ensuite améliorer celles-ci, voire en rajouter, ce qui vous permet de rendre vos personnages plus efficaces. Une autre grosse nouveauté a également été apportée : vous n’entrez plus vos ordres pour chacun des six combattants, qui obéiront indépendamment les uns des autres, car ceux-ci agissent désormais par paires, que vous devez déterminer en formant votre équipe. C’est donc à elles que vous donnerez vos instructions.

Dans un premier temps, un tel système s’avère plutôt déstabilisant, voire assez frustrant si vous aviez l’habitude de sélectionner soigneusement les actions de vos six compagnons avant de vous lancer. Cependant, en appariant les bons éléments entre eux, leurs actions deviennent rapidement redoutables. Ajoutez à cela une jauge de temps pour la réalisation de celles-ci, ainsi que la distance à prendre en compte entre vos combattants et leur cible, et vous vous retrouvez avec un système bien plus tactique que dans les précédents volets et finalement assez amusant à utiliser. Néanmoins, le temps pris pour la réalisation de certaines actions peut parfois se retourner contre vous, notamment si vous avez besoin d’utiliser des magies assez gourmandes. Ce qui peut se révéler un peu rageant, voire vous coûter la victoire si vous ne faîtes pas assez attention, un adversaire pouvant en profiter pour mettre votre personnage KO.

Concernant les duels, plus rares, rien de bien neuf, à l’exception des points de vie apparents de l’adversaire : on reste dans le bon vieux système du "pierre, papier, ciseau", ici "attaque, attaque spéciale, défense". Comme dans les autres épisodes, vous devez choisir la bonne commande en vous fiant aux répliques prononcées par votre adversaire avant chaque action, qui vous donne ainsi des indications sur ses propres actions. Il ne vous reste alors plus qu'à choisir la commande qui contrera efficacement votre opposant… ce qui n’est pas forcément toujours évident. Cela reste néanmoins très amusant, bien qu’un peu trop rare malheureusement.

Oldies : Suikoden III, mieux vaut tard que jamais
La lisibilité du champ de bataille est parfois discutable

Enfin, last but not least, les batailles font également leur grand retour. Si, au début de l’aventure, vous les gérez tout seul, vous recruterez un peu plus tard votre stratège attitré qui vous aidera à les planifier, en l’occurrence… suspense… un membre de la famille Silverberg (cachez votre surprise, fans de Suikoden) !! Concernant les affrontements proprement dits, leur déroulement est assez différent de celui présent dans l’épisode II. Les déplacements ne sont plus "libres", en case par case, sur le champ de bataille, comme c’était le cas précédemment (ou dans des tactical RPG). Ils se font désormais sur des emplacements prédéfinis, ce qui réduit les possibilités. Vous déplacez votre unité sur celui de votre choix et déterminez l’action (attente, attaque physique, magie…). Ladite unité est composée d’un groupe de six personnages, comme pour les combats classiques. D’ailleurs, lorsque l’on rencontre une unité ennemie, on bascule dans ce mode de combat normal… sauf qu’on n’a le contrôle sur aucun combattant et que l’on ne peut que regarder ceux-ci se battre. Le succès ou l’échec de l’assaut dépendent en fait du choix fait en amont de laisser telle ou telle unité en affronter telle autre. L’intérêt d’un tel déroulement, qui n’apporte rien, reste encore à déterminer... En outre, les enjeux des batailles sont loin d’être les plus passionnants de la saga : la plupart du temps, il faut soit réussir à fuir, soit attendre les renforts. Rares sont celles qui nous demandent d’écraser l’adversaire. On se retrouve donc avec des batailles aux enjeux peu enthousiasmants et aux déroulements moins dynamiques qu'avant. Et c’est assez décevant.

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Votre quartier général

En dehors de ces activités martiales, il vous faudra également recruter vos 108 étoiles, via différentes quêtes annexes, pour qu'elles rejoignent votre quartier général et permettent d’améliorer celui-ci, débloquant boutiques et mini-jeux, ou viennent gonfler vos forces de combat. Ce recrutement est grandement favorisé par l’apparition d’une nouveauté de taille particulièrement utile : le détective efficace. Ce dernier met ses capacités à votre disposition, non plus pour obtenir simplement des informations sur des personnages déjà connus, mais pour vous orienter dans vos recherches et trouver vos compagnons plus facilement. Ce qui constitue un plus non négligeable, tant le recrutement complet pouvait s’avérer difficile, pour ne pas dire impossible sans aide, dans les volets précédents. Et quand on sait qu’il vous faut recruter les 108 personnages pour obtenir la bonne fin, autant dire que cet ajout est appréciable. Les développeurs ont également cru bon de devoir inclure des mini-quêtes permettant d’obtenir objets et argent… mais auraient clairement pu s’abstenir tant elles sont ennuyeuses au possible, vu qu’il s’agit à chaque fois d’aller corriger un malheureux monstre. Enfin, cela donne de l’expérience, ce qui est toujours appréciable, et rallonge une durée de vie déjà respectable. Comptez à ce titre une soixantaine d’heures pour obtenir la vraie fin.

Passage à la 3D = danger ?

