Après un premier épisode on ne peut plus cryptique, Cardboard Computer nous offre la deuxième partie de son aventure. Celle-ci conserve en conséquence les mêmes attraits que son aînée : une atmosphère planante magnifiant cette amérique rurale au possible, une volonté de donner ses lettres de noblesses à la contemplation et surtout une narration nébuleuse déterminée par les choix du joueur.
Malgré l'aspect rebutant du premier épisode, Kentucky Route Zero avait tout de même connu un petit succès partagé à la fois des joueurs et de la critique, charmés par le déroulement atypique du jeu qui n'avançait qu'au fur et à mesure de vos pérégrinations et balades dans son univers. Malgré sa forme point'n click, il s'éloignait bien vite de ce carcan pour au final porter son attention sur la force des dialogues, sa capacité à mettre sur pied un univers riche sans pour autant exploiter une débauche d'artifices inutiles.
Toujours aussi mystérieuse cette Route Zero
Alors que le premier acte vous conviait à la recherche de cette introuvable Route Zero, l'acte II lui perd son aspect recherche au profit d'un onirisme hallucinant. Conrad à donc retrouvé le droit chemin pour livrer ses antiquités, seulement la route n'est pas si simple à parcourir que cela, et ses caprices vont vous emmener bien plus loin que ce misérable bout de sentier. Ainsi, notre ami, accompagné par la charmante Shannon, va s'enfoncer peu à peu dans le Kentucky à travers de nouveaux paysages, toujours aussi biscornus et bizarres, à même à la contemplation. Par ailleurs, et même si les images en temoignent tout naturellement, le jeu conserve son éminente splendeur : Les décors sont échancrés, anguleux et très esthétiques. Le soft est d'autant plus très varié dans ses visuels, et s'autorise même quelques fantaisies qui dans la réalité feraient montre d'une incohérence totale, mais qui ici s'inscrivent parfaitement dans l'onirisme ambiant. Car concrètement, jouer à Kentucky Route Zero revient à se plonger corps et âme dans un rêve dont il faut accepter toutes les bizzareries pour pleinement profiter de l'expérience.
Pour ce deuxième acte, le jeu maintient également ses techniques de narration : c'est-à-dire qu'il fait absolument tout passer par les dialogues. Vous voulez faire avancer le jeu ? Et bien parlez. Engagez des conversations avec tous les PNJ qui passent dans votre champ de vision : cela ne fera que rendre plus riche l'expérience proposée, mais surtout vous permettra de profiter de la force majeure du titre qu'est le dialogue. La moindre petite discussion profite d'une écriture au poil même si contrairement au premier épisode, ce deuxième acte laisse une place encore plus importante au cryptique ; et ce d'autant que c'est le joueur qui aiguille en grande partie la conversation à travers la multitude de réponses qu'il peut y apporter. Déciderez-vous donc de rentrer dans la discussion avec comme seule optique d'obtenir l'information recherchée ? Ou bien vous laisserez-vous emporter au fil des nébuleuses répliques de votre interlocuteur ? Les deux sont totalement viables, mais l'une vous fera voir la fin du jeu en à peu près une heure, alors que l'autre poussera plutôt vers une heure et demie. Dans tous les cas, la durée de vie se révèle un peu plus faible que l'acte précèdent, alors que celui-ci n'était déjà pas bien long. C'est dommage, mais cela n'entache pourtant pas le désir de découvrir la troisième partie de l'aventure.
Points forts
- Visuellement toujours aussi réussi
- Une intrigue nébuleuse dont les ramifications ne cessent de surprendre
- Des dialogues riches et plaisants
Points faibles
- Toujours aussi court, voire plus court que l'épisode précèdent
- Si vous n'avez pas adhéré au premier, ce second acte va vous rebuter encore plus
Cardboard Computer nous livre avec ce second acte une suite à la hauteur du premier. Pour cela, il en conserve toutes les qualités puis les transpose ingénieusement dans une intrigue plus poussée et plus intéressante, toujours enveloppée de cet onirisme sous-jacent. Seulement, le titre se révèle vraiment très court, plus encore que l'acte 1 qui ne constituait déjà pas une itération très longue. Ne reste plus qu'à découvrir la troisième partie de ce nébuleux et énigmatique puzzle, en espérant que celle-ci proposera peut-être une durée de vie un peu plus consistante.