«Je m'appelle Youngho. Je suis au lycée Sehwa. Aujourd'hui, c'est le dernier jour des examens. Pour beaucoup d'entre nous, c'est le Jugement Dernier. ». Par ces innocentes pensées, Youngho ne pouvait être plus juste quant au destin qui l'attend. The Coma : Cutting Class est un jeu indé du studio Sud-Coréen Devespresso Games, et franchement, c'est bien le Jugement Dernier qui nous attend en lieu et place des examens.
Petit état des lieux
Alors si vous n'avez pas manqué l'intro, vous incarnez Youngho, lycéen entrant en classe de seconde dans l'établissement de Sehwa High. Un peu geek sur les bords mais pas vraiment du genre bon élève, vous devrez malgré tout passer vos examens comme l'ensemble de vos camarades.
C'était du moins l'idée d'origine, mais ce fut sans compter sur ce qui attendait le jeune homme. Effectivement, après avoir croisé une jeune femme aussi mystique que charmante voilà que l'on vous annonce le suicide d'un élève du nom de Taehoon. Toutefois vos examens sont étrangement maintenus en dépit de ce drame et voilà l'élève éreinté par une nuit de révisions en train de pioncer sur son pupitre. Sans que cela ne gêne personne à priori, puisque la nuit tombée vous vous réveillez dans votre salle de classe, mais tout seul... Cherchant à comprendre ce qu'il se passe et pourquoi personne ne vous a réveillé, voilà que votre charmante professeure semble à tout prix vouloir planter son cutter au plus profond de vous. Votre seule option étant la fuite, vous ne vous attardez pas en étant uniquement muni de votre lampe torche.
Commençons par le Jugement Premier
The Coma est un jeu de type Survival Horror en 2d élaboré avec le moteur de jeu Unity dans un style comic book. Esthétiquement le jeu est plutôt joli : la patte artistique reste cohérente et maitrisée tout au long de l'aventure, avec des personnages peu nombreux mais plutôt réussis visuellement et des animations sympathiques sans plus. Les dialogues feront place à des petites illustrations façon Visual Novel tout aussi réussies. Basé entièrement sur le principe de fuite, le jeu se présente comme un simple Survival Horror, avec un personnage faible n'ayant pas la possibilité de se défendre. Vos seules options sont de vous soigner et de courir le plus loin possible de votre ancienne prof, ou de vous cacher dans des planques (toilettes ou armoires par exemple). Précisons d'ailleurs d'entrée que le jeu ne possède pas vraiment de « bestiaire », vous devrez tout du long échapper à la bougresse, qui au court du jeu perdra de plus en plus ses traits humains, augmentera en violence et en fréquence d'apparition. Les autres éventuels ennemis seront plutôt vus comme des pièges statiques vous infligeant des dégâts et/ou un état (saignement et poison).
Run For Your Life #YOLO
Bien que présentant un gameplay très simple le jeu le sera beaucoup moins. Si de base un seul ennemi vous pourchasse, celui-ci peut apparaître n'importe où et n'importe quand ! Ajoutez à cela que l'école vous proposera son lot de cul-de-sac et autres portes fermées, vous risquerez donc fortement de devoir charger votre partie plusieurs fois, au début du moins le temps de faire des repérages : dénicher les cachettes, trouver des portes ouvertes/fermées et situer les culs-de-sacs, le premier bâtiment étant à ce niveau moins pervers et plus permissif que les suivants.
Échapper à votre ennemi nécessitera de courir assez longtemps, changer d'étages, de bâtiments ou trouver une cachette s'il n'est pas encore entré dans la même salle (faute de quoi vous serez débusqué et violenté en bonne et due forme). Il vous faudra parfois entrer par une porte dans une salle avant de sortir par une seconde et donc de contourner votre poursuivante : détail amusant, si la prof se trouve dans une salle en vous pistant, vous pourrez l’apercevoir depuis le couloir au travers des vitres et ainsi ne pas avoir la mauvaise surprise de lui foncer droit dessus. Sachant que votre vision est limitée par l'éloignement de la caméra et de la portée de votre torche, mieux vaut user de malice.
