L'entomophobie, par définition, désigne la peur des insectes. Araignées, fourmis, moustiques... toutes ces créatures rampantes peuvent provoquer, chez certaines personnes, des réactions soudaines entraînant sudation, vertiges et malaises. Autant dire qu'une série comme Earth Defense Force, à moins de servir de thérapie, n'est absolument pas faite pour les individus souffrant de cette phobie. Imaginez la ville de Tokyo envahie par des bestioles géantes et vous aurez un léger aperçu de ce qui vous attend. Même avec une escouade constituée des meilleurs spécialistes, cela fait un drôle d'effet lorsqu'on se retrouve face à une fourmi qui crapahute joyeusement sur un immeuble de plusieurs étages. Cette fois, c'est sûr, la bombe anti-moustiques ne suffira pas !
Si le jeu vous donne l'impression de déjà-vu, c'est normal. Earth Defense Force 4.1 Shadow of New Despair n'est autre qu'une version revisitée de l'épisode 2025 paru en février 2014. Les développeurs ont intégré quelques nouveautés et la réalisation a été revue à la hausse, mais il ne faut pas s'attendre à un titre inédit. C'est une resucée de la mouture précédente et la mise à jour est sans doute trop légère pour que les possesseurs de l'ancienne édition lâchent leurs billets. En revanche, pour les fans absolus de la licence et les curieux, la donne n'est pas la même...
L'ASSAUT DU "RAID"
Earth Defense Force 4.1 reste fidèle aux principes de la saga. En 2025, des nuées d'insectes extra-terrestres sèment la pagaille sur Terre et rien ne semble en mesure d'arrêter ces monstres venus d'ailleurs. Dans les capitales du monde entier, tout n'est que ruine et désolation. Les habitants fuient et tentent de survivre par tous les moyens mais le combat, déséquilibré à l'extrême, finit toujours par tourner du mauvais côté. Pour anéantir les envahisseurs (ne cherchez pas de scénario plus poussé, c'est de la bonne grosse série Z qui tâche), les gouvernements n'ont pas d'autre choix que de faire appel à une unité d'élite appelée la Earth Defense Force. Cette entité spécialisée regroupe 4 factions surentraînées. Parmi celles-ci, le Ranger est celui qui se rapproche du soldat standard. Il se déplace rapidement, peut piloter les véhicules et maîtrise un grand nombre d'armes. Fusil d'assaut, sniper, lance-missiles... rien ne lui fait peur ! Dans un registre différent, le Wing Diver s'apparente à une combinaison permettant de s'élever dans les airs, tout en profitant d'une agilité hors-normes. L'Air Rider est, quant à lui, spécialisé dans les frappes chirurgicales et a plus un rôle de soutien. Pour terminer, le Fencer est la brute épaisse, lourde mais à la puissance de feu démentielle. Autant dire que tout ce petit monde peut faire de gros dégâts, surtout quand on sait que toutes les armes sont évolutives.
SUPER, T'I MORT !
Inutile de chercher de la finesse dans le titre de D3 Publisher. Earth Defense Force 4.1 est un concentré de fun qui invite à dézinguer des hordes d'insectes belliqueux. Le joueur est libre de se déplacer où bon lui semble et la sensation de liberté, caractérisée par des environnements ouverts, est réelle. Que ce soit au sol ou dans les airs, on prend un pied monstre à dégommer ces créatures peu avenantes. Il faut tout de même se méfier et éviter de foncer dans le tas. Les araignées n'hésitent pas à tisser leurs toiles au sein de la ville - un vrai fléau pour les Wing Divers - et elles peuvent projeter leurs pièges de soie pour vous attraper, puis ensuite vous dévorer. Ceux qui se rappellent du grappin de Scorpion dans Mortal Kombat comprendront. Simple d'accès et plutôt jouable (si l'on excepte les véhicules qui ont vraiment des réactions bizarres), Earth Defense Force 4.1 propose un contenu vraiment balèze : près de 90 missions, des centaines d'armes (ou variations d'armes) à débloquer et plusieurs décors, allant d'un cadre champêtre à la ville en passant par des souterrains à faire fuir n'importe quel claustrophobe (surtout quand on est coursé par des fourmis complètement allumées). Il y a donc de quoi s'amuser, mais il est évident que le fun est décuplé dans les modes multijoueur. Non pas que le solo soit mauvais, mais plus on est de fous, moins y a de fourmis !
