En 1991 naissait sur Gameboy l’une des séries d’Action RPG les plus emblématiques qui soit et ce, presque dans l’indifférence générale. Créé à la base comme un spin off de Final Fantasy, Mystic Quest a cependant posé avec brio les bases de la série des Manas qui explosera quelques années plus tard avec son épisode Super Nintendo : Secret of Mana. Quelques 25 ans plus tard, et après un premier remake en 2003 sous le nom de Sword of Mana, Square Enix a décidé de redonner à ce titre ses lettres de noblesse grâce à une version remise au goût du jour. Au programme, graphismes revus et corrigés, nouvelle interface et surtout, une version mobile afin de faire découvrir ce chef d’œuvre oublié au plus grand nombre. Voici donc sans plus attendre notre critique d’Adventures of Mana.
Adventures of Mana, comme son illustre ancêtre, débute donc de la plus efficace des manières : en lâchant le joueur dans un combat de boss. En tant que gladiateur esclave soumis au bon vouloir du Dark Lord, notre héros doit accomplir cette sale besogne jour après jour, sans espoir de libération. Du moins, jusqu’à ce que l’un de ses compagnons d’infortune lui fasse part des noirs desseins du Dark Lord (en gros, répandre le mal sur le monde en prenant le contrôle de l’arbre Mana), l'incitant à s’échapper pour aller trouver Bogard, l’un des chevaliers Gemma de la légende. Bien évidemment, tout cela ne se déroulera pas comme prévu, et notre héros se fera bien vite rattraper par le Dark Lord qui le laissera pour mort, signant ainsi le début d’une grande aventure qui mènera au sauvetage du monde après moult rencontres et péripéties en tout genre. Si ce scénario demeure assez simple (pour ne pas dire simpliste), il a le mérite d’être diablement efficace. La progression demeure assez linéaire dans l’ensemble, et ne s’éparpille jamais dans des quêtes secondaires, une configuration très classique lorsque l’on parle de RPG du début des années 90 (surtout sur Gameboy). Néanmoins, cette histoire reste très plaisante à suivre, et conserve cette aura magique et bon enfant qui faisait le charme de l’épisode original.
Un gameplay très sympa, mais parfois un poil daté
A l’époque, Mystic Quest a souvent été comparé à The Legend of Zelda : Link's Awakening. Il faut dire que les deux titres possèdent énormément de points communs. Outre un bon vieux système d’écrans successifs que l’on traverse pour explorer le monde, l’utilisation des objets, l’attaque, et plus globalement le système de déplacement sont très similaires. Adventures of Mana reprend d’ailleurs tel quel le système développé à l’époque pour le transposer sur un plan tactile. Un joystick virtuel permettra de diriger le personnage, tandis que deux boutons d’actions permettront pour l’un d’attaquer avec l’arme de base, et pour l’autre, d’utiliser la magie ou les objets annexes (pioche pour creuser, clefs pour ouvrir des portes, bonbons pour se soigner, etc). Un système qui fonctionne plutôt bien, mais qui n’est pas exempt de défauts lorsque l’on doit se battre, le joystick ne gérant que quatre directions. Un problème qui peut cependant être résolu par l’utilisation d’une manette MFI, ce qui est bon à savoir. Si ce gameplay n’a pas fondamentalement changé, Square Enix a quand même pris le temps d’y apporter quelques modernisations bienvenues, la principale consistant en l’ajout de trois slots de favoris. Il sera possible d’y mettre trois objets ou armes afin de switcher rapidement avec les touches d’action, évitant ainsi de nombreux allers-retours dans les menus. Et dans le jeu original, ces derniers étaient légions, surtout lorsque l’on devait s’aventurer dans un donjon. Un ajout très sympathique, et fort utile donc, qui fluidifie l'expérience sans le dénaturer.
