Dans Reus, vous incarnez quatre Dieux, chacun d'entre eux étant responsable d'un biome différent. Parmi eux, on compte le désert, le marais, la forêt et l'océan. Mais si le jeu vous permet de façonner le monde comme bon vous semble, il y a bien une chose que vous ne pouvez contrôler : les êtres humains. Reus vous apprend le pouvoir que peuvent avoir les mutineries et la gourmandise sur le monde, et surtout, les catastrophes qu'elles peuvent produire. Ce petit jeu indépendant de Abbey Games vous mettra aux commandes d'un God-Game où seule la volonté humaine ficèlera la tournure des événements. Plus qu'à espérer que le contrôle de quatre Dieux suffira pour mener à bien votre mission.
LE MONDE DE REUS : DU DÉSERT À L'OCÉAN
Jeu de stratégie comme de simulation, Reus est un God-game paru en mai 2013 développé par Abbey Games. Il met en scène quatre Dieux et une petite planète en deux dimensions, les Dieux représentant votre palette de couleurs et le monde étant votre toile. Chacune des divinités est associée à un biome différent, et possède des capacités distinctes. Le Dieu des montagnes par exemple pourra - comme son nom l'indique - terraformer le sol pour dessiner des montagnes, mais aussi créer des déserts. Il est aussi responsable de la création des minerais. À côté, nous avons le Dieu des Océans, une créature capable d'étendre les mers et de créer des animaux, le Dieu des Forêts, capable de créer des biomes verts et planter des fruits, et enfin, le Dieu des Marais, l'auteur du quatrième biome, mais aussi créateur de plantes et d'animaux.
Au commencement d'une partie, chaque élément que vous ajoutez à un biome est susceptible d'attirer un nomade et donc d'engendrer la création d'une colonie. Parmi ceux-ci, on compte donc les minerais, les végétaux et les animaux. Chacun de ces éléments rapportent des ressources au village. Parmi ces dernières, on retrouve principalement la nourriture, la richesse et la technologie. L'acquisition de ces ressources dans un village lui fait gagner en prospérité, augmente donc sa population et étend ainsi son territoire. La prospérité est donc la ressource la plus importante dans Reus, puisqu'elle évalue en quelques sortes la valeur d'une cité.
Au fil du jeu, les humains créent des projets de construction. Allant de l'école à la taverne et en passant par le grenier, chacun de ces bâtiments requiert l'acquisition d'un certain nombre de ressources en un temps imparti pour être abouti. Il est possible d'utiliser la spécialisation du projet pour le faire évoluer plus vite. Par exemple, la construction d'un grenier requiert 30 unités de nourriture. En sachant que le grenier permet le gain de 15 pommes pour chaque plante se trouvant dans le village, on se rend vite compte que le jeu nous donne les outils nécessaires pour venir à bout des projets le plus rapidement possible. C'est ainsi, en plantant des fruits, en créant des minerais et en donnant naissance à des animaux, que les villages vont évoluer individuellement, à l'aide de vos quatre Dieux bienfaiteurs.
REUS : LORSQUE LES HUMAINS SE REBELLENT
C'est lorsque tout ira pour le mieux que les être humains commenceront à vous embêter. Leurs projets de construction nécessiteront la victoire d'une guerre, voire même la destruction imminente d'une cité voisine. Et si ce n'est pas leurs objectifs qui vous le demandent, ce sera leur gourmandise qui les poussera à attaquer d'eux-même une ville proche en guise de manifestation. La crainte et le danger, deux ressources distinctes, sont deux moyens de faire diminuer la gourmandise des villageois, et ainsi faire diminuer les risques de guerres ou les sauts d'humeur.
À un moment donné, les citoyens seront même capables de se rebeller face à un Dieu. Et oui, car ils savent que vous existez. Malheureusement, réussir à compléter les projets de construction est de loin le moyen le plus pratique pour faire évoluer une cité, même si pour cela il faut en délaisser ou en détruire d'autres. Compléter un projet donnera naissance à un ambassadeur, qui lui, se chargera de débloquer une nouvelle compétence à l'un de vos Dieux.