Le jeu ne comporte pas de zones sûres autre que la cafétéria (mais pas tout le long du jeu cela dit), elle sera donc votre meilleur repère de fuite à condition de ne pas en être trop éloigné. Et, précision importante, vous ne pouvez pas courir éternellement : votre course sera limitée par votre jauge d'endurance mais celle-ci se révèle généralement être suffisante pour s'échapper. Bien évidemment votre but sera de sortir de l'école, mais vous vous en doutez, cela ne sera pas si simple : la mort sera fréquente, et avec elle son florilège de chargements. Notez que vous ne pouvez que sauvegarder en certains lieux précis, notamment via quelques tableaux dans les salles de classe, mais une fois encore cela ne vous garantit pas un lieu sûr à la différence d'un Silent Hill ou Resident Evil par exemple.
Stress-test garantit avec 100% de traces de freinage visibles
Maintenant que vous connaissez le principe de base du jeu passons aux autres éléments qui font son intérêt : The Coma vous demandera donc de trouver des clefs, passages et autres mécanismes à travers les couloirs nouvellement hantés du lycée, mais vous trouverez aussi énormément de notes à propos des différentes personnalités de l'établissement ainsi que les écrits des autres élèves.
Plus vous avancerez plus ils seront inquiétants, et d'ailleurs l'établissement lui même deviendra plus glauque avec plus de sang, cadavres et autres saletés biologiques poussant partout. Si vous avez déjà vu des œuvres traitant de l'horreur psychologique, le scénario vous plaira sûrement sans forcément vous surprendre, et comme souvent plus vous approchez des tréfonds de l'âme plus l'ambiance sera oppressante, que ce soit le visuel, les écrits ou encore les sons.
En vous rappelant que vous êtes harcelé par cette chère madame la professeure, vous aurez de quoi stresser, en particulier quand vous savez qu'il y a un cul-de-sac par ici mais qu'il y a aussi un truc à chercher par là-bas. Et nous arrivons d'ailleurs à un parti-pris du jeu qui en sera le principal probléme : celui-ci ne se met JAMAIS en pause !
Ce que cela signifie ? Et bien tout simplement que si l'envie vous prend de lire un dialogue ou une note, ou que vous consultez carte comme inventaire, vous pouvez vous faire attaquer par la Miss, vous obligeant à rapidement passer le dialogue pour pouvoir fuir. Alors je vous garantis que le stress de ce jeu est extrême, mais je pense sincèrement que c’est une mauvaise idée que d'avoir procédé ainsi. Si cela se cantonnait à la carte/notes de notre bouquin ou l'inventaire cela serait moins gênant, même si du coup vous ne reporteriez pas certaines notes dans votre calepin.
Et il y a beaucoup d'écrits intéressants tout le long du jeu qui participent à l'approfondissement du background et à son ambiance horrifique, mais soyez en sûr, après 10 minutes de jeux vous y réfléchissez à deux fois en lisant ces notes, en particulier quand vous savez qu'il y a une voie sans issue au bout. Alors on doit « rusher » ces textes (secondaires il est vrai) comme notre personnage le ferait ce qui rend la chose réaliste, mais devoir « speeder » la lecture n'est pas agréable. C'est d'autant plus vrai à la fin du jeu qui arrive très rapidement, où les pièges seront nombreux, les voies sans issues aussi et surtout votre stalker en titre sera plus fréquente que jamais.
