L'univers post-apocalyptique fascine souvent les joueurs par son ambiance ou ses personnages bien à part. Ubisoft nous en livre sa propre version avec Sandstorm: Pirate Wars, un free to play disponible sur iOS et Android qui n'est pas sans rappeler les courses-poursuites de Mad Max, mais avec une différence de taille. Le jeu vous place en effet aux commandes d’un Sandcruiser, un vaisseau qu’il faudra équiper de diverses armes et protections afin d’arpenter les terres les plus hostiles. Le gameplay s’articule ensuite autour d'un principe très simple : deux vaisseaux lancés à toute vitesse s’affrontent dans un court duel et le plus fort l’emporte. Avec un mode histoire qui propose des quêtes scénarisées et un multijoueur qui se contente d’opposer deux joueurs le temps d’un combat, il ne reste plus qu'à déterminer si ces paysages dévastés valent la peine d'être explorés.
Suite à l'apocalyspe, tous les coups sont permis
Pour espérer l’emporter, il faut avant tout personnaliser son vaisseau afin qu’il soit le plus puissant et surtout le plus polyvalent possible. Le dessus du Sandcruiser peut accueillir des armes et il est possible de choisir parmi une mitrailleuse, un lance-roquettes, un canon laser ou encore un canon capable de tirer de lourds obus. Chaque système d’attaque dispose de caractéristiques propres et il faut diversifier l’armement afin d’être efficace face à tous les types d’ennemis. Le bas du vaisseau est quant à lui équipé d’objets de défense qui permettent par exemple d’envoyer des leurres pour dévier des roquettes ou d’activer des boucliers qui réduisent considérablement les dégâts provoqués par les tirs d’un canon laser. Si au départ l’équipement du vaisseau est plutôt faiblard, il est rapidement possible de l’améliorer pour augmenter le nombre d’armes ou de protections à installer. Enfin, les objets inutilisés peuvent être démontés afin de récupérer des pièces qui serviront à augmenter la puissance de l’équipement que l’on utilise le plus, ce qui peut réellement faire la différence lors d’un duel avec un ennemi de même niveau.
Tous ces équipements reposent sur un système d’énergie efficace qui impose un temps de rechargement plus ou moins long selon la puissance de l’arme avant qu’elle soit de nouveau utilisable. Selon le comportement de l'ennemi et l'équipement de son vaisseau, la stratégie peut amener à privilégier l'utilisation de l'arme la plus puissante, quitte à encaisser les coups en attendant qu'elle se recharge. Il faudra malheureusement se contenter de la gestion des systèmes d’attaque et de défense puisque le vaisseau avance seul et qu'il n’est pas possible de le piloter, exception faite d’un bouton apparaissant de temps à autre pour percuter l’ennemi afin de lui infliger des dégâts.
En multijoueur, il faut adopter la meilleure stratégie par rapport à la façon de jouer de l’adversaire : il faut parfois prendre le temps de recharger son bouclier ou inversement il peut être préférable de tout miser sur l’attaque pour détruire l’ennemi le plus rapidement possible, surtout s’il possède des armes puissantes. Chaque combat est incertain, ce qui permet d’apporter un peu de diversité dans un jeu globalement répétitif. En effet, un affrontement dure en moyenne moins de trente secondes, ce qui implique d’enchainer un grand nombre de parties sur la base d’un gameplay très simpliste qui donne finalement un effet de déjà-vu. L’histoire n’est pas non plus épargnée puisque si les quêtes proposent des objectifs variés comme transporter un colis ou protéger une personne, rien ne change concrètement entre les deux une fois en route : il suffit d’observer son vaisseau avancer et de passer à l’attaque une fois qu’un adversaire se présente et ce deux ou trois fois par trajet. De la même manière, si l’on croise un vaisseau abandonné ou des ruines, il est possible de s’y arrêter avec comme seul risque de voir apparaitre un énième ennemi qu’il faudra éliminer. Aucun dynamisme n'est finalement apporté par ces évènements aléatoires.