BAYGON GRANDEUR NATURE
Seul face à des hordes d'insectes (qui sont parfois des robots ultra résistants et souvent gigantesques), ce n'est pas de la tarte ! Dans ces conditions, c'est un vrai régal de pouvoir compter sur l'appui d'un pote, d'une copine ou d'un membre de sa famille. Earth Defense Force 4.1 propose, en plus des missions en ligne, un mode en écran splitté. Cette option, beaucoup trop rare dans les jeux d'aujourd'hui, est un délice ! En matière de convivialité, il n'y a rien de tel ! Contourner les ennemis pendant que son partenaire sert de chair à canon, ça a un petit côté viscéral franchement amusant. Les amoureux des joutes en ligne, quant à eux, pourront s'adonner à une quantité astronomique de missions online (près d'une centaine) pour gagner toujours plus d'expérience et de puissance de feu. Et vu la résistance de certains ennemis, ce n'est pas du luxe ! Durant les affrontements sur la toile, il est possible de relever un coéquipier tombé au combat et l'aspect stratégique, plus poussé que dans le mode solo, est un vrai plus. Face à un tel jeu, les aficionados des kaïju (vous savez, les grosses bébêtes japonaises) font se faire plaisir et ils ont bien raison !
INSECTICIDE
Il n'y a pas de doute, on s'éclate vraiment avec ce titre. Le problème, et c'est là qu'on comprend mieux le 4.1 (au Japon, EDF 2025 s'appelle Earth Defense Force 4) c'est que la PlayStation 4 n'est absolument pas exploitée. À ce niveau, c'est comme si les graphistes s'étaient mangés un jet d'aérosol tue-mouches dans la face ! Même si les textures ont été améliorées, nous ne sommes clairement pas en présence d'un jeu digne de 2016. Il y a, au bas mot, plusieurs années de retard. L'aliasing (marches d'escalier sur les éléments du décor) est omniprésent, on note un léger clipping (ou popping) et la physique des objets est plus que particulière. Il suffit de voir un immeuble s'écrouler pour s'en rendre compte. Face à la concurrence, le jeu de D3 Publisher fait pâle figure, malgré les réajustements graphiques - plus de monde dans les rues, textures affinées - réalisés à droite et gauche. En soit, le jeu n'est pas horrible (c'est plus net et détaillé que le 2025) mais un effort supplémentaire n'aurait pas été négligeable. Du côté de l'animation, l'apport de la nouvelle génération est indéniable : il y a moins de ralentissements par rapport à l'original, même si la fluidité joue encore au yoyo régulièrement. Vous l'aurez compris, sur le plan technique, ce Earth Defense Force est un peu à la ramasse. Heureusement, l'immersion n'est pas altérée.
INVASION SPECTACULAIRE
De temps à autre, il est important de décompresser et de se lâcher dans un jeu qui n'est rien d'autre qu'un défouloir. Néanmoins, et c'est l'une des qualités certaines de Earth Defense Force 4.1, il faut absolument s'essayer au mode de difficulté le plus élevé. Le challenge est vraiment au rendez-vous et les combats en ligne deviennent alors jouissifs. Résister aux vagues ennemies peut devenir un calvaire si l'équipe n'est pas coordonnée et c'est pourquoi la réussite de certaines missions est un grand moment de gratification. Bien que destiné à un public de niche, ce portage PS4 saura ravir toutes celles et ceux qui aiment les expériences un peu décalées. Un gros coup de polish pour la prochaine itération et ça sera parfait !
Bande-annonce de Earth Defense Force 4.1
Points forts
- Des kilos de fun
- Un bac-à-sable à la japonaise
- Le multi à 4
- Le mode en écran splitté
- Excellente durée de vie
- La classe Wing Diver
Points faibles
- Visuellement très daté
- Des bugs et une animation instable
- Pas assez d'environnements
- Intérêt des classes inégal
- Le moteur physique... étrange
- Mouvements un peu raides
- Véhicules quasi incontrôlables
Même s'il n'est réservé qu'à une frange restreinte de joueurs, Earth Defense Force 4.1 est un bon défouloir. On aurait aimé que les développeurs se penchent sur un épisode inédit, mais le résultat de cette mouture PS4 n'est pas désagréable. Très fun à parcourir, surtout à plusieurs, le jeu se montre complètement délirant par moments (combattre un kaïju à l'aide d'un robot, faire face à une armée d'androÏdes géants...) et propose une durée de vie assez gigantesque. Dommage que l'enrobage ne soit vraiment pas à la hauteur des capacités de la console de Sony. Mais ce n'est pas tous les jours qu'on fait face à des insectes géantes ou des vaisseaux spatiaux qu'on croirait sortis tout droit d'Independence Day. Et rien pour ça, l'expérience vaut la peine d'être vécue, à condition que vous soyez prêts à faire quelques concessions.