Au-delà de Broken Age, Tim Schafer et son studio Double Fine s'attellent également à des remises à niveau des plus grands titres Lucas Arts. Après le léger ravalement de façade de l'excellent Grim Fandango, c'est aujourd'hui au tour de Day of the Tentacle de se refaire une beauté. D'autant que le jeu a maintenant près de 25 ans et qu'il a, il faut quand même le dire, pris un petit coup de vieux. Mais seulement, la qualité du remaster est-elle suffisante pour combler un quart de siècle ?
Totalement à l'instar du remaster de Grim Fandango, Double Fine s'est uniquement occupé à une mise à niveau graphique et ergonomique pour leur titre. Le studio préfère en effet laisser intact les dialogues et l'histoire, qui constituaient déjà les plus gros points forts du jeu à sa sortie. Nous voilà donc encore une fois aux commandes de Laverne, Hoagie et Bernard, toujours apte à mettre le bazar dans l'espace-temps. Après une expérience visant à empécher l'invasion de tentacules violettes, nos amis se retrouvent bloqués dans trois époques différentes : l'un est envoyé au temps de Georges Washington, un autre est bien tranquillement resté au présent, et le dernier se retrouve lui propulsé dans le futur. Mais ces époques font partie du même continuum, aussi une action bénigne dans le passé peut grandement intervertir sur le futur.
Qualité certifiée
Vu que les développeurs conservent dans leur état d'origine les dialogues et l'écriture globale du jeu, celui-ci en conserve donc les éminentes qualités. Le jeu est premièrement très drôle et garde l'humour typique des Lucas Arts, que ce soit à travers les répliques hautement stupides des protagonistes ou même du scénario en lui-même. C'est totalement à l'avenant en ce qui concerne les énigmes, puisque les voyages dans le temps sont toujours aussi utiles et astucieux pour faire avancer l'histoire. En parlant des énigmes, elles conservent leurs aspects torturés et demandent, chose très novatrice pour l'époque et même encore aujourd'hui, de prendre en compte quelques notions quantiques : le vieillissement des objets, l'effet papillon... Pour un peu plus de détail, il serait sans doute préférable de s'en référer au test de base du jeu, beaucoup plus détaillé sur l'aspect écriture. Le test de ce remastered se cantonne seulement, et comme son nom l'indique, à la qualité intrinsèque de la refonte graphique et ergonomique.
Enfin de la vraie refonte visuelle !
Alors que le remaster de Grim Fandango pouvait essuyer quelques écueils quant à la prodonfeur de sa mise à niveau graphique, ce ne sera sûrement pas le cas pour Day of the Tentacle. Celui-ci étant plus agé, il demandait forcément un travail un peu plus conséquent, et l'on peut dire que Double Fine n'a pas chômé : les textures ont toutes été largement retravaillées, le pixel étant bien plus fin et plus agréable à l'œil. Il est dorénavant du niveau d'un Deponia, saga tout de même tout à fait reconnue pour la beauté de ses visuels. D'autant que le jeu propose lui aussi des graphismes cartoonesques, style ayant tendance à mieux vieillir que les autres. Mais les développeurs n'ont pas seulement planché sur cela, ils ont également retravaillé l'interface afin de proposer la classique roue d'interactions chère au point'n'click moderne. Exit le complexe tableau de verbes à l'ergonomie douteuse, nous voilà au XXIème siècle. Le seul petit défaut que l'on pourrait lui imputer, mais qui touche aussi une saga aussi moderne que Deponia, c'est que les animations sont parfois un peu bruts et bizzarements retranscrites à l'image.
Cela avait été beaucoup plébiscité dans la version originale, et a donc été gardé pour ce remaster, mais il est possible de s'adonner à un autre jeu de l'éditeur au sein-même de Day of the Tentacle. Une sorte de très appréciable mise en abime, puisque de l'ordinateur du Docteur Fred il est possible de rejouer à Maniac Mansion (déjà une histoire de tentacule). Mais attention, pas une simple démo, l'intégralité du jeu. Petite note ceci dit, Maniac Mansion est lui resté dans son jus et n'a bénéficié en aucun cas du même traitement prestigieux que son petit frère.
Dernier petit point avant de clore le test, la bande son. Celle-ci semble être d'une qualité très similaire avec celle du jeu originale : seuls les bruitages semblent avoir été retravaillés pour paraître moins cheap et se mettre au niveau du reste. Les voix sont identiques par contre, mais n'ont rien perdu de leurs charmes et de leurs extravagances. Le tout s'accordant dans une grande justesse avec les splendides graphismes cartoonesques. Si à sa sortie, Day of the Tentacle était un jeu excellent, ce remaster gomme très proprement toutes les errances pour le transformer en un jeu parfait : l'adjectif parait certes hyperbolique, mais il n'en est rien. Par ailleurs, et pour bien mettre en exergue la quantité de travail abattu, il est possible de switcher de l'ancienne à la nouvelle version par un seul bouton (toujours à la manière de Grim Fandango), tout en profitant des commentaires de l'équipe technique ainsi que d'une ribambelle de détails en tous genres sur la production. Un véritable Saint-Graal pour les amoureux du titre. Que dire de plus...
Points forts
- Des modifications graphiques et ergonomiques d'une très grande qualité
- Un jeu de base excellent : que ce soit au niveau du scénario, des dialogues et des énigmes
- La petite blague permettant de jouer à Maniac Mansion qui, mine de rien, est lui aussi un très bon jeu
- Un jeu vieux de 25 ans n'aura jamais été aussi resplendissant
- Le contenu des développeurs est fort intéressant pour en apprendre plus sur la production
- Un sound design fidèle à lui-même
Points faibles
A la base d'un jeu parfait avec des défauts, Double Fine l'a transformé en un jeu parfait exempt de griefs. Un humour inchangé, un visuel transcendé et une intelligence encore rare dans les productions actuelles : voilà l'excellente recette qui a permis au studio de nous fournir sa savante copie. Pour faire court, si vous êtes fan des jeux d'aventures et assez coutumier du style point'n'click : faites ce jeu.