Oldies : Suikoden III, mieux vaut tard que jamais
Même les chevaux agissent de manière rigide

Venons-en au sujet qui fâche : la réalisation. Ce troisième volet marque en effet le passage à la 3D de la série, ce qui a souvent été synonyme de phase délicate à négocier. Et ici, si l’on évite le pire, le résultat n’est pas non plus complètement convaincant. Les décors et environnements sont, dans l’ensemble, plutôt jolis, bien que ne pouvant rivaliser avec ceux, au hasard, d’un Final Fantasy X. Le character design des personnages, particulièrement soigné, est très réussi et en jette sur les portraits de dialogues. Malheureusement, leur rendu 3D est nettement moins bon et ne fait pas vraiment honneur au travail de Fumi Ishikawa. En outre, ils se meuvent avec une rigidité telle qu’elle en est parfois comique. Les animations sont meilleures dans les phases de combat, mais à peine. À la longue, on s’habitue, mais on peut clairement être déçu par ce résultat très moyen. D’autant que les petits bugs de collision sont assez fréquents, ce qui n’arrange rien. Curieusement, pourtant, l’ensemble n’est pas pour autant vilain et vieillit plutôt bien.

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La carte... est-il besoin d'ajouter quelque chose ?

A cela vient s’ajouter un changement particulièrement agaçant : la disparition d’une carte sur laquelle on pouvait se déplacer librement. Ici, on ne peut que choisir sa destination vers un lieu précis, sans pouvoir errer comme bon nous semble et déclencher des combats aléatoires ou découvrir des lieux annexes… Pour l’illusion de liberté habituelle, on repassera. C’est d’autant plus pénible qu’on est ainsi obligé de supporter d’incessants allers-retours par des endroits visités moult fois, donc redondants, jusqu’au chapitre 4 au moins et l’arrivée, enfin, de Vikki et de son miroir de téléportation. A la longue, c’est fatigant et c’est probablement, de loin, ce qui plombe le plus le titre.

Oldies : Suikoden III, mieux vaut tard que jamais
L'introduction met le character design en valeur

Quant à la musique, si elle est, dans l’ensemble, de bonne facture et agréable à l’écoute, elle n’atteint pas non plus les sommets du genre et reste inférieure à l’excellente bande-son de l’épisode II. Il n’y a pas vraiment de thème mémorable, tant au niveau des musiques d’ambiance que des thèmes de boss. Vous ne trouverez, par exemple, aucun morceau capable de rivaliser avec un "Gothic Neclord", un "Silver Wolf" ou un "Reminiscence". Cependant, il n’est peut-être pas juste de juger la musique de Suikoden III à l’aune de celle du volet précédent, qui était assez exceptionnelle. Les compositions du troisième opus ont leurs qualités propres et font tout de même très bien le job. D’autant qu’il y a une exception notable et marquante : la vidéo d’introduction, qui est considérée par beaucoup, dont l’auteure de ces lignes, comme la meilleure de la série. Non seulement le court film d’animation, qui présente rapidement les personnages principaux et divers évènements du jeu, est d’excellente facture, mais la chanson qui l’accompagne, "Exceeding Love", du groupe Himekami, est particulièrement marquante et colle parfaitement à l’ambiance du titre. C’est peut-être d’ailleurs ce qui explique qu’on puisse être un peu déçu par le reste de la bande originale : il n’est pas au niveau de ce morceau.

C’est en fait le reproche général que l’on peut faire à la réalisation de ce troisième épisode : sans être vraiment mauvaise, elle n’est pas à la hauteur de son excellente histoire et des attentes des joueurs. C’est dommage. Mais pas non plus forcément gênant, le jeu étant l’illustration parfaite de l’"adage" selon lequel ce qui compte dans un RPG, ce n’est pas tant l’apparence ou la réalisation qu’une bonne histoire.

L’ambassadeur dessiné

Avant de conclure, il convient de rappeler que, si Suikoden III est longtemps resté inédit chez nous, il n’était pas non plus complètement inconnu en nos contrées. En effet, à défaut de pouvoir poser les mains sur le jeu, le public français a pu profiter de son adaptation en manga. Réalisé par Aki Shimizu et publié aux Editions Soleil, ce dernier est plutôt fidèle au jeu, bien que l’on note quelques modifications et de nécessaires raccourcis, voire coupes dans l’histoire de personnages secondaires. S’étalant sur 11 tomes, la série est joliment dessinée et l'histoire rondement menée. Un pis-aller, certes, mais un pis-aller de grande qualité, qui nous a – un peu – consolés en attendant une sortie officielle de cet épisode III…

{{test_note_points |plus= {{test_note_point|texte=Un très bon scénario}} {{test_note_point|texte=La narration qui croise les points de vue}}{{test_note_point|texte=Quelques personnages vraiment excellents}}{{test_note_point|texte=Un système de combat revu très efficace}}{{test_note_point|texte=Une excellente durée de vie}} {{test_note_point|texte=L’introduction, magnifique}} |moins= {{test_note_point|texte=La réalisation 3D moyenne}}{{test_note_point|texte=L’animation rigide des personnages}}{{test_note_point|texte=Une carte dirigiste}}{{test_note_point|texte=Des allers-retours en pagaille}}{{test_note_point|texte=Une bande originale un peu décevante tout de même}} }}

Suikoden III souffre principalement de deux problèmes : une réalisation en demi-teinte, parfois embarrassante, et la comparaison avec l’épisode précédent. Pourtant, cela ne doit pas entacher ses indéniables qualités, que sont un excellent scénario, une narration originale et intéressante ou encore un gameplay de qualité. Il n’est certes pas parfait et ne peut prétendre au titre de meilleur épisode de la série. Mais il n’en demeure pas moins un très bon soft, avec une excellente durée de vie, recommandable pour tout fan de la saga comme pour tout amateur de J-RPG. On aurait juste aimé avoir pu en profiter à l’époque de sa sortie…

Note de la rédaction

16
17.2

L'avis des lecteurs (13)

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