Sur un terrain de chasse gardé par Telltale Games, certains développeurs essayent quand même de s'octroyer une part du gâteau. Le studio A Croads of Monsters entend donc lui aussi nous fournir sa narration interactive, qui plus est sous format épisodique. Nous voilà replongé(e)s dans l'Amérique des années 1960, où règnent malfrats et tueurs...
Étant donné que le jeu fonctionne sur le principe de la narration épisodique, les développeurs entendent bien complexifier l'histoire de leur jeu au fil des épisodes. Ainsi, la note et les diverses réflexions que soulèvent ce test sont susceptibles d'évoluer à mesure que l'enquête progressera. Espérons-le, en tous cas, car ce premier épisode est loin d'être totalement convaincant.
Une ébauche prometteuse...
Premier bon point quant à ce Blues and Bullets : son pitch est diablement intéressant, notamment car il utilise pour son intrigue des personnages ayant réellement existé. Déjà, il intègre à son casting (même si c'est un personnage ultra-secondaire), le très célèbre Al Capone. Le jeu commence 20 ans après l'arrestation de celui-ci et vous met au commande de son antagoniste principal : Eliot Ness. Pour contextualiser, il faut savoir qu'Eliot Ness était un agent du Trésor Public américain qui mena une guerre sans merci à Al Capone face à la volonté de celui-ci de faire régner la prohibition sur la ville de Chicago. C'est à partir de tout ceci que l'intrigue se construit. Cela fait donc 20 ans qu'Eliot Ness s'est retiré de la vie publique et mène une existence on ne peut plus paisible.
Seulement, les agents américains, comme les personnes influentes, connaissant son perspicace talent dans la résolution d'enquête coriace, ils font appel à lui alors qu'une affaire les tient péniblement en échec. À vous donc de reprendre le flambeau pour mener à bien votre réflexion sur ce kidnapping d'enfants à l'aspect très gore. En effet, s'il y a un point à noter sur cette enquête, c'est qu'elle est bien, bien trash. Là encore, l'influence de Telltale Games est palpable. De celui-ci, il conserve d'ailleurs des fonctionnements très similaires. Le plus impactant est sans doute celui des dialogues, puisqu'a la manière de The Walking Dead, vous aurez toujours différents choix de réponses. Techniquement, cela est censé influer sur la direction que prend la narration, mais dans les faits ce n'est pas vraiment le cas, et même si l'histoire est globalement bien écrite, ne comptez pas trop lui imposer vos choix. Elle suit son petit bonhomme de chemin et vous n'impacterez hélas qu'à de très rares instant, sachant que les modifications sont minimes.
... mais une confirmation attendue
Mais comme son illustre inspiration, le jeu propose également une grande diversité de gameplay différents : phases d'enquêtes, de déductions, de dialogues et gunfights assistés.Malheureusement, c'est là que commencent les éceuils. Car il est certes notable d'insuffler de la pluralité dans son gamesystem, seulement faudrait-il bien le faire : actuellement, nous pouvons faire beaucoup de choses dans le jeu, mais toutes sont largement imparfaites. N'aurait-il pas été plus judicieux de se concentrer sur un seul gameplay, en le peaufinant plus profondément, que de mal faire en voulant trop faire ? D'autant que la technique n'est pas du tout là pour réhausser l'ensemble, bien au contraire : malgré le choix d'un noir et blanc charismatique, relevé seulement par la teinte rouge, le jeu est quand même très en deçà pour tourner sur Xbox One. Et le PC n'est guère mieux servi.
Les déplacements sont vraiment ridicules et la manipulation et modélisation des objets fait terriblement peine à voir, nous ramenant un paquet d'années en arrière. Là où Telltale Games dispose d'un certain budget (même si il a lui aussi pas mal d'érrances niveau technique), A Croads of Monsters n'en a pas forcément autant. Seulement, on ne joue pas dans la cour des grands sans un minimum de savoir-faire. Le seul aspect où Blues and Bullets surpasse ses influences, c'est dans la durée de vie qu'il propose, qui s'étale quand même sur deux bonnes heures et demie pour un premier épisode. Espérons donc que ce premier acte n'était que l'occasion de se perfectionner et d'assoir son ambiance, avant que le grand spectale ne commence. À voir sur la durée.
Points forts
- Un pitch vraiment intéressant
- Gore à souhait
- Un choix de design charismatique et porteur de sens
- Bien écrit
- Durée de vie correcte en comparaison des ténors du genre
Points faibles
- Un gameplay qui demande encore pas mal de rodage
- La technique indigne d'une Xbox One (PC également)
- Des déplacements et des animations archaiques
- Les dialogues n'ont pas d'influences
A vouloir trop imiter Telltale Games sans pourtant en avoir les moyens, A Croads of Monsters essui pas mal d'éceuils. Mais il est indéniable qu'avec une meilleure finition, leur jeu a toutes les chances de satisfaire son public. Il se targue pour cela d'une très bonne histoire (référencée qui plus est), et d'un visuel, qui au-delà l'aspect technique, est très prometteur. Gardons en effet en tête que ce premier épisode est une ébauche pour le studio.