Un voyage désolant à travers des terres désolées
Sandstrom: Pirate Wars présente l’avantage et l’inconvénient de lier le solo et le multijoueur avec un seul et même vaisseau. Généralement, enchainer les quêtes du mode histoire permet d’obtenir de grandes quantités de boulons, l’une des monnaies du jeu, afin d’avoir un Sandcruiser suffisamment costaud pour ne pas être trop souvent envoyé au tapis en multijoueur, jusqu'ici tout va bien. C’est l’inverse qui pose problème puisque si l’on joue trop en multijoueur, les butins récoltés à chaque partie permettent également d’améliorer considérablement le vaisseau : le solo devient une promenade de santé sans intérêt et aller d’un point à un autre en éliminant les ennemis en moins de trois tirs est très vite lassant. Plus énervant encore, il arrive que l’adversaire n’utilise aucune arme et se contente de recharger inlassablement ses boucliers. On se contente alors d’observer les paysages qui défilent, non sans une certaine amertume, en attendant d’infliger suffisamment de dégâts à l’ennemi pour mettre fin à ce moment interminable.
La question des décors est justement assez délicate tant ils semblent avoir été bâclés. Seuls les vaisseaux ont fait l’objet d’une réalisation correcte, mais il faut tout de même noter la présence de textures un peu floues. En ce qui concerne les paysages, le tout est globalement très brouillon alors qu’il n’existe que quelques zones différentes. Soyons honnêtes, les immeubles détruits en arrière-plan, les bateaux échoués et même les dunes de sable sont ratés. Quant aux tempêtes de sable, elles ne font qu’assombrir très légèrement l’écran alors qu’elles apportent un réel intérêt pour le gameplay en brouillant certains systèmes. En somme, l’immersion voulue dans un univers post-apocalyptique n’y est pas.
Quand le matchmaking déraille
Le jeu se veut compétitif en proposant aux joueurs un classement mondial ou local selon les pays ainsi que leur progression. À cela il faut ajouter un fonctionnement par saisons qui durent en général quelques jours et des ligues qui permettent d’obtenir plus ou moins de boulons à l’issue d’une bataille. Pour passer d'une ligue à une autre, il faut acquérir un certain nombre de médailles au cours des combats. Des missions journalières permettent également d’obtenir des récompenses une fois accomplies. Le titre rassemble donc un grand nombre d'éléments pour donner une véritable importance au multijoueur et inciter à combattre régulièrement pour ne pas descendre dans le classement. Les joueurs sont d'ailleurs au rendez-vous et il est possible de trouver une partie en quelques secondes, plutôt rassurant au vu des combats qui sont très courts.
Malheureusement, le système de matchmaking est très loin d’être au point. Comme évoqué plus haut, il est possible d’améliorer son vaisseau avec de nouvelles armes que l’on récupère au cours des parties et les plus puissantes d’entre elles nécessitent d’avoir atteint un certain niveau pour être installées. Le problème étant que l’on se retrouve rarement face à une personne du même niveau que soi. Lorsque l’on tombe face à un ennemi avec un niveau supérieur, le jeu est très frustrant et il n’y a pas la moindre chance de renverser la situation : meilleures armes et meilleurs systèmes de défense font que le joueur adverse ne subit quasiment aucun dégât et se paye le luxe de détruire notre vaisseau en seulement quelques tirs. Inversement, lorsque l’on tombe contre un joueur avec un niveau inférieur, on est en position de force et la partie se termine tout aussi rapidement. Encore plus lorsque l’ennemi abandonne après quelques secondes de jeu en voyant qu'il n'a aucune chance (ce qui est assez fréquent).
- Test réalisé sur un iPad Air 2.
Points forts
- De nombreuses armes différentes
- La possibilité de personnaliser son vaisseau
Points faibles
- Des parties trop courtes qui en font un jeu répétitif
- Un matchmaking complètement déséquilibré
- Des graphismes plus que moyens
- Des missions qui s'avèrent toutes identiques malgré un effort de scénarisation
- Des sessions de jeu régulièrement interrompues par des crashs intempestifs
Partant d'une bonne idée en proposant un univers post-apocalyptique original avec des duels entre deux vaisseaux qui traversent des paysages hostiles, Sandstorm: Pirate Wars ne séduit pas, la faute à un ensemble inabouti et un manque d'inspiration. D'une part, l'histoire scénarisée n'a que peu d'intérêt puisque toutes les parties se ressemblent malgré des objectifs différents, ce qui rend forcément le jeu répétitif. D'autre part, le multijoueur qui pourrait apporter un certain dynamisme souffre d'un très mauvais équilibrage puisqu'il est rare de se retrouver face à un adversaire du même niveau. D'une manière générale, les nombreuses options de personnalisation du vaisseau et l'importance dans le choix des armes constituent le point fort du jeu, mais cela n'est pas suffisant pour compenser tous les défauts évoqués. L'immersion est notamment rompue par des parties bien trop courtes et des graphismes peu soignés.