Pour le reste, Adventures of Mana ne change absolument pas le gameplay établi par Mystic Quest. Comme dans l’original, il s’agira essentiellement de parcourir le monde en traversant une succession de villes et donjons, en faisant progresser l’histoire. En bon Action RPG qui se respecte, Adventures of Mana offre des donjons assez simples qui offrent une alternance de combats, des récompenses et des énigmes à résoudre jusqu’à déboucher sur un combat de boss. Très old school dans sa conception, années 90's oblige, le jeu s’avère par moment très déstabilisant dans la mesure où il communique très peu avec le joueur, et ne donne donc presque jamais d’indice sur la marche à suivre en dehors de quelques lignes de dialogue avec un PNJ. Terminer un donjon demandera donc bien souvent pas mal d’observation afin de découvrir les passages secrets, et divers allers-retours chez les marchands dans le cas où l’on n’a pas fait une bonne provision de clefs ou de pioches. Le charme de l’ancien, sans aucun doute. Cet aspect old school n’est cependant pas exempt de défauts, surtout lorsque l’on touche au combat. Pour commencer, ces derniers manquent sérieusement de retours visuels, tant et si bien que l’on ne sait jamais vraiment si l’on a frappé ou non son opposant. De plus les ennemis disposent de quelques libertés très ennuyeuses, la plus grande étant leur capacité à traverser les éléments du décor à l’improviste pour frapper. Notons enfin cette fâcheuse habitude des monstres à apparaître directement sur le personnage à chaque transition d’écran, et l’on obtient un paysage quelque peu ennuyeux, hérité des mécaniques et contraintes de l’époque.
Si côté gameplay, on se retrouve face à une copie presque conforme de l’original, sur le plan visuel, c’est une toute autre affaire. Adventures of Mana, et c’est sans doute là son plus grand atout, a bénéficié d’un sérieux travail de remise à niveau graphique. A l’image des remakes de Final Fantasy ou Dragon Quest sortis sur Nintendo DS et Nintendo 3DS, Mystic Quest, Adventures of Mana nous arrive complétement transfiguré. Là où l’original se paraît de graphismes monochromes (et néanmoins charmants) de la Gameboy, le remake nous offre des visuels 3D de toute beauté. Chaque monstre ou personnage a ainsi été modélisé et intégré dans des décors ayant subis le même traitement, de manière à obtenir un rendu moderne, harmonieux et surtout bluffant. En conservant la caméra d'antan, le studio a permis au jeu de conserver cette aura old school qui lui sied si bien. De plus, le passage à la couleur s’avère des plus réussi, et la palette choisie, relativement vive, se marie à merveille avec le côté féérique qui transpire tout au long du jeu. Autre point positif, les musiques originales ont elles aussi subi un petite lifting bienvenu, qui permet d’apprécier à leur juste valeur les compositions de Kenji Ito.
Extrait de gameplay d'Adventures of Mana
- Test réalisé sur un iPhone 6
Points forts
- Refonte graphique aux petits oignons
- Changements intelligents mlais sporadiques du gameplay
- Respect du jeu de base
- Partie technique impeccable
Points faibles
- Contrôles parfois un peu pénibles lors des combats
- Manque de retour durant les combats
- Pas de langue française
Adventures of Mana, comme son original, est un bon jeu. Un très bon jeu même, en dépit de ses défauts. Il faut dire que jouer, en 2016, à un titre créé en 1991 n’est pas sans poser quelques problèmes compte tenu des évolutions qui ont eu lieu sur les 25 dernières années. Certes le système de combat est un peu rigide. Certes, l’histoire est linéaire. Néanmoins, cela ne rend pas Adventures of Mana moins bon. L’histoire qu’il raconte demeure toujours aussi prenante, et son gameplay, bien qu’imparfait, demeure bien calibré, simple à maîtriser, et au final très sympathique. Et que dire du plaisir, après toutes ses années, de replonger dans l’un des titres majeurs de la Gameboy, pionnier d’une série qui a marqué de son empreinte l’histoire du jeu vidéo. Square Enix oblige, la politique tarifaire pourra en rebuter plus d’un, et à raison sans doute, car il est toujours difficile de débourser 13.99€ dans un jeu mobile. Reste que, au vu du travail effectué ici (on ne parle pas d’une énième version de Final Fantasy VII déjà rentabilisé mille fois), le jeu en vaut la chandelle. Pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, n’hésitez pas, et foncez jouer à Adventures of Mana.