Mangez au moins 3 paquets de chips et hamburgers par jour
En parlant d'inventaire, celui-ci se présente en deux parties distinctes : un compartiment « objets importants » et un « consommables » en plus de votre carnet de notes trouvées un peu partout. Vous obtiendrez ces consommables en farfouillant dans tous les recoins ou en les achetant dans des distributeurs via l'argent trouvé ça et là, et pourrez donc regagner vie et endurance ou encore soigner certaines altérations d'état comme le poison. Pour ce dernier point j'ai parlé plus haut de « pièges ». Effectivement au fur et à mesure que vous avancerez, certains élèves légèrement déshumanisés attendront votre passage pour vous attaquer en vous infligeant un état qui vous privera de points de vies, que vous ne regagnerez qu'en vous soignant. Pour les esquiver il faudra soit courir soit attendre qu'ils disparaissent d'eux-même. Cela semble facile dit comme ça mais ils sont parfois bien cachés, et courir tout le temps n'est pas recommandé du fait de la barre d'endurance limitée, en plus de vous rendre plus facilement repérable. Bien évidemment vous aurez aussi une carte mais qui n'annotera pas les portes fermées ou cul-de-sac, obligeant de ce fait le joueur à retenir par cœur la dispositions des couloirs ou des salles visitées. « Ce fut court, mais assez éprouvant pour revoir ma vie 3-4 fois dans les détails » - un joueur exténué
On ne le répètera jamais assez, ce jeu sera très éprouvant : votre fuite vous semblera par moment sans fin, dans la mesure où l'attaque survient sans crier gare. En plus de ça les musiques sont sympathiques dans le genre (bien que classiques), toutefois d’autres sont plus vicieuses car inquiétantes et mêlées de bruits stressants. Quand votre assaillante se pointera, vous entendrez d'ailleurs un bruit et une musique particulière qui ne cessera que si vous la semez. Il vous faudra aussi faire attention aux bruitages lors de vos fuites afin de déterminer la position de votre poursuivante. Pas de voix narratives, notons toutefois que le jeu est disponible en français, quelques légères fautes seront visibles mais l'ensemble reste correct et crédible.
Le scénario quant à lui est attrayant, un peu classique si vous êtes habitués aux théories dans les œuvres traitant de l'esprit humain, mais bien amené quand même. Les personnages sont bien développés et intéressants, bien que l'on aurait aimé en savoir plus sur des personnes citées fréquemment dans les notes récupérées au cours de l'aventure. Ces dernières participent grandement à l'intérêt du jeu car elles vous permettront d'en savoir plus sur les personnages et sur ce qu'il se passe réellement, elles développent de manière intelligente le background et vous permettront de débloquer quelques bonus d'artworks dans le menu principal.
Concernant la durée de vie... comptez 5 à 6 heures pour accéder à l'une des multiples fins, qui arrive d'ailleurs plutôt brusquement. Ce n'est donc pas énorme, toutefois vous aurez quelques légers changements lors d'une nouvelle partie comme des vêtements alternatifs pour certains personnages. De plus il y a quelques choix à faire durant le jeu qui vous permettront de débloquer là aussi quelques bonus et différentes fins (au moins quatre il semblerait). Des fins laissant d'ailleurs présager une éventuelle suite, cependant n'y voyez pas là un jeu non fini de type « jeu en kit » car le jeu se clôture de manière réussie.
Le Jugement Final
The Coma : Cutting Class est donc un jeu plutôt court mais intense, très stressant et intéressant, à l'esthétique soignée et à l'ambiance tant sonore que visuelle réussie et malgré tout très glauque. On notera la version française bienvenue mais on déplorera le clavier qwerty et la non possibilité de changer les touches (pensez donc à passer en clavier anglais pour vous faciliter les choses). Pas de support manette pour le moment non plus. On regrettera aussi l'absence de pause lors de certaines (nombreuses) lectures bien que ce soit à priori une volonté des développeurs. Malgré ses défauts le jeu mérite largement le détour car il fait ce qu'on attend principalement d'un survival horror psychologique de survie : un scénario travaillé, un stress intense et des fuites mouvementées.
Points forts
- les bruitages
- l'ambiance générale
- l'histoire et différentes fins
- le stress ressenti qu'on attend de ce genre de jeu
- la localisation FR !
- les petit bonus façon artbook à débloquer
Points faibles
- pas de pause donc faites vous massacrer en tentant de finir certains de vos dialogues
- pas de remap des touches ni manette à l'heure actuelle, passage en clavier qwerty recommandé
- une fin déboulant un peu brutalement (on aurait aimé voir certains personnages nommés fréquemment)
- quelques apparitions parfois abusives : descendez un escalier, paf ! Inesquivable, vous morflez
- durée de vie un peu courte (5-6 heures première partie)
Amateur de survie et d'horreur ne vous laissez pas influencer par le style comic/cartoon du jeu, The Coma : Cutting Class fait flipper. Son principe est simple mais sa réalisation est globalement maitrisée, ce qui vous offrira quelques heures de grand stress en arpentant les couloirs du lycée Sehwa poursuivie inlassablement par une tueuse maléfique dans un décors glauque et une histoire plutôt fouillée écrite par un studio Sud-Coréen qu'ils conviendra de suivre dorénavant...