QUAND LES DIEUX DEVIENNENT DES SUPER DIEUX
C'est donc en favorisant vos cités les plus exigeantes que vous serez en mesure d'évoluer à votre tour, en déverrouillant de nouveaux pouvoirs. Parmi eux, on compte principalement des upgrades permettant d'améliorer vos plantes, animaux et minerais. Chaque Dieu compte au total près d'une dizaine de capacités différentes, comprenant entre 2 et 4 pouvoirs débloqués au commencement d'une partie. Outre les créations d'éléments et les upgrades, on trouve aussi des attaques, permettant généralement de détruire des cités ou des territoires si besoin est. Ou plutôt... si les humains vous le demandent.
Outre les infrastructures construites par les humains et les pouvoirs déblocables par les géants, une autre caractéristique du jeu prolongera la durée de vie de vos parties : les développements. Ces derniers ne sont autres que des exploits, des achievements à proprement parler, notamment mis en avant dans les modes de jeu à limite de temps. Ceux-ci vous mettent au défi d'accomplir le plus d'exploits possibles dans un temps imparti, le premier débutant à 30 minutes. Autant vous dire que si toutefois vous vous aventurez dans une partie libre, il vous sera difficile de la prolonger au-delà de 4-5 heures. En effet, s'il vous faut près d'une dizaine d'heures pour faire le tour du jeu, il vous en faudra une quinzaine pour décortiquer les upgrades et les exploits... ce qui, pour un god-game de cette envergure, est plutôt satisfaisant. Cependant, la faible diversité de modes de jeu donnera un sacré coup à la rejouabilité au-delà des chiffres évoqués ci-dessus. Reus a beau disposer d'un système de développements intéressant et qui pousse souvent à la persévérance, l'absence de mods, d'extentions ou même d'un mode multijoueur se ressent lorsqu'on commence à prendre en main les mécaniques répétitives du God-Game. Planter, améliorer, agrandir... vous comprendrez vite que les principaux secrets du jeu se cachent dans les upgrades déblocables au fil des niveaux.
REUS ET SON GAMEPLAY AUX PETITS OIGNONS
Ce qui fait le charme de Reus, c'est sa patte artistique. Ses dessins comparables à ceux de The Binding of Isaac, ses musiques exotiques toutefois discrètes qui nous emmènent dans leur monde, ses bruitages dignes d'un dessin animé... Reus sort du lot grâce à l'identité qu'il s'est forgé. Démontrant une simplicité remarquable, le God-Game d'Abbey Games dispose d'un gameplay facile à prendre en main grâce à un tutoriel très complet et pour le moins jouissif. Malgré tout, on regrettera l'absence de traductions puisque le jeu n'est disponible qu'en anglais. Un vocabulaire simple malgré tout, ou simplifié par des mécaniques de jeu très intuitives qui vous feront toujours comprendre ce que vous êtes supposé faire.
Points forts
- Calme, coloré, immersif
- Jolie patte artistique
- Interaction entre les colonies...
- Nombreux pouvoirs
- Système d'achievements prenant
- Simplicité dans les contrôles
- Interface très bien conçue
- Mise en avant du wiki
Points faibles
- Un peu trop facile
- Un solo, une planète
- ...se résume à des guerres entre cités
- Mécaniques de jeu un peu répétitives
Reus est un bon God-Game. Sans doute l'un des meilleurs depuis la mode de l'indé. Seulement, on regrette un peu ce sentiment d'être coincé sur une planète, avec quatre géants, et des humains pour se taper dessus. On aurait apprécié la présence d'un multijoueur avec des planètes qui collaborent ou rivalisent, ou une personnalisation de planètes nous permettant de modifier le squelette d'une partie, et d'aller au-delà d'un simple globe avec une surface de jeu qui au final est plutôt limitée. Toutefois, Reus est un tout. On reconnaît sa simplicité, son identité, son gameplay prenant et le désir de persévérance qu'il nous procure au travers des exploits à accomplir et des conflits humains à gérer. Outre charmeur et relaxant, le titre d'Abbey Games et son potentiel méritent plus d'attention.