Dans l'univers de la simulation sportive, le football, le basket-ball et les sports américains règnent en maîtres. Face à des mastodontes comme FIFA ou encore NBA 2K, il paraît difficile de se faire une place. Au lieu de se confronter à ces géants, certains éditeurs et développeurs choisissent une autre approche, en s'intéressant à d'autres disciplines. Depuis quelques années, le rugby et le handball tentent de se frayer un passage et les résultats sont, pour l'instant, assez perfectibles pour ne pas dire plus. Pour Handball 16, Bigben Interactive s'est associé au studio parisien Eko Software afin d'amener ce sport sur nos consoles et PC. La petite équipe française a été obligé de faire avec des moyens limités et on ne peut que saluer son courage. Malheureusement, le miracle n'a pas eu lieu....
Sorti dans l'anonymat le plus total, Handball 16 fait partie de ces titres qu'il faut parfois demander aux revendeurs, sous peine de repartir bredouille. De nos jours, réaliser un jeu de sport, qui plus est collectif, est un véritable challenge ! Il faut gérer les animations, les routines d'intelligence artificielle, le public, les commentaires, le gameplay et tout ce qui gravite autour des collisions. Dans un sport comme le handball, celles-ci sont très fréquentes et ça demande un vrai travail de fourmi pour éviter les enchevêtrements de polygones, les bugs et les poses improbables. C'est donc un réel pari ! La dernière édition, IHF Handball Challenge 14, a été conçue par une équipe allemande qui manquait d'expérience et de ressources humaines. Bien vite envoyée aux oubliettes, elle a tout de même permis aux fans de la discipline de s'essayer aux parquets virtuels. Avec Handball 16, ceux-là seront ravis de découvrir un jeu plus abouti que son homologue. Mais qu'on se le dise, il reste énormément de chemin à parcourir pour obtenir une simulation digne de ce nom.
Sur les traces des professionnels
En matière de contenu, Handball 16 a le mérite de proposer les grandes licences. On retrouve ainsi les championnats français, allemand ou encore espagnol (une soixantaine d'équipes tout de même !) avec le véritable nom des joueurs. Dès que l'on s'intéresse à des divisions inférieures ou d'autres pays, il faut se contenter du minimum mais l'effort est là et c'est appréciable. On regrette tout de même l'absence de joueuses et de sélections nationales. Côté menu, l'interface a gagné en clarté et plusieurs choix s'offrent au joueur : Carrière, Saison, Match Local et Match en ligne. Comme on peut s'y attendre, c'est dans le mode Carrière que l'on passera la majeure partie du temps en solo. Après avoir créer son handballeur (physique, accessoires...), on participe à des rencontres en seconde division jusqu'à gravir les échelons et améliorer ses capacités athlétiques. Un grand classique, mais c'est un bon moyen pour s'adapter au gameplay assez exigeant du titre, tout en réussissant des défis.
Des relents du passé
Après le naufrage de IHF Handball 14, nous étions en droit d'attendre beaucoup mieux de la réalisation et du gameplay. En l'état, si le gap est palpable, nous sommes à des années-lumière de ce dont sont capables nos machines actuelles. Entre les joueurs méconnaissables et les graphismes d'un autre temps, Handball 16 ne peut vraiment pas s'appuyer sur ses performances techniques. C'est plat, aseptisé au possible et très loin des standards du moment ! Pour retrouver (un peu) le sourire, il faut lancer un match et profiter de quelques animations qui sortent du lot, notamment le tir en extension. Mais dans l'ensemble, c'est un peu comme si on avait pris un jeu du milieu des années 90 et qu'on lui avait appliqué un filtre en haute définition. Les joueurs sont raides (collisions, manque de réalisme...) et on a parfois l'impression de retrouver des jeux comme UEFA Striker sur Dreamcast mais cuisinés à la sauce handball.
À la recherche de l'équilibre
Pour prendre du plaisir avec Handball 16, il faut laisser de côté l'aspect visuel et se concentrer sur son gameplay. Exigeant au départ, celui-ci s'avère expéditif lors des premiers matchs. Même face à des petits adversaires, il est difficile de défendre et de marquer. Et puis, au fil des rencontres, on saisit les quelques subtilités et on se met à profiter des différents shoots et des feintes. Tir à la hanche, roucoulette, kung-fu, lob... on peut vraiment se faire plaisir ! Le jeu avec ballon est très plaisant ! En revanche, c'est nettement moins le cas en phase défensive. On se prend sans arrêt des 2 minutes à cause de collisions mal gérées et les joueurs sont de véritables piquets ! Parmi les anomalies constatées, il faut aussi signaler que les contres se finissent toujours par un ballon qui est récupéré par l'adversaire. Pire, lors d'un arrêt du gardien, vous pouvez être sûrs que la balle ne s'éloignera jamais de sa zone de but ! À croire que le gardien a une télécommande ! Dans les matchs tendus, la frustration est au rendez-vous ! C'est d'autant plus vrai qu'ils sont parfois de vrais remparts, et d'autres fois, de véritables passoirs. Il y a un équilibre à trouver de ce côté-là.
Une tentative manquée
Si certains joueurs parviendront à s'amuser avec Handball 16, les défauts du jeu sont tout de même très persistants. Les matchs finissent par tous se ressembler, faute d'une grande palette d'animations et les commentaires sont dignes des premières simulations sportives en 3D de l'ère 32 bits. C'est répétitif au possible, certains messages ne sont absolument pas le ton et on peine à entrer dans l'ambiance. Pour en rajouter une couche, le public n'est pas bien réactif et l'immersion en prend forcément un coup. Pour autant, il faut souligner que le titre est plus agréable que la dernière version et que la base est intéressante pour les itérations futures. En acquérant plus d'expérience et des moyens humains et matériels, Eko Software peut faire de belles choses dans les années à venir. On est donc optimistes de ce côté-là. Pour l'heure, c'est encore trop bancal pour toucher le plus grand nombre.
Points forts
- Certaines animations sympathiques
- 62 équipes sous licence
Points faibles
- De la PS2 lissée
- Raide
- Mal équilibré
- Réalisé avec trois bouts de ficelle
Si les intentions des développeurs sont palpables, on sent quand même qu'il s'agissait d'un gros défi et que le budget n'a pas été à la hauteur de leurs ambitions. Les graphismes sont totalement dépassés et certains animations sont dignes des Playmobil. Malgré ces tares et le déséquilibre du gameplay, le socle est prometteur pour l'avenir et il faudra s'en servir pour les prochaines versions. Mais pour l'instant, ce n'est pas encore ça. Il faut juste leur laisser un peu de temps. Après tout, Paris ne s'est pas construite en une nuit...